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les collections aristophil

616

JUNG Carl Gustav

(1875-1961).

7 L.A.S. et 12 L.S. « C.G. Jung »,

et 2 MANUSCRITS autographes,

Küsnacht-Zürich

1940-1960, à

Leonore L. FABISCH ; 21 pages in-4

ou in-8 à son en-tête et adresse, 3

enveloppes (fente à la 1

re

lettre) ; en

allemand.

8 000 / 10 000 €

Importante correspondance avec la psy-

chologue et graphologue américaine Leo-

nore L. Fabisch, qui avait fui l’Allemagne

pour l’Amérique

. Nous ne pouvons en

donner ici que quelques extraits.

24 avril 1940

. Jung évoque le grand malaise

avec la question de la psychothérapie pro-

fane ; on ne sait pas comment cette question

pourrait être résolue à l’avenir. Il a toujours

préconisé que les laïcs soient reconnus

comme auxiliaires et reçoivent un statut

approprié. C’est à son avis la seule solution

possible. Cependant, cela signifierait que

les laïcs ne seront autorisés à réaliser cette

activité qu’en s’identifiant par une collabora-

tion avec un médecin. « Es ist natürlich, wie

Sie begreifen werden, immer eine grosse

Misslichkeit mit der Frage der Laien-Psy-

chotherapie. Es ist gar nicht abzusehen wie

diese Frage in der Zukunft gelöst werden

könnte. Ich bin immer dafür eingetreten,

dass Laien als Hilfskräfte anerkannt werden

sollten und dass ihnen ein entsprechender

Status verliehen wird. Es ist m.E. die einzig

mögliche Lösung. Sie werde aber bedeuten,

dass Laien nur dann zur Ausübung dieser

Tätigkeit autorisiert werden, wenn sie sich

über Kollaboration mit einem Arzte ausweisen

können »…

2 avril 1941

, sur la judéité et l’anti-

sémitisme qui posent un problème important.

Personne ne peut en parler intelligemment,

à part pour dire que le monde est une

immense porcherie, qui mérite tout juste

d’exister. D’ailleurs, s’il était à peine pire,

le monde imploserait piteusement à force

de cruauté. En fait, personne ne peut rien

y faire, chacun doit trouver un petit recoin

dans lequel il peut exister plus ou moins

humainement. À plus large échelle, il s’agit

de qui mange qui, et qui est mangé par qui.

Si vous avez un toit, et ne souffrez pas de la

faim, et avez même une ou deux connais-

sances sympathiques, alors vous aurez déjà

atteint ce qui est considéré comme un état

de bonheur. Tout le reste n’est que luxe et

un hasard convenable. Elle doit remercier

chaque jour de ne plus être en Allemagne, ou

quelque part en Europe… « Sie haben recht,

der Jude und der Antisemitismus sind ein

grosses Problem. Es muss wohl so etwas

geben, sonst wär’s ja nicht. Man kann darüber

gar nichts Vernünftiges sagen, ausser dass

die Welt grösstenteils eine Schweinerei ist.

Die Welt ist nur gerade so gut, dass sie eben

gerade existieren kann. Ein bischen weniger

gut, und sie müsste aus lauter Schlechtigkeit

krepieren. Im Grunde genommen kann man

nichts dagegen tun, man kann immer nur

in einem kleinen Winkel irgendwo relativ

menschlich existieren. Im Grossen handelt

es sich aber immer nur ums Fressen und

Gefressen-Werden. Wenn Sie ein Dach

über dem Kopfe haben und genügend zu

Essen und noch eins bis zwei anständige

Bekannte oben drein, so ist allbereits ein

sogenannter Glückszustand erreicht. Alles

andere ist Luxus und verräterischer Zufall.

Sie müssen z.B. jeden Tag dankbar sein,

dass Sie nicht mehr in Deutschland sind,

oder sonstwo in Europa »...

3 août 1946

. Il

comprend qu’elle ne se sente pas chez elle

en Amérique, mais l’Europe est devenue un

Enfer par la folie des Allemands ; les Suisses

ont été épargnés par miracle, mais sont

ainsi devenus une île de culture, un petit

morceau de la culture européenne... « Ich

begreife, dass Sie sich in America nicht recht