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Lettres & Manuscrits autographes

26 mai 2020

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GOUNOD Charles (1818-1893)

L.A.S. « Ch. Gounod », [fin 1867 ?, à son ami

Ernest LEGOUVÉ] ; 4 pages in-8 sur papier

bleu.

Intéressante lettre où il renonce au projet

d’opéra sur

La Reine de Navarre

pour se

consacrer, après

Roméo et Juliette

, à

Fran-

cesca de Rimini

(qu’il abandonnera aussi)

.

Il rapporte « la conversation que j’ai eue avec

l’un des Supérieurs de S

t

Sulpice le jour où j’ai

décidé avec moi-même que je devais renoncer

à poursuivre la carrière ecclésiastique ? –

C’est exactement le pendant de la situation

dans laquelle je me trouve vis-à-vis de la

Reine de Navarre

. – Lorsque je fis part de ma

résolution à mon Supérieur, il me dit et même

me démontra par des arguments irréfutables

que je me trompais : il me le démontra à tel

point que je ne sus rien répondre et qu’après

qq

s

instants du silence auquel sa rhétorique

m’avait réduit je me trouvai à lui dire que ceci :

“Dès que cela fait question, la question est

jugée.” – Et le lendemain, il me dit : “C’est

vrai : – allez !” Eh bien, cher ami, comme

vous je pense qu’en amour (et l’art en est une

des manifestations les plus insaisissables

dans leurs fantaisies) je pense, dis-je, qu’on

ne se décide

par des raisons

pas plus pour

faire une chose que pour ne pas la faire. […]

Nous obéissons, en cela, à des causes qui

échappent à l’analyse de notre raisonnement,

et dont je suis profondément convaincu que

l’influence sur notre organisation est au prix

et en raison de ce mystère même – c’est le

Deus absconditus

– (demandez au Pater

Extaticus !) – Quant à trouver dans ma passion

pour Juliette la cause de mon refroidissement

pour sa rivale, […] je ne crois pas que ce soit

exact. Une fois libre, et dès mes répétitions,

si j’avais dû être repris, je l’aurais été et le

serais en plein à l’heure qu’il est. […] je ne

vois pas, comme vous, que

Francesca

conti-

nue

Juliette

; et plus je médite ce nouveau

sujet, plus je le trouve différent du voisin.

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GOUNOD Charles (1818-1893)

30 L.A.S. « Ch. Gounod », 1876-1885,

à Élise

CHABRIER

; 46 pages in-8 ou in-12.

Charmante et affectueuse correspondance

à Élise, fille d’Ernest Chabrier, que Gounod

appelle sa « chère fille », son « cher amour

d’Élise », son « petit coquin », et à qui il

donne des leçons de piano et de chant

.

Saint-Cloud

23 septembre 1876

: amusante

lettre remerciant de l’envoi d’un lièvre ; Gounod

sollicite le concours d’Élise pour l’exécution

de

Gallia

à l’église de Saint-Cloud.

10 octobre

1877

: il espère venir à Willemain chez les

Chabrier « pourvu que le mariage

VIARDOT

dont je suis témoin ne tombe pas juste sur le

moment dont nous comptons disposer ».

11

mars 1878

: « Voici

3

Mireilles et

Une

Reine

de Saba »…

18 juin 1879

, il souffre d’un lum-

bago très douloureux, et invite Élise à venir

chez lui pour sa leçon.

3 octobre 1879

: il doit

commencer à Anvers les répétitions de son

Festival.

Château de Morainville

9 octobre

1880

: « Me voilà presque au bout, Dieu merci,

car je commence à en avoir de

Zamora

par

dessus le nez. J’achève mon ballet ; tu vois

que je finis par les jambes ! à tout Seigneur,

tout honneur ! – Tu as appris peut-être que

notre séance de lecture à l’Opéra (avec

accompagnement de quelques fragments

de musique) avait produit bon effet : est-ce

une preuve de réussite ? »…

19 mars 1882

:

« 23

me

anniv

re

de

Faust

»…

11 décembre 1882

:

« Ce soir, la 1

ère

de

SARDOU

pour laquelle on

m’envoie une place. – Jeudi concert du Prix

de la Ville au Châtelet »…

7 mars 1883

, mort

de Mme

GALLAND

(belle-mère de son fils

Jean)…

12 mars 1883

, répétition de

Rédemp-

tion

.

24 mai 1883

: « un sérieux rendez-vous

avec Mlle

KRAUSS

prend ta place »…

4 août

1883

: « Tu as en ce moment une rivale, peu

redoutable pour l’avenir, mais qui veut que je

la suive dans la solitude sous peine de me voir

refuser ses faveurs ! C’est cette vieille

Sapho,

pour laquelle il faut que je fasse absolument

des folies de travail, et qui sera une

laide

si

elle ne me dédommage pas un peu de ce

dont elle me prive beaucoup »…

4 novembre

1883

, jour de la Saint-Charles : il la remer-

cie pour son vase, qui trône sur son orgue.

Morainville 17 août 1884

: il est forcé de rentrer

à Paris pour une séance à l’Institut, mais

tâchera d’aller passer deux jours à Willemain.

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GOUNOD Charles (1818-1893)

MANUSCRIT MUSICAL autographe pour

Cinq-

Mars

, [1876 ?] ; 4 pages oblong in-fol.

Esquisses pour l’opéra

Cinq-Mars

, créé à

l’Opéra-Comique le 5 avril 1877.

Tracées à l’encre sur feuillet double de papier

à 18 lignes (à la marque d’August Cranz à

Hambourg), elles comptent 130 mesures

sur des systèmes de 9, 4 et 2 portées, avec

quelques ajouts au crayon. Gounod a noté

les lignes vocales, avec de rares paroles, et

quelques esquisses d’accompagnement. C’est

d’abord un

Ensemble

(quatuor et chœur) :

« Marie, Reine ! »,

Larghetto

à 3/4, rassem-

blant Marie de Gonzague, Cinq-Mars, De Thou

et le Père Joseph, plus un chœur (dessus,

ténors et basses) ; puis un Chœur, que « suit

la chanson » (« à Marion »), finissant par une

ritournelle.

800 - 1 000 €

5 novembre 1884

: « la mort de

VAUCORBEIL

et ses suites me dévorent mes journées »…

Nieuport

11 juillet 1885

, touchante lettre

de condoléances après la mort de la mère

d’Élise : « La mère, c’est la perte incompa-

rable et irréparable, et il n’y a pas un

vrai

père

qui ne soit de cet avis. Et pourtant, ma

bien-aimée fille, il te reste à vivre, puisqu’il

te reste des êtres à aimer, ce qui veut dire à

faire vivre

»… Plus de nombreux billets pour

reporter ou annuler des cours, distribuer des

bons points, etc.

1 200 - 1 500 €

Comme je vous l’ai dit souvent, le

Duo d’amour

,

qui est le fond d’un drame, ne donne sa

variété

que par les circonstances qui l’amènent et

l’accompagnent : c’est pour cela qu’il inté-

resse toujours sans se répéter jamais, et j’en

trouve, dans

Francesca

, un des objets les plus

tranchés et le plus particulièrement expressifs

et significatifs »… Cependant pour être sûr

de son jugement, il relira l’ouvrage de son

ami : « je m’en remettrai encore une fois à

mon

impression : car c’est elle qui en se

modifiant d’

elle-même

pourra seule modifier

mon

inclination

»…

400 - 500 €

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