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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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JACOB Max (1876-1944)
L.A.S. « Max Jacob », [Saint-Benoît-sur-Loire] 9 février 1944,
à l’abbé Maurice MOREL ; 2 pages in-4, enveloppe.
Longue lettre sur Marie Laurencin, une des toutes dernières de Max
Jacob, écrite quinze jours avant son arrestation
. [Arrêté le 24 février,
il mourra le 5 mars à Drancy.]
Il a demandé à l’abbé d’aller voir Marie LAURENCIN : « c’est une per-
sonne très intelligente et qui m’a donné des preuves de sa bonté. Elle
me parle de la mort et du désir qu’elle a de se réconcilier avec Dieu
auparavant. Elle parle de couvent, de pension religieuse. Ce serait très
mauvais pour elle. Elle est trop fantaisiste pour se plaire dans un tel
milieu et y prendrait la religion en dégoût.
Je sais ce que c’est
»… Il
faudrait qu’elle apprenne le catéchisme, lise les
Évangiles
, lise
l’Imitation
et S
t
François de Sales… Il insiste : « il s’agit de sauver une âme »…
Il raconte enfin les guérisons d’un enfant et d’une vieille, sauvés par ses
prières. « Les prières pour mes prisonniers semblent aussi donner des
résultats. On espère sauver ma sœur, et non pas mon frère hélas ! »
800 - 1 000 €
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JAMMES Francis (1868-1938)
12 L.A.S. « F. Jammes », 1919-1932, à Philippe FONTAINE ;
25 pages la plupart in-4.
Belle correspondance à Philippe Fontaine
(1891-1978, fils de son
ami, mécène et collectionneur, l’ingénieur Arthur Fontaine).
Orthez 2 avril
1919
. « Je me serais bien gardé de ne pas te prendre fort
au sérieux, car il m’aurait fallu déchanter pour moi-même qui te ressemble
à bien des égards »… Guignol pour certains, il garde la meilleure partie
de lui-même pour Dieu, sa famille et les bons amis comme Philippe,
à qui il confirme qu’il est « un coq droit, sentimental, qui ne se donne
pas à tout le monde, plein de dignité. Je regrette seulement que tu ne
“sentes” pas sérieusement les grandes et vigoureuses qualités que je
te soupçonne et que tu ne reprennes pas la peinture. […] Si on reste
un amateur c’est tout de même moins sot que de courir les filles et si
on a l’étoffe d’un maître, on devient ce maître. […] Si tu tergiverses,
tu n’aboutiras à rien »…
9 juillet
. « Tu as une caboche extraordinaire.
Tes raisonnements ressemblent à des wagons déraillés qui veulent se
prouver à eux-mêmes qu’ils sont sur les rails. Je te réponds, mais je
crains que tu ne puisses pas t’arrêter une minute à mes considérations,
soit par orgueil et les considérant comme indignes d’un examen intelli-
gent, soit par étourderie. 1° C’est Dieu, et non pas l’homme, qui dirige
en ce monde les événements. 2° Dieu depuis que le monde est monde
suscite des guerres, pour châtier les nations qui ne le servent pas.
3° La France, depuis des années, offensent gravement Dieu dans le
gouvernement qui la représente. Celui-ci l’outrage dans la personne
de l’Église. 4° […] ni toi ni Seignobos ne serez capable de donner la
paix au monde si vous n’êtes pas certains que vous ne pouvez rien par
vous-même parce que l’homme n’
est
pas et Dieu
est
. 4° Les utopies
ressemblent à de la fumée de lune, ne tiennent aucun compte de
l’expérience »…
5 septembre
. Il félicite Philippe sur son mariage…
1
er
août 1920
. « Je suis attaché au livre que j’écris comme une fougère
au sol. Tu ne connais peut-être pas, mais connaîtras peut-être un jour
cette passion exigeante de l’œuvre, cette découverte du monde de plus
en plus surnaturelle, cette marche en avant. Il y faut du détachement,
consentir à n’être suivi que peu à peu, aimer l’essence de son art à ce
point que le succès passe en troisième ligne. Il me faudra quelques
mois encore pour terminer ce
S
t
Joseph
, cette figure sublime et popu-
laire »…
Château de Vitailles, Lauzun 28 décembre 1920
: « Je lirai
dans ta toile non seulement notre mutuelle affection, bien profonde de
ma part je t’assure, mais encore ce vrai talent que j’aime tant, que je
ne sépare pas de ta personnalité si nette »… Il l’entretient de sa retraite
(les moines, l’Eucharistie, etc.) : « C’est une chose indicible que de se
sentir relié à la Vie éternelle. Il faut hélas ! quand on y entre de plain-
pied se résoudre à n’être plus guère que soupçonné par tant de gens
qui végètent ou qui sont morts »… Il fait des recommandations pour le
bonheur du jeune ménage, critiquant sévèrement Vigny…
Hasparren 29 novembre 1921
. « C’est entendu : je suis un vieux patriarche
et tu es un tout jeune homme. Il n’en est pas moins vrai que c’est en toi
que se concentre aujourd’hui, par affinité de caractères, l’amitié profonde
que je rends à tous les tiens qui m’en ont tant marqué »…
16 janvier
1922
. Il a prié Arthur Fontaine de voir Vallette et Jacques-Émile Blanche,
en vue de reproduire son portrait par Blanche en tête d’un volume de
morceaux choisis…
18 août 1923
. Encouragements au jeune père « un
peu fatigué » : qu’il profite des réductions de famille nombreuse pour
venir en vacances. « Vraiment les maisons de commerce familiales
devraient savoir que l’esclavage est aboli »…
24 juin 1925
. Sur ses
démêlés avec la revue
Commerce
, à qui il a donné des poèmes à la
demande de Larbaud : il y est question d’un manuscrit donné à la prin-
cesse de Bassiano, des rapports entre Larbaud et Fargue, d’épreuves
perdues, etc. ; il prie Philippe d’intervenir, car « je n’ai
aucune
nouvelle
de cet embrouillamini provoqué par le désordre de
Commerce
»… Etc.
On joint
le tapuscrit d’un hommage à Eugène Carrière, Orthez 14 dé-
cembre 1904, [destiné à être lu par Arthur Fontaine à un banquet en
l’honneur du peintre] ; et un exemplaire de Francis Jammes,-Arthur
Fontaine,
Correspondance 1898-1930
(Gallimard, 1959).
1 200 - 1 500 €
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