f. 67, Présentation au temple ;
f. 71, Fuite en Egypte ;
f. 77, Couronnement de la Vierge ;
f. 82, Christ en gloire et résurrection des morts ;
f. 98, Crucifixion ;
f. 101, Pentecôte ;
f. 141, Trinité ;
f. 142v, Saint-Michel terrassant le dragon ;
f. 142, Saint-Jean-Baptiste ;
f. 143, Saint-Jacques le Majeur ;
f. 143v, Martyr de Saint-Sébastien ;
f. 144, Saint Nicolas ;
f. 144, Saint Antoine ;
f. 145, Sainte Anne à lire à la Vierge ;
f. 146, Sainte Catherine ;
f. 146, Sainte Marguerite ;
f. 147, Sainte Geneviève.
Ces Heures ont été peintes vers 1500/1510, sans doute pour la
donatrice représentée en prière au feuillet 24v : Jeanne Raoulin. Les
miniatures sont de deux mains différentes. L’une se rattache à un
atelier parisien, proche du Maître des Entrées Parisiennes. L’autre
très caractéristique est celle du Maître de Philippe de Gueldre. On
peut lui attribuer avec certitude les 16 petites miniatures et 7 des
grandes : l’Annonciation, la Nativité, l’Annonce faite aux bergers, la
Présentation au temple, le Couronnement de la Vierge, la Crucifixion,
et la donatrice en prière avec saint Jean-Baptiste.
On soulignera le caractère collectif ou du moins l’association
contemporaine de deux artistes dans un même livre d’heures,
reflétant bien la tendance à la multiplicité des intervenants et des
associations possibles entre scribes, enlumineurs, « historieurs »
(décor) et libraires. Pour citer Delaunay : « Cette imbrication donne
aux livres un aspect hétéroclite dont on a peine à comprendre les
liens. Il est néanmoins possible de rassembler des manuscrits au
cours de leur élaboration, par leur texte, leur décor ou leurs artistes
et de restituer ainsi une cohérence à cet immense puzzle » (Delaunay,
2000, vol. 1, p. 311). Le phénomène des associations entre les artistes,
réservé jusqu’alors aux commandes d’exception, s’accroit de manière
évidente dans le livre d’heures dans le dernier quart du XV
e
siècle.
Delaunay avance : « On imagine mal dans ce cas, un commanditaire
en relation avec différents miniaturistes mais plutôt un libraire qui
distribue et assure la cohérence de l’ensemble…Par ces biais, les
nouvelles idées se diffusent aisément » (Delaunay, 2000, vol. 1, p. 312).
Responsable de la majorité des miniatures dans ces Heures, le Maître
de Philippe de Gueldre fut ainsi nommé d’après une
Vie du Christ
(Lyon, BM, MS 1525) de Ludolphe de Saxe peinte en 1506 pour la
duchesse de Lorraine Philippe de Gueldre, seconde femme de René
II, duc de Lorraine, décédée en 1547 (voir Plummer, 1982). L’artiste
semble avoir été très en vue dans les milieux de cour, actif à Paris
d’environ 1495 à environ 1510. Il a peint notamment pour le roi Louis
XII l’
Anabase
traduite de Xénophon et travailla pour le premier ministre
le
cardinal
Georges d’Amboise. Il travailla également pour le libraire
Antoine Vérard collaborant pour celui-ci à de nombreux ouvrages tant
imprimés que manuscrits dont certains destinés à Louise de Savoie,
mère de François Ier (voir Winn, 1984, pp. 608-610; Avril and Reynaud,
1993, p. 281). Sa manière se reconnaît à ses visages ronds, aux yeux
étonnés, au court nez retroussé, à la bouche minuscule souvent
entrouverte, à la chevelure appliquée en casque. On retrouve dans
tous ses ouvrages la même facture précise et le même dessin très fin
des visages repris du bout d’un pinceau un peu tremblé. Il est surtout
remarquable par l’intensité de son coloris, dont les bleus foncés et
violents sont très particuliers, alliés à beaucoup de vert, du rouge
presque grenat hachuré d’or, et de l’or liquide en quantité pour les
vêtements ou les architectures d’encadrement. (voir les contributions
de Nicole Reynaud, dans Avril, François et N. Reynaud,
Les manuscrits
à peinture en France 1440 – 1520,
Paris, 1993, pp. 278 -281).
Le Maître de Philippe de Gueldre gagnerait à être mieux étudié,
notamment dans ces livres d’heures peints en collaboration avec
d’autres ateliers, comme c’est le cas ici.
bibliographie
Avril, F. et N. Reynaud.
Les manuscrits à peintures en France, 1440-
1520
, Paris, 1993.
Delaunay, Isabelle.
Échanges artistiques entre livres d’heures manus-
crits et imprimés produits à Paris (1480-1500)
, thèse de doctorat,
Université de Paris IV-Sorbonne, 2000, t. I-III.
Winn, M.-B. “Books for a Princess and Her Son, Louise de Savoie,
François d’Angoulême and the Parisian Libraire Antoine Vérard”, in
Bibliothèque d’Humanisme et de Renaissance
, 46 (1984), pp. 603-617.
Plummer, J. with the assistance of G. Clark,
The Last Flowering: French
Painting in Manuscripts 1420-1530 from American Collections
, New
York and London, 1982.
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origine(s)




