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les collections aristophil
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COCTEAU JEAN
7 MANUSCRITS autographes, [pour
Discours du grand
sommeil
, 1915-1918]
; 13 pages in-4.
3 000 / 4 000 €
Manuscrits de travail présentant de très nombreuses variantes
inédites
.
Discours du grand sommeil
est une suite poétique qui se compose
d’un prologue, du long poème qui porte ce titre et de dix poèmes
séparés qui tournent autour du même thème. Resté inédit, il fut
publié en 1924 dans
Poésie 1916-1923
(Éditions de la Nouvelle Revue
Française). Il est directement issu de la guerre, et dicté par la mort du
jeune poète Jean Le Roy (à qui il est dédié) et des fusiliers-marins de
Nieuport, décimés le lendemain du départ de Cocteau du front
; la
poésie y est confrontation avec la Mort, les pirouettes verbales n’étant
qu’exercices de funambulisme dont la virtuosité masque la gravité
et le danger. Cocteau a commencé à y travailler sur le front dès la
fin de 1915, mais la longue élaboration se poursuivra jusqu’en 1918
;
ces brouillons, abondamment travaillés avec d’importantes variantes,
portent un témoignage précieux de cette difficile genèse poétique.
L’ensemble comprend les manuscrits suivants
:
* l’épigraphe (1
p.), plus développée que dans l’édition
: «
Traduit
de quoi
? De cette langue morte, de ce pays où mes amis sont
morts. Quelquefois le traducteur a plus de chance. Il retrouve des
rythmes, des rimes. Quelquefois il se contente de traduire fidèlement.
Quelquefois il se livre sur une bague d’aluminium aux ciselures du
plus mauvais goût
».
*
L’Enfant du Nord
(publié sous le titre
Ballade de l’enfant du Nord
;
4 p.), presque complet avec de nombreuses variantes et corrections)
:
« Comme l’éclair le tir des pièces
De Marine un grand liseron
pâle aux vitres
la chambre bouge
»…
* [
Ode à la pipe
] (1
p. abondamment raturée et corrigée), élaborant
la fin du poème
: « Ah
! Vierges pour vous apaiser
»…
* [
Tour du secteur calme
] (1
p. abondamment raturée et corrigée),
dont on a ici 7 strophes
:
« Au poste d’observation de marine
on collait son œil comme à un porte plume
Pour voir l’église en relief
»…
* [
Délivrance des âmes
] (1 p. abondamment raturée et corrigée), pour
le travail d’une quinzaine de strophes, sur la mort de Jean Stolz
:
« Comme le nez du lièvre bouge
Bouge la vie et tout à coup
Ne bouge plus
! Un sang rouge
Coule du nez sur le cou
nu des empereurs romains
»…
* [
Désespoir du Nord
] (2 p.), avec la strophe « Un bateau d’enfant
»….
;
trois versions successivement biffées de la strophe
: «
Je suis seul
dans un autre monde que moi
»…
; et au verso, deux versions biffées
d’une strophe non retenue
: «
Je perce votre mystère
/ Nos marins
ont quitté l’eau
»…
* [
L’Adieu aux fusiliers marins
] (3 p.), élaboration très corrigée des dix
dernières strophes du poème
:
« Un chien passe l’œil au ciel
Il porte dans sa bouche grave
la pipe de son brigadier
qui marche derrière lui
»…
jusqu’au vers final
: « Adieu marins, naïfs adorateurs du vent
».