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les collections aristophil
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DUKAS PAUL (1865-1935).
L.A.S., 23 août 1915, à Erik SATIE ; 2 pages in-8.
600 / 800 €
Lettre inédite au sujet de ses démarches pour venir en aide à Satie
.
[Paul Dukas avait sollicité l’aide financière du sous-secrétariat des
Beaux-Arts pour obtenir un secours, et de l’Œuvre fraternelle aux
Artistes présidée par le pianiste Alfred Cortot, visant à secourir les
musiciens nécessiteux.]
« J’écris à Cortot en même temps qu’à vous. Je lui demande de vous
indiquer lui-même le jour et l’heure où vous pourrez le rencontrer
rue de Valois. Après ce travail préparatoire de l’artillerie lourde vous
pourrez lancer l’infanterie sans la plus légère hésitation. Je n’ai reçu
des Beaux-Arts aucune réponse jusqu’ici. Est-ce récemment qu’ils
vous ont octroyé ce que vous me dites ou antérieurement à ma
demande ? Il serait important de le savoir ». Et il ajoute, utilisant la
métaphore musicale pour commenter la situation militaire : « Les
Russes orchestrent mal depuis quelque temps ne trouvez-vous pas ?
C’était pourtant leur fort. Souhaitons qu’ils se ressaisissent et lâchent
leurs effets de
glissando
»…
On joint
une enveloppe autographe de Florent SCHMITT adressée
à Erik Satie à Arcueil-Cachan, [5.IX.1915].
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DUPARC HENRI (1848-1933).
MANUSCRIT MUSICAL autographe signé,
Extase
; titre et
2 pages in-fol. d’un bifolium.
2 500 / 3 000 €
Belle mélodie pour voix et piano
.
Mélodie sur une poésie d’Henri CAZALIS (Jean Lahor) : « Sur un lys
pâle mon cœur dort »...
En ré, à 3/4, elle porte en tête l’indication
Lent et calme
et compte
48 mesures.
Composée en 1878, révisée en 1884, elle a été publiée chez Baudoux
en 1894. Elle est dédiée « À Monsieur Camille Benoit » (1851-1923),
compositeur et musicologue, élève de César Franck, comme Duparc,
et grand wagnérien.
La première audition en fut donnée à la Société Nationale par Leclère
le 25 mars 1882. Duparc en élaborera une version avec orchestre.
Avec un titre différent et une variante de texte,
Extase
emprunte son
texte au premier des deux
Nocturnes
des
Chants de l’amour et de
la mort
, première suite poétique du recueil
L’Illusion
publié en 1875
sous le pseudonyme de Jean Lahor par le médecin et poète Henri
Cazalis (1840-1909).
« Sur un lys pâle mon cœur dort D’un sommeil doux comme la mort...
Mort exquise, mort parfumée Du souffle de la bien-aimée. Sur ton
sein pâle mon cœur dort D’un sommeil doux comme la mort... »
Vincent d’Indy, dans ses
Cours de composition,
soulignait la « char-
mante impression de rêve » de cette « rêverie poétique », composée,
selon Pierre de Bréville, « en style de
Tristan
». Cette mélodie, à
l’atmosphère très wagnérienne, est une pure merveille.
Envoi autographe sur la page de titre : « À mon cher ami H. Lerolle
et à ses ciels, son admirateur H. Duparc ». [Le peintre, collectionneur
et mélomane Henry LEROLLE (1848-1929) s’entoura d’artistes et écri-
vains parmi les plus novateurs de son époque, comme Edgar Degas,
Maurice Denis, Stéphane Mallarmé, Claude Monet, Gustave Moreau
ou Auguste Renoir. Violoniste amateur de valeur, il put s’initier à la
musique grâce à sa femme Madeleine, née Escudier, dont la sœur
avait épousé Ernest Chausson ; il devint un ami très cher de Debussy.
Les éditions musicales Rouart, Lerolle et Cie, dirigées par son frère
Jacques Lerolle et par Alexis Rouart, rééditèrent les mélodies de
Duparc vers 1908.]
Discographie
: François Le Roux, Jeff Cohen (REM, 1987).