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4

fille artificielle. Croyez-moi que ce serait la solution de ma vie ». Quant à

L’Ève future

de

V

illiers

de

l

’I

sle

-A

dam

, il ne la connaît que

depuis 1942 ou 1941 ; ce serait le plus aisé à illustrer, mais les deux livres sont dans le commerce, alors qu’

Anton Reiser

de

M

oritz

est

« à peu près inconnu en France. Il est un

monument psychologique

de premier ordre. Le seul mouvement c’est que sa structure (forme,

composition) est loin de présenter le fonctionnement machinal presque des écrits de

S

ade

, c.à.d. une forme très ordonnée.

Anton Reiser

est un “Roman autobiographique” selon le sous-titre ; – en réalité, c’est plutôt une autobiographie »... Il faudrait aussi se mettre en

rapport avec l’héritier de Maurice Heine, et tâter le terrain auprès de Georges

B

ataille

. Il s’interroge : « si je faisais les textes moi-même ?

Mais où prendre le temps ? J’en ai à peine pour terminer l’

Anatomie

texte et dessins. Je vais écrire un de ces jours à Éluard. Car, seul,

avec ces 10 clichés en couleurs, les éditeurs me ficheraient à la porte. Seghers va publier l’avis à son public que je lui ai demandé à

insérer. – Est-ce que les premiers volumes de votre série

l’Âge d’or

ont parus ? Est-ce que vous avez déjà l’un ou l’autre volume de votre

série “Les Classiques du Surréalisme” en préparation ?

 »...

5.

Hans BELLMER

. L.A.S., Revel 15 août 1945, à son ami l’éditeur Henri

P

arisot

 ; 3 pages in-4 remplies d’une petite

écriture sur papier fin rose.

1 000/1 200

P

rojet

d

édition

des

J

eux

de

la

P

oupée

[ce livre

« 

illustré de textes de Paul Éluard », et avec des photographies de Bellmer, paraîtra

en 1949, aux Éditions Premières].

« Vous voyez ce cochon de

Z

ervos

 ! Je ne lâche pas ces dessins ! [...] Je lui écrirai dès que cela sera

opportun. Qu’en pensez-vous ? – De toute façon : il y a parmi ces 13 dessins des choses – qui sont parmi mes meilleures. Je ne les

lâche pas »... Il le prie de lui envoyer la maquette des

Jeux de la Poupée

que Zervos lui a rendue. « Quant à vos photos de Poupée, cela

évidemment est loin de représenter la série telle que je compte à le publier. Mais l’une ou l’autre me sera précieuse pour la reproduction,

parce que probablement elle sera introuvable ailleurs. [...] Vous me dites qu’une amie à vous Simonne

L

amblin

serait prête à éditer les

Jeux de la Poupée

. Est-ce que c’est un nouvel éditeur ? Est-ce que des livres sont déjà sortis ? Naturellement cela m’intéresse, vous pensez

bien ! Mais il y a des considérations, qui sont de première et d’absolue importance. 1) 

Les Jeux de la Poupée

ne peuvent pas s’éditer

indépendamment de

l’Anatomie de l’Inconscient physique – ou l’Anatomie de l’Image

. C’est

E

luard

qui m’a proposé de faire un ensemble

de ces deux choses dont une se relie logiquement à l’autre, et dont l’autre – l’Anatomie – est le prolongement naturel des

Jeux de la

Poupée

. [...] 2)

En tout cas les photos doivent être reproduites en couleurs

. Si pour l’éditeur c’est une question du “goût” – je le convaincrai

du contraire.

Les photos sans couleur ne disent rien !

[...] 3) Je me réserverais le droit de diriger la typographie, la mise en page et le

vêtement extérieur des deux volumes »... Il revient à des questions concernant les « Classiques du Surréalisme » :

Anton Reiser

,

L’Ève

future

, et

En rade

, qui « 

serait très important

. Dites-moi également si vous voulez que je m’occupe de l’Auto-Père pour “les 4 Vents” »...

Il réclame des renseignements pour les éditions. Quant à Georges

B

ataille

, « évitez de dire qu’il s’agirait de faire un texte

pour

mes

dessins. – Ce n’est pas cela ! Il s’agirait de faire un texte au sujet de la mineure – et si cela lui dirait quelque chose de le faire comme si

c’était écrit par une mineure, je veux dire : avec sa mentalité. Ce serait un essai de simulation comme un autre »...

6.

Hans BELLMER

. L.A.S., Dimanche [Castres 1946 ?, à Joe

B

ousquet

] ; 2 pages ¾ in-4 remplies d’une petite écriture sur

papier fin jaune.

1 200/1 500

I

mportante

lettre

sur

son œuvre

,

et

la

place

de

la

P

oupée

dans

le

surréalisme

.

« C’est la troisième fois que je fais un essai pour vous écrire. – Quand je suis avec vous je suis moi. C’est pour cela que j’ai toujours

tant de peine de m’en aller : je me quitte moi-même ; et quand j’erre comme une âme en peine à Castres, c’est que je rôde autour de ma

vie absente. – Je ne vous donne plus des détails déplaisants, mais il suffit de dire que ma “femme” continue cette guerre infâme où tous

les moyens lui sont bons. – Vous avez eu l’immense gentillesse de me dire que cela vous plairait d’écrire à mon sujet. Cela m’aiderait

de retrouver ma vie. Je serais heureux de nouveau et j’oublierais tout sauf mon travail »... Il aimerait lui parler de son enfance, de sa

mère, de lui-même, de [sa fille] Doriane, mais d’abord, de sa « situation dans le Surréalisme. Avant tout, il faudrait que je vous fasse

parvenir ce que j’ai ici comme échantillons de mes choses essentielles. 1) Le premier volume de la

Poupée

. 2) Les photos en couleurs de

la deuxième série (

Les Jeux de la Poupée

). 3) La série de dessins dont on m’enverra prochainement des épreuves. 4) Les dessins (peut-être)

qui me paraîtraient importants. 5) Quant à l’

Anatomie

, je copierai encore l’un ou l’autre chapitre pour vous »... Il distingue nettement

deux lignes, chez lui : – l’une représentée par « les choses de la

Poupée

et par l’

Anatomie

. C’est le côté “ingénieur” égaré, qui tout en

étant

anti-artistique à fond

arrive à des expressions et des solutions poétiques essentielles », – et l’autre par ses dessins et quelques

tableaux, « où

l’automatisme

de la main, le jeu graphique, même une certaine musique de la forme, prédomine, où l’automatisme pur

et le naturalisme poussé s’interpénètrent réciproquement »... Ce qu’il croit avoir fait de plus important, c’est « d’avoir introduit dans

le monde réel (monde des arbres, des escaliers, des nuages etc.) l’objet – expression – création – du désir, de la rêverie. D’avoir forcé le

mariage entre l’objet-création-du-moi et l’objet du monde extérieur (du non-moi) et que ce mariage est réel, objectif, photographiable, à

trois dimensions et non seulement imaginé et exprimé (peint ou dessiné). D’avoir créé la possibilité (et c’est essentiel) d’en faire comme

une méthode expérimentale qui aime plutôt son propre prolongement, la

suite

, qui ne s’arrête pas à “la solution”. Un objet comme la

Poupée est comme une baguette divinatoire qui, sans vie, approche à tout hasard ; et oblige soudain, le hasard étant bien disposé, l’arbre

ou le fauteuil d’avouer ses contenus. [...]

l’alliage

“poupée-arbre” ou “femme-fauteuil” dégagent cette révélation et cette intensification

que nous éprouvons devant l’image poétique [...]. Je crois, en somme, que la Poupée joue un rôle à part dans le cadre de l’objet surréaliste.

Elle n’est pas un objet surréaliste proprement dit. L’une ou l’autre de ces compositions de membres est évidemment un objet surréaliste,

une solution en elle-même. [...] Mais c’est accidentel. Son vrai sens ne se révèle que dans ses rencontres avec les objets du monde

extérieur. [...] Il y a sans doute chez moi une très grande distance, perpétuellement parcourue entre ce qui

individualiste

au maximum et

une volonté d’

objectivité dépersonnalisée

. – Je n’ai pas assez de recul pour pouvoir dire où cela me place en comparaison avec les autres

peintres surréalistes. – Il y en a qui disent que je représente

l’érotisme

dans le Surréalisme. Mais dans un sens Dali le représente aussi

bien. Et le goût du choc, du scandaleux, je ne suis pas seul à l’avoir »...