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133. MALRAUX (André). D
ESSINS DE
G
OYA
.
Dactylographie avec corrections autographes (ratures et
ajouts manuscrits), s.d. [1947], 31 pages in-4 (paginées de 1 à 27 au crayon rouge, avec une page
10bis et les 3 dernières pages non numérotées) – Epreuves d’imprimerie du même texte, datées au
composteur 21 mars 1947, avec corrections autographes et bon à tirer autographe, signé et daté
Boulogne, 23 mai 1947
, 31 pages in-folio, sous emboîtage demi-maroquin rouge. Ensemble 2 pièces.
12 000 / 15 000
€
B
EL ENSEMBLE
,
PERMETTANT DE SUIVRE L
’
ÉLABORATION DE CET IMPORTANT ESSAI SUR
G
OYA
.
En 1947, Malraux publia chez Skira son essai
Dessins de Goya,
préface à un album des dessins du peintre
conservés au Musée du Prado. Cet essai, repris en 2004 dans le tome I de ses
Écrits sur l’art
en « Pléiade »,
est un texte fondateur des méditations artistiques de Malraux, car il constitue la matrice de l’ouvrage plus
ample qu’il publiera en 1950,
Saturne. Essai sur Goya.
La comparaison entre cette dactylographie et ces épreuves corrigées montre qu’il s’agit en fait, comme
l’indique une apostille autographe de Malraux, des secondes épreuves, qui contiennent souvent un texte un peu
différent de celui de la dactylographie corrigée. Une telle confrontation est particulièrement intéressante, car
on y voit avec quel soin et quelle précision l’écrivain s’est appliqué à parfaire sa préface.
L
A DACTYLOGRAPHIE
présente un texte extrêmement travaillé. Au-delà des corrections d’orthographe ou de
style, Malraux précise ici sa pensée, introduit des nuances ou ajoute de nouveaux développements. Chaque
page porte ainsi de multiples corrections et ajouts autographes, parfois assez longs : passages sur Breughel,
Nerval, Baudelaire, Laclos, Daumier, l’imagination chez Goya, et un long ajout autographe (une page et demi)
mettant en parallèle Goya et différents peintres :
L’éclatante liberté de Rubens, du Tintoret, avait voulu créer un univers paré, celle de Rembrandt un univers
transfiguré. Nul plus que ce dernier, avant Goya, n’échappe à son temps : les portraits d’Aix et de Bayonne,
comme les Vieillards du Prado, sont seulement « modernes ». Mais que l’on compare la Balayeuse de Rembrandt
à la Laitière de Bordeaux : la première est une transfigurée de la Sainte Famille, la seconde un tableau…
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