Background Image
Previous Page  102 / 142 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 102 / 142 Next Page
Page Background

101

LIVRES ANCIENS ET MODERNES

(n

os

92 à 127)

92. ARTAUD.

– LEWIS (Matthew Gregory).

Le Moine raconté par Artaud.

Paris, éditions Denoël & Steele,

1931. In-18, (4 blanches)-345-(7 dont les 3 dernières blanches) pp., demi-maroquin violine à coins,

dos à nerfs cloisonné, let doré en lisière de cuir sur les plats, doubles couvertures et dos conservés,

tête dorée sur témoins, étui doublé, in me accroc au dos (

A. Lavaux rel.

).

10 000 / 15 000

É

DITION ORIGINALE DE

L

ADAPTATION

FRANÇAISE

PAR

A

NTONIN

A

RTAUD DU

PLUS CÉLÈBRE ROMAN NOIR ANGLAIS

.

S

UR

LA

COUVERTURE

,

LA

PHOTOGRAPHIE D

UNE

SCÈNE DE

CRIME OÙ

FIGURE

A

NTONIN

A

RTAUD

:

le cliché appartient

à une série de « tableaux vivants » réalisés par Artaud vers 1930 sur le thème du moine, et montre Cécile

Brusson, épouse de l’éditeur Robert Denoël, poignardant une jeune femme renversée sur le dos d’Artaud en

costume de moine.

E

NVOI

AUTOGRAPHE

SIGNÉ

«

à madame Bernard Steele, qui sait que dans ce livre tout n’est pas littérature mais se

trouve à l’épreuve de ses charmes noirs. En hommage respectueux...

» Mary Mocknaczski avait épousé le futur

associé de Robert Denoël avant leur venue en France.

A

NTONIN

A

RTAUD

S

EST VÉRITABLEMENT RÉAPPROPRIÉ CE ROMAN

PAR UN

TRAVAIL DE RÉÉCRITURE

.

Ainsi de ce passage

terrible qu’Artaud radicalise encore :

T

EXTE DE

L

EWIS

:

«

The rioters heeded nothing but the grati cation of their barbarous vengeance. They refused to listen

to her : they shewed her everey sort of insult, loaded her with mud and lth, and called her by the most opprobrious

appellations. They tore her one from another, and each new tormentor was more savage than the former. They sti ed

with howls and execrations her shrill cries for mercy, and dragged her through the streets, spurning her, trampling

her, and treating her with every special cruelty which hate or vindictive fury could invent. At lenght a int, aimed

by some well-directing hand, struck her upon the temple. She sank upon the ground bathed in blood, and in a few

minutes terminated her miserable existnce. Yet though she no longer felt their insults, the rioters still exercised their

impotent rage upon her lifeless body. The beat it, trod upon it, and ill-used it, till it became no more than a mass of

esh, unsightly, shapeless, and disgusting.

»

T

EXTE D

’A

RTAUD

:

«Les mutins tenaient leur vengeance et ils n’étaient pas prêts à la laisser aller. Ils prodiguèrent à la

supérieure les insultes les plus immondes, la traînèrent à terre et lui remplirent le corps et la bouche d’excréments ;

ils se la lançaient les uns aux autres et chacun trouvait, pour l’accabler, quelque nouvelle atrocité. Ils piétinèrent ses

cris à coupsdebottes, lamirent nue et traînèrent soncorps sur lespavés en la agellant àmesure et enremplissant ses

blessures avec des ordures et des crachats. Après l’avoir traînée par les pieds et s’être amusés à faire rebondir sur les

pierres son crâne ensanglanté, ils lamettaient debout et la forçaient de courir à coups de pied. Puis, un caillou lancé

d’unemainexperte lui troua la tempe ; elle tomba à terre oùquelqu’un lui t craquer le crâned’un coupde talon, et au

boutdequelquessecondes,elleexpirait.Ons’acharnasurelleet,bienqu’ellenesentîtrienetfûtincapablederépondre,

la canaille continua à l’appeler des noms les plus odieux. On roula son corps encore pendant une centaine de

mètres et la foule ne se lassa que lorsque celui-ci ne présenta plus qu’une masse de chair sans nom.» (pp. 256-257).

n° 92