les collections aristophil
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INGRES JEAN-DOMINIQUE (1780 - 1867)
L.A.S., Rome 2 mai 1837, au graveur Luigi
CALAMATTA;
4 pages in-4.
4 000 / 5 000 €
Très belle lettre sur la gravure par Calamatta du
Vœu de Louis
XIII
d’Ingres.
Il se réjouit « grandement de votre beau succès dans notre bel
ouvrage: quelle est ma joie de vous voir si haut placé dans l’estime
des vrais et judicieux esprits […] il y a longtemps que je vous pro-
clame le premier de tous et je ris dans ma barbe de me voir si bien
et si glorieusement vengé de ces pousse-clous qui ont dans le tems
méprisé cet ouvrage. Et que ce soit vous mon ami qui leur fassiez
cette terrible niche ? »… Ingres remercie Calamatta d’avoir bien
défendu leurs intérêts communs, mais il se réjouit surtout de voir
que sa réputation est désormais incontestable; il le remercie de la
belle épreuve qu’il lui réserve, tout en multipliant des conseils pour
sa carrière: « qui va piano va sano ». Il aimerait que Calamatta vienne
« encore faire une planche à Rome, […] si ji suis encore. Car si ma
santé continuait à être comme celle d’aujourdhui, je renoncerais et
ce à mon bien grand regret car je tiens beaucoup à terminer mon
Directorat, mais en y travaillant bien entendu car tout est prêt, il n’y a
que l’ouvrier qui manque ». Il ne veut pas de
DELORME
, « un
scelerat
et un ennuyeux ». Il évoque les personnes à qui offrir des épreuves:
Lazzarini, Pradier, son ami Gilibert à Montauban, le bon docteur
Martinet… Puis il évoque le portrait du comte
MOLÉ:
« m’ayant payé
son portrait plus que nous n’étions convenus il y avait sans doute
compris la gravure », et Ingres reconnaît sa dette envers Calamatta,
avec « des larmes de reconnaissance et de tendresse » de sa femme.
Il évoque le Salon et raille le
Finot
(Delacroix ?): « il n’est pas si facile
d’avoir du style et ce caractère historique dont il faut avoir pour ainsi
dire le sentiment dans le ventre de sa mère, ou du moins l’acquérir
par une foi fervente et une étude constante. Certes que les louanges
des femmes flattent bien plus notre amour-propre et prouvent par
cela même doublement notre sensible reconnaissance; j’admire
comment on a pu sympathiser avec tant de tact et de savoir dire
avec mes idées et mes intentions les plus secrettes, mais que l’on a
de beaucoup embellies: dites donc à Madame
Georges
SAND
, vous
qui avez le bonheur de la voir, que je la remercie sensiblement, et
que je baise sa main qui a bien voulu écrire de si belles choses sur
moi [l’article de G. Sand,
M. Ingres et M. Calamatta
, avait paru dans
Le Monde
du 2 mars]: je m’en réjouis aussi beaucoup pour vous
mon cher ami. Je sais aussi que beaucoup d’autres se sont aussi
occupés du peintre et du graveur dans des termes aussi honorables
qu’obligeans », et il charge Calamatta de les remercier, notamment
DELÉCLUZE
et « le bon papa
BERTIN
»… Il se réjouit que Calamatta
apprécie le « talent du bon
FLANDRIN
. Je lui ai lu votre article il en
est tout heureux, vous, qu’il admire tant. […] Que vous faites bien
de donner un beau pendant à la Joconde dans la Reine d’Aragon.
Bravo, gravez, ne gravez que les
bons
. Cependant, comme j’aime
SCHEFFER
, faites-lui mes sincères complimens de bon souvenir et
que je me réjouis de ses succès »…
provenance
Ancienne collection Édouard Herriot