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179

316. sand (George). l

ettre aUtOGraPHe à

C

HarlOtte

m

arliani

, datée

Marseille 26 Fév. 1839.

6 pages 1/4 sur

2 bi-feuillets in-8 (205 x131 mm), timbre sec Gs, adresse autographe, traces de pliures, sous chemise

demi-maroquin noir moderne.

10 000 / 15 000 €

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lettre écrite par George sand à sa meilleure amie, de marseille le 26 février 1839, deux jours après son retour de majorque

avec Chopin, maurice et solange sand. elle y laisse éclater sa haine pour l'espagne. la violence de ses propos semble

étonnante, Charlotte marliani étant l'épouse du consul d'espagne à marseille, e. J. marliani. George sand s'empresse de

lui assurer que marliani n'est pas espagnol, mais

Italien par l'intelligence, et Français par l'éducation et les manières !

Enfin ! chère, me voici en France,

s'exclame t’elle. ils ont passé huit jours à barcelone,

où Chopin a été bien soigné par

la médecine française, bien assisté par l'hospitalité et l'obligeance française, mais toujours persécuté et contristé par la

bêtise, la juiverie et la grossière mauvaise foi de l'Espagnol.

la romancière se déchaîne contre tout ce qui a trait à

l'espagne. elle a été scandalisée par la conduite de l'

aubergiste des 4 Nations (première auberge de Barcelone et de toutes

les Espagnes),

qui a voulu faire payer à Chopin

le lit où il avait couché, sous prétexte qu'il fallait brûler ce lit, comme

infecté de maladie contagieuse

[tuberculose].

Oh ! que je hais l'Espagne ! J'en suis sortie comme les Anciens à reculons,

c'est-à-dire avec toutes les formules de malédiction. J'en ai secoué la poussière de mes pieds, et j'ai fait serment de ne

jamais parler à un Espagnol de ma vie. ... Un mois de plus, et nous mourions en Espagne, Chopin et moi, lui de mélancolie

et de dégoût, moi de colère et d'indignation. Ils m'ont blessée dans l'endroit le plus sensible de mon cœur. Ils ont percé à

coups d'épingles un être souffrant sous mes yeux. Jamais je ne leur pardonnerai et si j'écris sur eux, ce sera avec du fiel.

elle se reprend néanmoins pour donner des nouvelles de Chopin :

Il est beaucoup, beaucoup mieux, il a supporté très bien

36 heures de roulis et la traversée du golphe

[sic]

de Lyon

[sic]

... Il ne crache plus de sang, il dort bien, tousse peu, et

surtout il est en France ! Il peut dormir dans un lit que l'on ne brûlera pas pour cela. Il ne voit personne se reculer quand

il étend sa main...

le dr Cauvière a bon espoir de le guérir. elle compte passer le mois de mars à marseille, puis en avril

reconduire Chopin guéri à Paris :

Je crois qu'au fond c'est le séjour qu'il aime le mieux...

elle se réjouit de pouvoir à présent

écrire et correspondre librement. a majorque, elle se sentait surveillée :

L'Inquisition politique de l'Espagne est pire que

celle de l'Autriche. Oh comme je préfère l'Italie...! En Espagne on vous dispute non seulement le droit de penser, mais celui

de marcher, de respirer, de voir, et d'entendre. Odieux pays, odieuse nation, incurable anarchie ! J'écrirais 10 volumes si

je voulais seulement faire l'historique des petites vexations dont j'ai été témoin ...

elle conseille à sa correspondante de se

méfier de certaines personnes :

le d'Eckstein

[baron d'eckstein]

... soyez prudente, c'est un espion. Savant et philosophe

autant qu'on voudra, mais juif, et saluant trop bas.

elle fait aussi allusion

à la Guiccioli

[comtesse teresa Guiccoli, célèbre

maîtresse de byron]. la lettre se termine sur une nouvelle invective, cette fois-ci contre les espagnoles :

Oh ! les sottes

remueuses d'éventails ! Elles couchent toutes avec leurs laquais, au niveau desquels leur éducation et leurs idées les

placent naturellement.

et elle envoie à sa correspondante

mille tendres hommages du malade

[Chopin].

Correspondance

, G. lubin, t. iV, n°1832. G. lubin publie à la suite de cette lettre un post-scriptum (un f. in-8) se trouvant

dans une autre collection et que nous n'avons pas ici. Pourtant notre lettre, se terminant en haut d'un feuillet, semble bien

complète.

quelques déchirures aux pliures.