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18-B

rumaire

.

Barère a parfois déguisé son écriture et envoyé certaines lettres par un intermédiaire sûr à Paris : Jean-

Pierre Marmouget, officier de santé, le citoyen Poujade, marchand fourreur, la citoyenne Fumey. Demerville a été

directeur de l’hospice militaire au Gros Caillou, à Paris, puis attaché au service du payeur général de l’armée française

en Suisse, à Berne. Nous ne pouvons donner qu’un rapide aperçu de cette riche correspondance.

Barère parle de sa maîtresse, Sophie

D

emailly

(« elle est tout pour moi »), de commissions, de sa famille qui le déçoit,

et de la grande fidélité qui l’attache à Méniquette, son « frère d’adoption ». Il rumine ses propres malheurs : « jamais

je ne survivrai à quitter un pays que j’aime, que j’ai servi de bonne foi et de touttes mes forces. Qu’on me fasse mourir

plutôt que de m’expatrier. […] J’ai bien souffert pour ma patrie et pour la Convention. Enfin elle triomphe de tous

ses ennemis et nous aurons bientôt la paix générale » (31 mai 1795)… Il envoie sous couvert de son collègue Jean-

Pierre

P

icqué

des pièces à remettre à son avoué, espère que les avocats concilieront tout, écrit à

B

arras

(

« quoi ? moi

qui verserais tout mon sang pour la défense de la Constitution actuelle voulue par le peuple, moi qui ne cesse de

célébrer le courage et les actes sages du Directoire Exécutif qui arme si efficacement la patrie, je n’y trouverai point

d’apuy, quand je ne demande que le triste bienfait de la loi du 4 brumaire », 5 février 1796)… Il craint que son ami

ne soit dupe de ses ennemis, et réitère des conseils de prudence, surtout à l’égard de ceux qui paraissent revenir

vers lui. « La lacheté des hommes et leur injustice m’indigne souvent. Souvent je suis tenté d’aller me faire berger

dans les vallées les plus reculées, et je sens que tot ou tard je remplirai cette destinée si les homes persistent à

regarder la vertu et le patriotisme comme un vain nom » (20 avril 1796)… Il dénonce les royalistes et les anarchistes

qui perturbent le gouvernement et le peuple, et fait allusion aux victoires des Armées d’Italie et du Rhin… Il s’inquiète

de l’avenir professionnel de son ami, multiplie des instructions pour des libraires, la vente de biens, des transferts

d’argent… « Le républicain sait souffrir, et suporter patiament le silence de la justice. Voici le moment heureux où la

paix va redonner a la république la prospérité et le bonheur tant desirés. Ce sera l’epoque des loix sages et surtout

egales pour tous les citoyens. Il est impossible, que la république victorieuse et dictant la paix a l’Europe, voit ou

les ses enfans & ses défenseurs dans l’infortune », aussi signe-t-il l’autorisation de retirer des bureaux des ministères

ou du Directoire, ses « 

pétitions oubliées si longtemps !

 »… Après les législatives d’avril 1797, qui le virent nommer

aux Cinq-Cents (élection annulée en mai), il croit le temps de la justice venu : « il ne retrogradera pas au gré de mes

assassins et de mes proscripteurs. Ils peuvent continuer à se deshonorer par de nouvelles injustices envers moi ; mais

à coup sur je ne me deshonorerai pas »… Il doit au peuple de respecter sa confiance et sa souveraineté, malgré sa

propre absence d’ambition, et il désavoue toute démission ou démarche en ce sens, les lois sont pour tous : diatribe

contre son collègue

O

zun

, « un lache & un méchant » (4 mai 1797)… Arguments constitutionnels, analyse des décrets

le concernant personnellement… Question de son prochain refuge… Il faut réclamer justice pour lui, mais attendre

que le ministre le dise expressément ; même les chouans et les forts royalistes sont d’accord ; après le 9 Thermidor on

fit rentrer tous les hors-la-loi, sauf lui : Saladin, André Dumont, Boissy d’Anglas, Dumolard, etc. Que son ami aille voir

Salicetti, Garnier de Saintes, Quinette, Jean De Bry, Lacombe Saint-Michel, Levallois de Saintes, etc. Commentaires

sur le 18 Fructidor, « à jamais mémorable pour les républicains ». L’affaire des députés de Saint-Domingue lui donne

de l’espoir pour la sienne, mais il s’afflige de voir s’éloigner de lui la justice… On rencontre les noms d’autres hommes

politiques tels que Danton, Boulay de la Meurthe, Armand-Gaston Camus, Jean-Bertrand Féraud, François Lamarque,

et ceux de l’homme de lettres Delisle de Sales, de l’éditeur Dominique Galatoire, des généraux Dumouriez, Jourdan

et Pichegru, etc.

O

n

joint

22 L.A. ou L.A.S. (parfois de pseudonymes) de Demerville à Jean-Pierre Barère (frère du conventionnel), à

Tarbes, 1795-1797.

364.

Bertrand BARÈRE DE VIEUZAC

. 4 L.A.S. et 2 L.A., 1796-1837 ; 9 pages et quart in-4 et 1 page in-8, la

plupart avec adresse (qqs petits défauts).

300/400

[Bordeaux] 9 nivôse V (29 décembre 1796)

, au citoyen Dominique

G

alatoire

, négociant à Paris. Il se réjouit de recevoir

signe de vie de l’amie généreuse et fidèle dont il n’osait demander si elle existait. « C’est d’elle que je tiens de si

douces consolations : c’est Elle qui me donna le beau buste de Rousseau que je te recommande et que tu pourras

envoyer chez moi

bien embalé

, s’il y a des occasions sures. […] Il y a des momens de silence où je me crois abandonné

de tous, et alors je ne vis plus que dans les illusions de l’avenir »… Il ne hait aucun de ses parents, le bien de la famille

l’occupe plus que les petites passions… « Nous avons mélé nos destinées, et il m’est impossible à moins d’etre au

tombeau de t’oublier. Mais je souffre de ne pas te savoir placé »…

Paris 12 pluviôse VIII (1

er

février 1800)

, à

G

audin

,

ministre des Finances, le priant de faire au Consulat le rapport de sa pétition : « Elle est de nature urgente, et vous aviés

bien voulu me promettre il y a deux decades d’en faire incessament le raport »…

15 frimaire XIV (6 décembre 1805)

,

à son frère Jean-Pierre

B

arère

, conseiller de préfecture à Tarbes, au sujet d’une lettre de change souscrite à Jeanbon-

Saint-André, préfet de Mayenne, et d’une intervention du général Dembarrère auprès du général Bellavène…

5 janvier

1808

, au même. Affaires familiales, et envoi de livres à leur sœur…

Tarbes 2 février 1835

, à M.

G

enetet

, membre de

plusieurs sociétés savantes, pour avoir s’il survient quelque vacance de pension littéraire, « comme celle de M. Perceval

Grandmaison […], vous devez connaître des libraires éditeurs qui ayent de la probité et des moyens de commerce

typographique »…

Tarbes 24 décembre 1837

, pour présenter sa pétition au ministre de la Justice, « 

formalité

que je

dois remplir au commencement de chaque année »…