128. MALRAUX (André). Lettre autographe signée, datée
Le 20
[octobre 1930], adressée à André
Thérive, 2 pages in-8, à l’encre noire sur un feuillet in-8 sur papier à en-tête de la
N.R.F
., sous
chemise demi-maroquin moderne.
1 500 / 2 000
€
Lettre remarquable, entièrement consacrée à
La Voix royale
(Gallimard, 1930) et à sa conception du roman.
André Thérive avait publié dans
Le Temps
du 17 octobre 1930 une critique assez réservée du roman de
Malraux. Celui-ci le remercie néanmoins de son article, qui lui semble assez pertinent, et essaye de se justifier :
Certes, « Comment tromper la mort en sachant bien l’absurdité foncière de la vie » est, ainsi que vous le dites
l’essentiel de ce livre, et peut-être de ceux qui suivront.
Il va donc discuter
… de quelques points : (…) Mais
si je ne suis pas « le train qu’on est en droit d’attendre d’un narrateur français », ce n’est ni désir d’originalité,
ni retour de l’impressionnisme. C’est conviction que nous n’avons jamais d’un être une connaissance
biographique ; que le roman biographique (La Bonifas
[de Lacretelle]
, par exemple) ne correspond ni à notre
pensée, ni à notre philosophie, ni à notre sensibilité, et qu’il faut substituer à cette connaissance quelque chose
d’autre, que je m’efforce pour mon compte, de traduire, peut-être sans y réussir. D’où la volonté de donner la
biographie d’un seul personnage et de ne faire connaître les autres que par un mélange de confidences et de
suppositions…
Le critique ayant demandé : « Où en serez-vous dans un siècle ? », Malraux lui répond :
… Nous
ne savons ni l’un ni l’autre ce que sera Byron dans trois siècles ; et je n’en espère pas tant…
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