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les collections aristophil

LITTÉRATURE

531

MUSSET (Alfred de)

Correspondance autographe signée à Alfred Tattet.

1834-1847.

Grand in-4 (30 x 22,7 cm), reliure janséniste, maroquin

bordeaux, dos à nerfs, doublures de maroquin bleu

marine, gardes de soie moirée rouge, tranches dorées

(Huser).

12 000 / 15 000 €

72 p. de formats différents montées sur des feuillets de papier vélin.

Importante correspondance autographe adressée à Alfred Tattet

(1809-1856), l’ami intime de Musset, qui recevait chez lui tout le

cénacle romantique.

Ensemble de 49 lettres autographes signées :

- 39 L. A. S. et une L. A. d’Alfred de Musset (1834-1847) (une non signée).

- 6 lettres autographes signées de George Sand (1834-1838).

- 3 lettres autographes signées de Pietro Pagello, en italien. (1834).

Cette correspondance éclaire la relation de Musset avec George Sand,

leur aventure vénitienne, leur séparation et le désespoir de Musset. Les

premières lettres remontent au séjour de George Sand et Alfred de

Musset à Venise (1834) où le poète souffrait d’une fièvre cérébrale. Une

rupture intervient à l’initiative de Musset. George Sand se divertit alors

quelque temps avec le médecin Pietro Pagello qui soignait Musset.

Le 14 janvier 1835, George Sand expose son éclatante victoire à Tattet

qui avait essayé d’empêcher leur rapprochement :

« Monsieur, il y a

des opérations qui sont fort bien faites et qui font honneur à l’habileté

du chirurgien, mais qui n’empêchent pas la maladie de revenir. En

raison de cette possibilité, Alfred est redevenu mon amant ; comme je

présume qu’il sera bien aise de vous revoir chez moi, je vous engage

à venir dîner avec nous au premier jour de liberté que vous aurez.

Puisse l’oubli que je fais de mon offense ramener l’amitié entre nous ».

Leur liaison ne passa cependant pas l’été 1835. Musset se console

auprès de son ami. Dans une lettre très libre illustrée d’un petit dessin

leste, il se plaît à vanter les mérites des filles d’auberge :

« …Vous ne me

dites seulement pas si vous avez trouvé de jolies Strasbourgeoises…

C’est la seule espèce d’allemandes que je reconnaisse sur la terre… Il

faut, mon ami, s’instruire en voyageant ; si vous ne couchez pas avec

les filles d’auberge, vous ne serez jamais qu’un ignorant […]. La motte

est faite en triangle, il est clair que c’est le symbole de la Divinité. On

me dit que Mme Sd. est à Baden ; si vous la rencontrez dites-lui que

je l’aime de tout mon cœur que c’est encore la femme la plus femme

que j’ai jamais connue, et que je donnerais toutes mes maîtresses au

diable pour être cocu de sa façon. »

(3 (?) août 1835).

Les lettres suivantes témoignent des excès dans lesquels Musset

noya son malheur et contiennent des passages parfois incohérents :

« Dites-moi, mon cher Alfred, jusqu’à quel point mon inconcevable

folie de l’autre jour a gâté vos livres, abîmé le parquet, etc. Je crois

qu’il faudra dire de moi ce que Lepeintre jeune disait si agréablement

de sa servante : cette petite fille est bête comme une oie. Plaisanterie à

part, il y a des moments où je suis fou, non pas saoul, mais réellement

fou - c’est agréable pour mes amis surtout. Écrivez-moi aussi jusqu’à

quel point vous m’en voulez, et tâchez que ce soit le moins possible.

[…] J’ai grâce à Dieu fini mes vers au milieu de ce conflit d’amour, de

vin et de pots-de-chambre. »

(lettre 37).

Très belle réunion.

Infimes frottements sur les plats et coins, traces de pliures, quelques

petites taches brunes, un feuillet d’une lettre détaché, une lettre em-

poussiérée, petites réparations angulaires sur quelques lettres.

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PERRAULT (Charles)

Le Siècle de Louis le Grand.

Paris, Coignard, 1687.

In-4 (25,9 x 20,4 cm), brochage de papier à la colle, étui-

boîte

(reliure de l’époque).

8 000 / 10 000 €

27 p., [1] p.

Édition originale

de ce célèbre panégyrique en vers de Louis XIV.

Précieux exemplaire de présent du duc du Maine

(1670-1736),

fils de Louis XIV et de Madame de Montespan,

avec dédicace

autographe de Perrault

 :

« Pour monseigneur le duc du Maine Par

son tres humble et tres obéissant serviteur. Perrault ».

L’exemplaire

est non rogné et conservé dans son brochage d’attente de l’époque.

Perrault était proche de Louis XIV en tant que contrôleur général de

la Surintendance des bâtiments du roi et membre de l’Académie

française. Le feuillet de titre porte une vignette aux armes du roi.

Cette louange de Louis XIV, dans laquelle Perrault affirme que

l’époque moderne est à la hauteur de l’Antiquité, est le point

culminant de la Querelle des anciens et des modernes. L’exorde

annonce clairement l’ambition de l’ouvrage :

« La belle Antiquité fut

toujours vénérable / Mais je ne crois jamais qu’elle fut adorable

[…] Et l’on peut comparer sans craindre d’être injuste / Le Siècle de

Louis au beau Siècle d’Auguste. »

L’œuvre fit scandale. La fureur de

Boileau et des hellénistes fit écho à celle de La Fontaine ; celui-ci,

pourtant, tout en défendant ses chers Anciens dans son épître à

Huet, de 1693, adoptera une position mesurée, qui, comme celle de

Boileau en 1694, amènera à la réconciliation avec Perrault.

Bel exemplaire non rogné à la provenance très désirable.

Provenance :

Duc du Maine (dédicace).

Bibliographie :

Tchemerzine, IX, 167. Vente Paris, Sotheby’s, 12-13 décembre 2012,

n° 101.

Quelques traces d’usure sur les plats, petits travaux de ver en marge

n’affectant pas le texte, quelques rousseurs. La première ligne de la

dédicace a été repassée à l’encre après avoir été sans doute tachée

d’humidité.