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110

les collections aristophil

1185

MESSIAEN OLIVIER (1908-1992).

MANUSCRIT MUSICAL autographe signé,

L’Ascension

,

quatre méditations symphoniques pour orchestre

(1934). ;

cahier de 54 pages in-fol., couverture brune, dos toilé

(marges renforcées au ruban adhésif ou papier fort collé ;

cachets encre de l’éditeur).

50 000 / 60 000 €

Partition d’orchestre de

L’Ascension

, une des premières grandes

œuvres symphoniques de Messiaen.

Commencé à Paris en mai 1932 et achevé en juillet à Neussargues

(Cantal), et orchestré de mai à juillet 1933 à Monaco, ce cycle de

quatre méditations symphoniques,

L’Ascension

, fut ensuite transcrit et

adapté pour orgue dans l’été 1933 ; la version pour orgue fut publiée

en novembre 1934 aux éditions Alphonse Leduc, et créée par Mes-

siaen le 29 janvier 1935 en l’église Saint-Antoine des Quinze-Vingts ;

quelques jours plus tard, la version orchestrale fut créée le 9 février

1935 aux Concerts Siohan, salle Rameau, sous la direction de Robert

SIOHAN ; la partition n’en fut publiée qu’en juin 1948 chez Alphonse

Leduc. Messiaen a avoué sa préférence pour la version orchestrale,

souvent jouée, qui contribua fortement à la renommée du compositeur.

Le manuscrit est à l’encre noire sur papier à 28 lignes ; il présente

de nombreuses corrections, avec des grattages et des collettes, et

quelques versos biffés ; il a servi de conducteur et est annoté au

crayon bleu/rouge ; il porte les cachets de la Sacem en date du 13

mars 1935. Chacun des quatre mouvements est précédé d’une page

de titre, avec une citation sacrée en exergue ; à la fin de chaque

mouvement, Messiaen a noté au crayon : « seul texte annoté exact

de ce morceau dans 2

es

épreuves ».

I.

Majesté du Christ demandant sa gloire à son Père

. « Père, l’heure

est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie (Prière sacerdo-

tale du Christ, Évangile selon Saint Jean) ».

Très lent et majestueux

(4

pages, chiffrées 5-8). « C’est un choral de cuivres, qui met en évidence

la noblesse et la force des trompettes », commentera Messiaen.

II.

Alléluias sereins d’une âme qui désire le Ciel

. « Nous vous en

supplions, ô Dieu, … faites que nous habitions aux cieux en esprit.

(Messe de l’Ascension) ».

Bien modéré, clair

(11 pages, chiffrées 10-20).

Messiaen a commenté ce mouvement : « Refrains et couplets se

suivent, dans un style alléluiatique désincarné, dont les neumes sont

plus libres encore que ceux du plain-chant. On y entend surtout le 3

e

mode à transpositions limitées dans ses 2

e

et 3

e

transpositions (gris

et mauve avec un peu de jaune pâle – et puis bleu et vert). Le cor

anglais et le hautbois solo alternent sous les arabesques de la flûte.

La dernière variation du refrain s’accompagne d’accords trillés et de

sons harmoniques glissés, en poudroiement de lumière ».

III.

Alléluia sur la trompette, alléluia sur la cymbale

. « Le Seigneur est

monté au son de la trompette... Nations, frappez toutes des mains ;

célébrez Dieu par des cris d’allégresse ! (Psaume 46) ».

Vif et joyeux

(33 pages, chiffrées 22-54). « Après un long développement sur le

thème des trompettes et son augmentation fortissimo par le

tutti

,

les applaudissements célestes se transforment en danse de joie, en

un mode où dominent le rouge, le violet, et la pourpre violacée », a

commenté Messiaen.

IV.

Prière du Christ montant vers son Père

. « Père,... j’ai manifesté ton

nom aux hommes... Voilà que je ne suis plus dans le monde ; mais

eux sont dans le monde, et moi je viens à toi. (Prière sacerdotale du

Christ, évangile selon Saint Jean). »

Extrêmement lent, ému et solennel

(3 pages, chiffrées 56-58). Messiaen en a donné ce commentaire :

« Bien plus que de la montée corporelle vers les hauteurs, il s’agit ici

de l’entrée du Seigneur ressuscité dans la “lumière inaccessible” du

Père. Les cordes seules, le mouvement très lent, le caractère hié-

ratique, l’extrême dépouillement du langage, les couleurs modales,

leur fixation dans une “sixte sensible” immuable, et même l’élévation

apparente de cet accord qui ne change pas : tout cela ne peut rien

exprimer d’un sujet inexprimable, sinon l’adoration ».

Bibliographie

: Peter Hill et Nigel Simeone,

Olivier Messiaen

(Fayard,

2008), p. 76-79.

Discographie

: Marius Constant, Orchestre philharmonique de

l’ORTF (Erato 1988).