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209 LEAUTAUD (Paul) (1872-1956).

Manuscrit autographe, 1937, 6p.1/2 environ in-8° au dos de papiers du mercure de France assemblés en

accordéon. Fragment de son journal relatif essentiellement à son ami l’écrivain Henri Bachelin (1879-1941).

21 Août

: visite de Bachelin à Léautaud qui

lui raconte cent petites histoires dont celle de Jules Bertaut qui s’est fait payer un repas complet alors qu’il est un fonctionnaire bien appointé de

l’assistance publique, ayant fait un riche mariage. Bachelin a trouvé le portrait de Léautaud par Emile Bernard très ressemblant ; il gémit beaucoup sur

la dureté des temps, ses pertes de collaboration, son existence de gêne…ce qu’il a pu gagner avec sa littérature : cent mille francs !... ils sont loin

naturellement…« Madame perdrix » (épouse de Bachelin) avec son emploi au crédit lyonnais, apportait sa part… »

27 août

: il a reçu une lettre de

Bachelin qui a toujours eu la maladie de la persécution et la manie de mettre ses déboires son manque de réussite, sur le compte des autres, ilt se plaint

longuement de sa situation ;

29 août

: a passé l’après midi chez Bachelin et a fait la connaissance de Madame Perdrix qui est affreuse à voir…elle parle

peu et parait avoir du bon sens. Bachelin est inquiet de mourir avant elle et de la laisser sans ressources. Il parait vraiment y avoir entre eux une grande

affection… ; nouvelles lamentations de Bachelin...

400/500 €

210 LEAUTAUD (Paul) (1872-1956).

5 L.A.S. à « Mon cher ami » (

Maurice Garçon

), du 6 mars 1938 au 10 mars 1944,

6p.in

-8°, 3 en-têtes du

Mercure de France.

Mars 38

: Léautaud lui demande secours et appui à propos de Mme veuve C. qui est sa légataire universelle et qui s’occupera de sa petite famille

d’animaux ;

octobre 41

: « …Vous travaillez, vous écrivez…C’est encore le meilleur moyen d’échapper aux circonstances que nous traversons. On est

toujours sauvé quand on a quelque chose dans la vie. C’est très gentil de m’avoir envoyé votre petit livre sur Huysmans. C’est un curieux écrivain, c’était

un curieux bonhomme, l’un et l’autre qui m’ont été fort antipathiques…Paul Valéry l’admirait et était de ses intimes, comme j’ai bien failli connaitre

également, toujours par Valéry, Mallarmé…je n’ai que peu de regret…je ne suis pas du tout par terre de ma mise à la porte du Mercure…je sais que le

directeur Jacques Bernard n’a pas très bonne presse…pour son procédé à mon égard… » ;

décembre 1941

: il a reçu et lu son petit volume « pris par

le sujet. Il m’a fort intéressé (juridiquement) et fort amusé (spirituellement). Quand j’aurai un procès en diffamation…je vous le confierai… » ;

décembre

1942

: Léautaud remercie Garçon de lui avoir fait part du décès de Pierre Dufay « il me plaisait beaucoup et j’avais pour lui une très cordiale sympathie.

Il a eu la mort des vieux hommes qui vivent seuls et qu’on retrouve un matin sans vie dans leur lit… Vous avez écrit une chose très bien, très fidèle à son

souvenir…» ;

mars 1944

: Il lui rappelle la façon dont Jacques Bernard l’a privé d’une des ses plus vives ressources en le privant de son emploi au

Mercure, il ne l’a pas convoqué à l’assemblée des actionnaires, de plus « Les poètes d’aujourd’hui » en 3 volumes sont épuisés et Bernard ne parait pas

s’occuper d’une réimpression.

400/500 €

211 LEAUTAUD (Paul) (1872-1956)

. 4 L.A.S. à

Maurice Garçon

, du 10 janvier 1947 au 10 août 1947,

7p.in-

8°, enveloppe.

Les lettres sont relatives au journal de Bachelin que son épouse a remis à maitre Garçon afin de le faire publier :

10 janvier 47

: Léautaud remercie Garçon de son livre et le félicite pour son élection à l’académie, il espère qu’il est allé sur la tombe de son père pour

dire « Ca y est, papa, j’en suis » ;

29 juillet 47

: A propos du journal de Bachelin confié par sa veuve à Garçon : « …un oiseau rare tel que vous me pa-

raissez l’être dans tout le contenu de votre lettre, c’est-à-dire muet sur votre mission, fidèle au texte, le gardant secret jusqu’au bon à tirer…je garde et

garderai absolument pour moi la connaissance de votre possession de ces papiers et de la mission qui vous a été confiée… » il lui conseille de se méfier

de Mme Bachelin comme de toutes les veuves : il a eu quelques algarades de sa part car il connaissait l’existence du journal de Bachelin, ce qu’elle

niait. Puis « Vous devez tout publier, au complet, dans les termes mêmes (Bachelin n’étant plus là pour les supprimer…même s’il est des passages gros-

siers (Bachelin en était plein dans sa conversation et à l’égard des gens) une seule réserve…la vie privée, je n’ai rien à vous apprendre sur ce point…

C’était un peu une brute, doublé d’un complet ivrogne, mais un être franc, honnête, probe, jusqu’au côté farouche. C’est à lui et à lui seul que vous devez

penser… » Puis il lui raconte les difficultés de Bachelin lorsqu’il a édité le journal de Jules Renard : Mme Renard a tronqué le journal d’un bon tiers et

l‘a mis au feu. Les veuves d’écrivains « réunissent en double la trahison féminine : vivante et posthume. Il n’y a encore aujourd’hui qu’un seul exemple

conjugal et filial du respect absolu d’une œuvre littéraire : la famille Renan… » ;

4 août 1947

: Il s’excuse de son écriture : il n’a plus que 20% de vue et

l‘encre est de très mauvaise qualité. Il pense qu’on peut avoir toute confiance en Mme Bachelin grâce à son excellente idée d’avoir remis le manuscrit

à Garçon et d’avoir révélée sa fidélité à la mémoire et aux écrits de son mari. «Nous avons enfin une veuve à ne pas ranger dans les « veuves abusives

». Puis il évoque Bachelin ;

10 août 1947

: Il le rassure à propos du journal de Bachelin, quant au journal de Garçon il espère qu’il ne pense pas à le

mettre au feu : « Dans tout journal il y a du mauvais, du passable, de l’entre deux, de l’inutile, et toujours de l’excellent. Il n’y a que les « journaux intimes

» qui sont souvent très assommants, par la description des « états d’âme » de l’auteur. Quand on est un écrivain de faits, de tableaux et de circonstances

extérieurs à soi on est toujours intéressant…Les journaux, les mémoires, les correspondances sont les seuls écrits qui survivent… ».

Joint photo de

3p.in-

8° du journal de Bachelin.

500/600 €

212 LEAUTAUD (Paul) (1872-1956)

. 5 L.A.S. à

Maurice Garçon

, du 31 juillet 1950 au 1 avril 1954, 5p.1/2 in-8°, enveloppe.

31 juillet 1950

: « J’ai été émerveillé par la façon dont vous vous êtes débrouillé dans les dessous du second procès Hardy et que vous en avez tiré parti.

Egalement pour cette affaire pendant l’occupation à Poitiers, de ce docteur Garnier…assassiné par quatre jeunes gens, dont l’un était venir le quérir pour

un prétendu malade…ces assassinats, ces appels à l’assassinat, pendant l’occupation, pour divergence d’opinion politique…sont abominables… » ;

31 octobre

1950

: Léautaud a reçu le petit volume sur le nouveau procès Hardy…Quelle affaire, quelle histoire, que de dessous…de complications, de témoignages

repris et modifiés… de dérobades, que d’apparences ayant l’aspect de vérités, et l’inverse !...et vous en avez tiré la lumière ! c’est merveilleux, et je vous

considère…comme un as pour de bon…et vous avez crié : Vive la Paraît … » ;

19 juillet 1953

: Léautaud lui fait part de ses ennuis avec sa nouvelle

propriétaire à propos d’une nouvelle grille qui empiète sur son terrain de 3m. « Il paraît que si je résiste, on me ferait un procès. Je suis dans

ma 82° année. Je suis à moitié aveugle, d’une circulation laborieuse…J’ai beaucoup à travailler. J’ai besoin de tranquillité, par nécessité et par

goût…. » ;

avril 1954

: félicitations pour l’article du monde : « Philosophie d’un procès » : « style, vocabulaire, français parfait, (ce qui aujourd’hui ne court

plus les rues)… ».

400/500 €

21 juin 2019 40 Pescheteau-Badin