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les collections aristophil

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INGRES JEAN-DOMINIQUE (1780 - 1867)

L.A.S., [Rome début août 1839], à Luigi

CALAMATTA;

4 pages in-4.

4 000 / 5 000 €

Très belle lettre sur le portrait gravé d’Ingres par Calamatta, la

gravure de son

Apothéose d’Homère

, et sur Franz Liszt.

Il n’a pas au monde « un plus sincère et dévoué ami » que Calamatta,

et son seul regret « c’est d’être

forcé de compter avec vous

»... Sa

femme et lui vont mieux: « C’est toujours elle, ma bonne, mon excel-

lente femme ! À la vue du portrait

admirablement

gravé que vous

avez fait de son Ingres, elle s’est un peu calmée sur la propriété du

dessin, et vous remercie de tout son cœur. Quant à la liste de mes

élèves, je suis assez embarrassé, je ne l’ai pas, et puis beaucoup

ne payront pas »… Il recommande d’en donner aux amis intimes:

Roger, Blondel, Marcotte, Gattaux, Dumond, Orsel, Roger, Varcollier,

Saulnier, Franchet, etc., et de lui en faire passer: « ce portrait est

admiré au possible

par

moi

d’abord et

par tous

, qui me le demande

de tous côtés et les 3 douzaines ne seront pas de trop:

et altro che

Calamatta lo potera fare

! »… Il tient à payer « tout le

matériel

que

cet ouvrage vous a fait dépenser »… Il presse Calamatta de finir sa

gravure du portrait de

MOLÉ

, regrette qu’il ne veuille pas épouser la

sœur de Mercuri, et évoque leur ami

TAUREL

, qui reste à son poste

[Amsterdam] mais qu’il espère voir à Paris, « car je n’irai jamais dans

un pays qui sent la

république

et où par conséquent le peuple n’y

est même qu’

insolent

! »…

Il sera « toujours

heureux et glorieux

d’être gravé par vous », et vou-

drait voir Calamatta graver son

Apothéose d’Homère

et son

Colonna

,

mais il prévoit des difficultés, en particulier la nécessité de modifier le

dessin « d’abord comme

places de figures

et

caractère de figures

, par

conséquent

déterminer

un autre

cadre

et beaucoup plus

grand

, ce

qui en devra faire

la plus grande estampe connue

». Il veut modifier,

ajouter et enlever certains caractères: «

Mon trait fait

, et

arretté

, le

dessin ne pourra donc être fait que par morceaux, d’après le tableau

sur les morceaux qui ne devront subir aucune modification, mais

les autres me devront être soumis à Rome ou à Paris, pour que j’en

termine l’effet, le caractère et le

modelé

». Dans deux mois il pourra

livrer en dessin « le

fond fait

entièrement à l’effet

, et le

trait

et

place

définitive

et du

nombre des figures

» … Il est très déterminé à ne rien

lâcher sur « ce qui me

concerne

dans mon

goût

et mes idées de

Peintre de l’Homère, et parce que naturellement il n’y a que moi

qui sait ce qui comme on dit,

se passe dans mon soulier

», afin que

Calamatta fasse « la plus

belle gravure du siècle

»…

Il termine en disant son bonheur de jouir à Rome de

LISZT

, « ce

grand musicien

» qui a insisté pour qu’Ingres l’accompagne: « J’étois

comme l’agneau sous la protection d’un lion généreux; enfin je suis

enchanté, ravi, non seulement de son admirabilissime talent mais

aussi comme homme très bon, très aimable, très instruit, plein d’esprit

[…]. Sa compagne M

e

d’A

GOULT

nous a charmés par tout ce qu’une

femme du plus grand mérite en savoir et en grâces peut-être. Je

lui ai fait un mauvais portrait dessiné, que par cette raison vous ne

graverez pas. Attendons que j’en aie fait un meilleur »…