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Il lui renvoie son manuscrit : « Vous trouverez, en ouvrant le premier volume, dans la couverture, une liste des mots que je n’ai pas
compris ou sur lesquels j’ai des doutes. Vous voudrez bien, à vos loisirs, y ajouter
un mot d’explication, aussi bref qu’il vous plaira,
car mon habitude de glossateur supplée à toute longue définition [...] Je crois que vous ferez bien de rétablir les o à la fin de vos mots
féminins et de supprimer les r des infinitifs, afin de ne pas trop isoler votre dialecte des autres dialectes du midi »...
On joint
2 L.A.S. à M
iesienski
, photographe à Avignon, au sujet de ses photographies ; le 20 mars 1907, en provençal, il lui conseille d’en
tirer une carte postale, qui se vendrait comme du poivre au Museon Arlaten.
353.
Henry MONNIER
(1799-1877). Feuillet de dessins originaux à la mine de plomb, signé et daté en bas à droite, 29 mars 1827 ; 13 x
17 cm, contrecollé.
200/250 €
Double portrait d’hommes de la Renaissance, en fraise ; profil d’un personnage à barbiche de la même époque ; portrait d’un contemporain
à favoris épais.
O
n
joint
une page de carnet d’Henri D
ecaisne
: projet pour la
Mort de Louis XIII
, représentant Anne d’Autriche et ses enfants, et un
officier.
354.
Anne-Pierre de MONTESQUIOU-FEZENSAC
(1739-1798) général de la Révolution, il conquit la Savoie et le Comté de Nice.
M
anuscrit
en partie autographe,
Appel a la Nation
, 1795 ; 91 pages in-4, soit 47 pages par un secrétaire avec de nombreuses et
importantes corrections et additions autographes, puis 44 pages entièrement autographes.
800/1 000 €
T
rès
importante
analyse
de
la
R
évolution
intitulée
Appel à la Nation françoise de tout ce qui a été fait en son nom depuis le 9 aoust
1792
, dont nous ne pouvons donner ici qu’un bref aperçu. Montesquiou veut, dans ce mémoire sur la souveraineté populaire, montrer à
la Nation, au nom de la liberté, « le piège du Despotisme dans lequel elle s’abime, parce que des mains adroites l’ont couvert de fleurs ;
c’est a l’objet de son culte, a la vraie liberté que je veux la ramener pour qu’elle cesse d’en encenser l’ombre ». Il affirme que si la base
de toute institution est la volonté des peuples, cette vérité élémentaire a pu être détournée par des hommes ambitieux ou pervers et
devenir « le préambule des massacres qu’ordonnaient R
obespierre
et M
arat
»... Et il se livre à une longue analyse de la Constitution de
1791 et des événements qui découlèrent du 10 août 1792. Pour lui, une des lois les plus importantes était « celle qui fixait les facultés
nécessaires pour pouvoir exercer la souveraineté », et qui observait « la conservation du plus précieux des droits nationaux, celui de ne
jamais voir une volonté partielle usurper les droits de la volonté générale ». La Constitution de 1791 s’appuyait avec sagesse sur la royauté
constitutionnelle, « rempart opposé au despotisme du corps [...] des représentans », et sur la représentation législative, « digue contre
les abus du pouvoir royal »... Mais est arrivé le 10 août 1792, et les pouvoirs de l’Assemblée législative « ont été détruits au même instant
ou la royauté a cessé d’être libre ». Montesquiou stigmatise la faction jacobine, accuse notamment Chabot et Bazire de conjuration,
évoque les massacres de septembre, et demande aux Français s’ils ont jamais eu l’intention de confier le pouvoir « a vos portefaix, a vos
bucherons, aux échapéz des galères, aux ilotes de toutes les classes, et d’en exclure les proprietaires, les hommes eclairéz, les hommes
intéressez a la prosperité publique ? ». Il appelle avec véhémence le peuple à désavouer les assassins du Roi, de la Reine et d’un million
de citoyens, tous les maux de la France étant dus à la réunion du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif au sein de la Convention. La
chute de Robespierre n’a rien changé et « l’edifice elevé par le crime subsiste dans son entier ». Il faut donc revenir à la Constitution de
1791 et placer un régent constitutionnel à la tête de l’état, car « la democratie, ce Zenith de la liberté, ouvre une carriere sans bornes a
tout homme assez astucieux pour capter la faveur populaire », tel Robespierre qui a dominé seul 25 millions d’hommes. Montesquiou
reprend alors ses explications sur l’illégalité de la Convention et dénonce les abus liés aux mots Liberté et Egalité qui ont conduit à la
Terreur. Il supplie le peuple de ne pas se faire l’exécuteur des dernières volontés du monstre Robespierre, et de rétablir la séparation
absolument nécessaire entre les deux pouvoirs, l’exécutif et le législatif. Si la monarchie devait ne pas être restaurée, il faudrait alors la
remplacer par un Sénat « composé d’un nombre égal de membres par département, élus [...] par toutes les assemblées primaires de ces
départemens », avec un président qui, premier magistrat de la République, assurerait l’exécution rapide des délibérations : c’est « le seul
préservatif que l’interêt public puisse indiquer contre les décrets dictez par une faction dominante, ou par l’enthousiasme d’une nation
ausi légere que la nôtre »... Après avoir rappelé comment en 1789 des têtes philosophiques se sont malheureusement persuadées que
l’on pouvait gouverner les hommes avec des préceptes et la seule raison, le texte se clôt sur les conditions préconisées par Montesquiou
pour la composition du Sénat : des hommes entre 40 et 60 ans, ayant été deux fois élus à des places administratives, avec un minimum et
un maximum de fortune. Il conclut : « Telles sont les conditions qui peuvent rendre cette institution solidement utile, grande, imposante,
et également redoutable pour les deux genres de despotisme, qu’apres tant d’exemples déplorables nous devons au moins également
redouter ».
355.
Henry de MONTHERLANT
(1895-1972). Manuscrit en partie autographe,
Interview Schaeffer
, [février 1965] ; 6 pages et demie
in-4 sur un questionnaire dactylographié.
150/200 €
Réponses à un questionnaire
de Maryse S
chaeffer
pour le magazine
Elle
, sur Montherlant, son œuvre, les femmes, etc. «
Aimez-vous
notre époque ?
Tous les littérateurs écrivent contre leur époque. [...]
Quel est votre auteur favori ? Pourquoi ?
Sénèque. Il donne des
conseils adaptés à la vie de tous les jours »… Il ne regrette pas de ne pas s’être marié, et repousse une question sur le regret de ne pas
avoir eu d’enfants, de fils surtout : « J’ai 35 enfants naturels, dont 32 fils. À sotte question, sotte réponse. » À la question
Qu’est-ce
qu’une femme pour vous ?
: « Ce qu’elle est, je suppose, pour tous les hommes. Drôle de question. Et pour vous qu’est-ce que c’est
qu’un hippopotame ? » Il répond avec laconisme aux questions sur ses personnages féminins et sur la place de la femme dans la société
contemporaine… Plus 2 l.a.s. de Maryse Schaeffer (28 janvier et 4 février 1965), avec une page de notes autographes de Montherlant au
verso : « La misogynie née en 1942. Jamais été question avant. [...] la femme voit s’ouvrir devant elle un monde dont elle est exclue ; je
pense qu’elle est assez désorientée »...
On joint
2 L.A.S., 10 et 24 septembre 1959 (3 p. in-8). Sur
Fils de personne
, qui appartient au répertoire de la Comédie Française et qu’il
hésite à reprendre : « le personnage de Georges irritait déjà le public à la reprise de 1949 ; il a de la rigueur, ce que hait, plus encore
aujourd’hui, le peuple français »... Il caresse l’idée de se retourner à Alger « où j’ai passé trois ans en 1930-1932, y étant très heureux »,
mais sa santé ne le lui permet pas pour l’instant...