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72

les collections aristophil

1549

DUNANT (HENRY).

Un Souvenir de Solferino

. Genève, Imprimerie Jules-

Guillaume Fick, 1862. Grand in-8, chagrin rouge, plats

encadrés de quatre filets à froid et dorés, armoiries au

centre, dos orné, couronne comtale répétée dans les

angles et au dos, roulette intérieure, doublure de tabis

blanc, tranches dorées (

Despierres

).

8 000 / 10 000 €

Rare édition originale de l’ouvrage qui conduisit à la fondation de

la Croix-Rouge.

Elle est ornée d’une carte en couleurs sur double page intitulée

Plan

des environs de Solferino avec les positions respectives de l’armée

franco-sarde et de l’armée autrichienne le 24 juin 1859

.

Splendide exemplaire relié par Despierres aux armes du maréchal

Randon

, ministre de la Guerre au moment de la bataille de Solferino.

Il est enrichi de cet envoi autographe signé sur le feuillet de garde :

Madame la Maréchale

Comtesse Randon

Hommage profondément respectueux

de l’Auteur.

J. Henry Dunant.

Ce tout premier tirage, qui

Ne se vend pas

comme il l’est indiqué

sur la page de titre, fut imprimé sur papier fort aux frais de l’auteur

et envoyé en particulier aux têtes couronnées. Une deuxième édition

fut donnée la même année, partagée entre Genève, Paris, Turin,

St-Pétersbourg et Leipzig.

Célèbre philanthrope suisse, Henry Dunant (1828-1910) fut horrifié

par le spectacle de la bataille de Solferino (24 juin 1859), alors qu’il

était venu en Italie pour rencontrer Napoléon III. Décidé à créer un

organisme international neutre pour le secours aux blessés de guerre,

il écrivit cet ouvrage qui eut un retentissement considérable et ne

tarda pas à être traduit en onze langues.

Victor Hugo écrivit à Dunant au lendemain de la parution du livre :

Vous armez l’humanité et vous servez la liberté. J’applaudis à vos

nobles efforts

. À l’aide de quelques-uns de ses compatriotes, Dunant

créa le premier comité qui allait devenir le

Comité international de

la Croix-Rouge.

Son engagement au service d’œuvres humanistes lui fit oublier la

tenue de ses propres affaires qui vinrent à péricliter. Il fut déclaré

en faillite, et ses amis d’alors parvinrent à le faire démissionner du

Comité de la Croix Rouge.

Henry Dunant fut un visionnaire ; outre la Croix-Rouge, il fonda la

première YMCA suisse (Young Men Christian Association, créée à

l’origine par l’Anglais George Williams en 1844), fondée sur l’assistance

mutuelle aux plus démunis ; il prônait également la création d’une

organisation pour la protection de l’héritage culturel de l’humanité

(aujourd’hui l’UNESCO) ; mais aussi, la fondation de l’état d’Israël, la

libération des esclaves en Amérique du Nord, l’égalité de la femme.

Il reçut en reconnaissance en 1901 le premier prix Nobel de la paix.

Les félicitations qui lui sont adressées signent sa réhabilitation et la

reconnaissance de ses actions.

Cet exemplaire fut offert à la maréchale Randon, dont l’époux, Jacques-

Louis-César-Alexandre Randon (1795-1871), est alors au sommet

d’une longue carrière militaire : engagé à seize ans, il a participé à la

campagne de Russie (1812), fut promu capitaine à vingt ans et s’illustra

dans des expéditions d’envergure, lors de la conquête de la Kabylie

dans les années 1850. Il fut nommé gouverneur de l’Algérie de 1851

à 1858 puis ministre de la Guerre de mai 1859 à 1867.

Dunant mentionne le maréchal Randon dans son livre, louant son

rôle dans la

bonne organisation de l’armée française au point de

vue humanitaire

(p. 96, note n°1).