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253. REDON (Odilon). L

ETTRE

AUTOGRAPHE

SIGNÉE

À

G

ENEVIÈVE

M

ALLARMÉ

, datée

4 février 1899,

Paris

, 1 page et demie in-12 (177 x 113 mm),

sous chemise demi-maroquin bleu moderne.

700 / 1 000 €

S

UR

UN

PROJET

AVORTÉ

D

ÉDITION

DES

P

OÉSIES

DE

M

ALLARMÉ

.

C’est par Huysmans que Mallarmé avait fait, en 1884, la

connaissance d’Odilon Redon. Il s’ensuivit une solide

amitié, le peintre et le poète s’admirant mutuellement.

Redon exécuta même des lithographies pour illustrer

Un coup de dés

que comptait publier Vollard, mais cette

édition ne parut pas. Après la mort de Mallarmé, Redon fut

contacté par la fille du poète, peu satisfaite du retard de

l’édition belge des

Poésies

chez Deman, prévue depuis

1891 et qui ne sortira qu’en janvier 1899, illustrée d’une

gravure de Félicien Rops. Au tout début 1899, Geneviève

Mallarmé écrivit à divers artistes amis de son père (Degas,

Whistler, Renoir, Redon, etc.), afin de leur demander des

illustrations pour une édition de luxe française, que devait

publier Fasquelle. Malgré le succès de la souscription en

juin 1899, le projet sera définitivement abandonné au

printemps 1900, à cause des protestations de Deman (voir

Poésies

, éd. C. P. Barbier et G. Millan, Flammarion, 1983,

p. 759-762). Des annonces parues alors dans la presse

attestent que cette édition rivale devait être illustrée par,

entre autres, un dessin de Redon.

De sa minuscule écriture, Redon répond à la fille de

Mallarmé, qui l’avait prié de donner une œuvre de lui pour

illustrer l’édition Fasquelle en préparation :

Je donnerai

avec beaucoup de piété un dessin pour orner le livre de

poésies de mon illustre ami. Vous pouvez compter sur moi

et pour le moment que vous m’indiquez.

Il pense aussi

pouvoir lui procurer

quelques souscripteurs et vous

demanderai pour eux la faveur de les inscrire et

ajoute :

Ari, qui deviendra trop sage, vous embrasse.

Il s’agit d’Ari

Redon, fils du peintre et dont Geneviève Mallarmé était la

marraine.

254. VLAMINCK (Maurice de). L

ETTRE AUTOGRAPHE

SIGNÉE

À

F

RANCIS

C

ARCO

, datée

le 10 juin 1919

,

5 pages in-12 (174 x 106 mm), sous chemise

demi-maroquin bleu moderne.

1 200 / 1 500 €

V

LAMINCK

S

INSURGE

CONTRE

LE CUBISME

.

Très intéressé par la peinture moderne, et ami de nombreux

peintres, Carco publiera en 1921, à la N.R.F., une

monographie sur Vlaminck, alors déjà très connu. Deux ans

auparavant, journaliste critique d’art, il avait eu l’occasion

de l’interroger à propos d’une enquête sur la nouvelle

peinture française. Nous avons ici la réponse de Vlaminck,

à la fois virulente et paradoxale, il en profite pour exprimer

son opinion — très personnelle — sur bien des sujets, peut-

être pour se moquer de ce genre d’enquêtes.

Vous me demandez ce que je pense du mouvement qui

s’opère dans la “jeune peinture française” et à quelle

œuvre je travaille ? Je vais faire mon possible pour vous

satisfaire ?

Je ne vais jamais au musée. J’en fuis l’odeur,

la monotonie et la sévérité. J’y retrouve les colères de mon

grand-père quand je faisais l’école buissonnière. Je ne vais

jamais au cimetière et j’ouvre rarement le tiroir aux vieux

souvenirs. Plus que jamais je m’efforce de peindre avec

mon cœur et mes reins en ne

[me]

préoccuppant

[sic]

pas

du style… Je ne demande jamais à un ami de qu’elle façon

[sic]

il aime sa femme pour aimer la mienne ni qu’elle

femme je dois aimer et je ne m’occupe jamais comment on

aimait les femmes en 1801

[…]

Le style “à priori” comme

cubisme, le roubisme etc. etc. me laisse indifférent je ne

suis pas modiste, ni docteur ni scientifique

[…]

L’uniforme

cubiste est pour moi très militariste et vous savez combien

je suis peu “genre soldat”. La caserne me rend

neurasthénique et la discipline cubiste me rappelle ces

paroles de mon père : — Le régiment te fera du bien ! ça

te dressera le caractère !!! — Je déteste le mot “classique”

dans le sens où le public l’emploie. Les fous me font

peur

[…]

La peinture, mon cher Carco, c’est bien plus

difficile et bien plus bête que tout ça !

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