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[OFFICE DE LA VIERGE]. [RELIURE AU SEMÉ]
Office de la Vierge Marie à l’usage de l’Eglise Catholique,
Apostolique et Romaine, avec les Vigiles, Pseaumes graduels,
Penitentiaux, & plusieurs prieres & Oraisons.
Paris, Jamet Mettayer, 1586.
In-4, [24], 60, 4 (mal chiffrés), 61-66, 1 (mal chiffré), 67, [5], [68]-141,
6 (mal chiffrés), 142-283 ff., 1 f. bl., [87] ff., [2] ff. [total: 414 feuillets],
texte en latin, impression en rouge et noir, en gros caractères,
gravures en taille-douce, comprenant une vignette au titre et
18 planches (dont une répétée), dont 14 à pleine page; l’une porte
l’excudit de Rabel, une autre (f. 158v) le monogramme ZB;
la vignette de titre, Vierge à l’Enfant, utilise un cuivre qui aparait
au dernier feuillet des Sibyllarum Duodecim Oracula
,
ouvrage publié
la même année par Jean II Rabel.
Reliure de l’époque. Plein maroquin rouge, triple filet d’encadrement, dont
un écarté, semé de fleurs de lis sur les plats avec important décor de
feuillage et tête dorée aux angles. Au centre du premier plat médaillon
de l’Annonciation, et du second, médaillon de la Crucifixion, entourés
d’un monogramme, répété quatre fois de chaque côté et placé dans un
médaillon ovale orné de volutes et annelets, dos lisse orné d’un semé
de fleurs de lis, tête de mort, armes royales de France et devise du roi
Henri III « Spes meus deus» en queue du dos, frise sur les coupes,
lanières d’attache de soie, tranches dorées (deux mors supérieurs
restaurés et infime réparation à deux coins, quelques épidermures).
Dimensions: 205 x 285 mm.
Magnifique reliure parisienne. Première émission, sans la mention « De
par le commandement du Roy » au titre. Exemplaire très grand de marges.
Cet Office de la Vierge Marie a été relié au chiffre complexe de la
Congrégation royale des Pénitents de l’Association Notre-Dame, fondée
par Henri III. La dernière partie de son règne voit en effet un grand
mouvement de renouveau spirituel et de ferveur religieuse. Henri III
est lui-même touché par ce courant, influencé par son directeur de
conscience le jésuite Emond Auger. Le roi fonde quatre confréries
pieuses en moins de deux ans, la première étant la Congrégation
royale des Pénitents de l’Association de Notre-Dame, fondée le 20
mars 1583. Elle compte parmi ses membres des proches du roi Henri
III. Ce regain de foi trouve sa traduction également dans l’art de la
reliure (Voir Le Bars, 2006).
D’après H.M. Nixon,
Sixteenth-century Gold-tooled Bookbindings in the
Pierpont Morgan Library
,
New York, 1971, n° 55a (Heures de Nostre
Dame pour la congrégation roiale des Pénitens de l’Annonciation de
Nostre Dame, Paris, Jamet Mettayer, 1583), le monogramme complexe
contient les lettres dont le décryptage proposé par Nixon donne l’intitulé
complet de la congrégation (ACDEGILMNOPRST (?)): « In the corners of
both covers, a complex monogram with the letters ACDEGILMNOPRST
out of which the full title of the Congregation can be made ». La
reliure présente, outre le monogramme, deux médaillons sur les plats.
Sur le plat supérieur une Annonciation et sur le plat inférieur, une
Crucifixion. Au dos trois éléments caractéristiques de ces reliures de
pénitents: le crâne, les armes de France et la devise SPES MEA DEUS.
Paul Culot et Anthony Hobson,
La Reliure en Italie et en France au XVIe
siècle
, Bruxelles, 1991, n° 64: « La présence des armoiries de France
au dos des volumes s’explique par les relations privilégiées qui liaient
les membres de ces confréries de pénitents à leur fondateur; les reliures
frappées à ces armes n’ont toutefois jamais appartenu au roi Henri III ».
Planches: Annonciation (face au fol. 1); Visitation (fol. 20v);
Nativité (fol. 33v); Annonce aux bergers (fol. 38v); Adoration des
mages (fol. 43v); Circoncision (fol. 48v); Fuite en Egypte (fol. 56v);
Couronnement de la Vierge (fol. 63); Résurrection (fol. 68v); David
pénitent (fol. 112v et 123v) - que l’on retrouve dans le
Pseaultier
donné la même année par Mettayer; Marie-Madeleine au pied de la
Croix (fol. 158v); Pentecôte (fol. 171v); Adoration du nom de Dieu (fol.
186v); Saint Jean et l’aigle (fol. 260); Saint Mathieu et l’ange (fol.
a); saint Marc et le lion (fol. d3); Saint Luc et le bœuf (fol. g2v).
Provenance
1. Inscription au titre: « Asseline 1640 ». - 2. Note ou crayon au verso
de la garde face au titre: « Exemplaire ayant fait partie de la collection
du comte de Hoym » - 3. Édouard Rahir, Livres dans de riches reliures,
Paris, 1910 (n° 83, pl. 16). - 4. Bibliothèque du vicomte Couppel du
Lude, vente Paris, 23 novembre 2009, no. 19.
Bibliographie
Boucher, Jacqueline.
Société et mentalités autour de Henri III
, Paris,
Champion, 2007. - Conihout, Isabelle de, Jean-François Maillard
et Guy Poirier (ed.).
Henri III mécène des arts, des sciences et
des lettres
, Paris, 2006. Voir en particulier les contributions de B.
Petey-Girard, « Le mécénat de la parole: l’esthétique spirituelle dans
les oratoires royaux », pp. 170-177; L. Augereau, « Tours, capitale
provisoire du royaume, 1589 », pp. 214-226; F. Le Bars, «Les reliures
de Henri III: essai de typologie», pp. 228-247. -Haquet, Isabelle.
L’Énigme Henri III. Ce que nous révèlent les images
, Nanterre, 2012.
- Le Roux, Nicolas.
La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps
des derniers Valois (vers 1547 - vers 1589)
, Seyssel, Champ Vallon,
2000. - Lepreux, G.
Gallia Typographica ou repertoire biographique
et chronologique de tous les imprimeurs de France.
.. Série
parisienne. Tome I, Paris, Champion, 1911, pp. 382-390. - Mellot,
Jean-Dominique et Elizabeth Queval.
Répertoire d’imprimeurs/
libraires (vers 1500-vers 1810),
Paris, BnF, 2004, p. 398. - Péricaud,
Antoine.
Notice sur Edmond Auger
, Lyon, 1828.- Grivel, M. « Au sieur
Rabel, parangon de la pourtraicture.
Nouvelles recherches sur les
peintres-graveurs de la fin du XVI
e
siècle: l’exemple de Jean Rabel
»,
in
Renaissance en France, renaissance française ? Rome
- Paris,
2009, pp. 243-245
20 000 / 22 000 €
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