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71. DAuDET (Alphonse). Lettre autographe signée à Gustave Flaubert, datée

1

er

de l’an

[1

er

janvier 1879], une

page in-8 (203 x 140 mm) sur papier à dentelle orné d’un encadrement de fleurs, aquarellé, contrecollée sur

papier vergé, sous chemise demi-maroquin noir moderne.

2 500 / 3 000 €

Lettre de vœux envoyée à son ami Flaubert.

Daudet commence par des formules d’affection et de respect admiratif :

Mon parrain, mon oncle, comment veux-tu que je

t’appelle, mon vieux chef de file, mon maître en écriture, je vous souhaite une bonne année et heureuse, et le bouquin

[Bouvard et Pécuchet]

fini pour l’an qui vient

. Il regrette son absence :

sans vous rien ne va, on ne se voit plus, on ne bâfre

plus, on ne gueule plus

[...]

. Quelquefois je me mets devant la glace, et j’essaie d’après vos conseils le « Comment me

trouves-tu ?

[...]

toujours jeueueune » mais ça n’est pas ça. J’aurais besoin de quelques répétitions avec le Mapah.

question finale :

Que dites-vous du tapage fait autour de notre Zola ?

[Allusion à l’effet produit par l’article de Zola sur

les romanciers contemporains et le Naturalisme (

Le Figaro

, 22 décembre 1878)].

Très touché par cette lettre, Flaubert écrira à Daudet :

Elle m’a ébloui, réjoui et attendri !

» (Flaubert.

Correspondance

,

Pléiade, t. V, p. 487).

D’après Lucien Descaves, qui publia cette lettre dans

Le Figaro

du 14 janvier 1907, Daudet fit acheter chez un papetier

une feuille de ce papier naïf que les enfants utilisaient pour les vœux. Flaubert l’offrira ensuite à son vieil ami Edmond

Laporte, pour sa collection d‘autographes, dont elle porte ici le cachet à l’encre.

La jeune école naturaliste réunissait Zola, Edmond de Goncourt, Daudet, Flaubert et Tourgueniev.

Lettre très légèrement fragile.

72. DAuDET (Alphonse). Lettre autographe signée à Émile Zola, [octobre 1881], 2 pages in-12 (180 x 114 mm),

sous chemise demi-maroquin noir moderne.

1 000 / 1 500 €

Intéressante lettre à Zola sur

Numa Roumestan

et sur le Midi : «

Du reste l’effigie vraie de mon livre, son titre réel c’est

l’imagination. Tout le Midi n’est que ça

».

A l’automne 1881 paraît

Numa Roumestan

. Le succès de ce livre dans lequel Daudet, à travers son héros député d’Apt qui

deviendra ministre, oppose les gens du Nord et ceux du Midi, fut immédiat.

Dans cette lettre, il remercie Zola pour son bel article sur son roman (

Le Figaro

, 31 septembre 1881) et lui livre quelques clefs.

Daudet se plaint

d’horribles douleurs rhumatismales.

Mais il ajoute :

Le vrai calmant a été votre article et cette cordiale

poignée de main, forte et franche, donnée devant tous.

C’est à cet article du

Figaro

qu’il veut répliquer :

cette nuit dans

ma fournaise douloureuse je vous parlais tout haut comme à un de nos dîners : La Provence, c’est l’Afrique.

Il s’étend

longuement sur ce point, associant lyriquement la Provence au Sahara, au Sahel, à la Kabylie, à la Palestine.

Il en vient à une autre critique,

plus sérieuse

, de Zola, à propos d’un tambourinaire mis en scène dans le roman, et lui fait

quelques explications, des aveux - pour vous seul

. Suit cette curieuse confidence :

ce n’est pas Buisson qui m’a posé le

tambourinaire

[Valmajour, dans le roman]

, c’est mon brave Mistral, avec sa fatuité de beau paysan et son feutre en

auréole. Ne songez donc plus au doux grotesque que nous avons connu.

[...]

Du reste l’effigie vraie de mon livre, son titre

réel c’est L’Imagination. Tout le Midi n’est que ça.

Il parle ensuite de son retour.

La jeune école naturaliste réunissait Zola, Edmond de Goncourt, Daudet, Flaubert et Tourgueniev. Cependant la cordialité

de Daudet ne doit pas faire illusion : très jaloux de Zola, il avait fini par se brouiller avec lui au moment de la sortie des

Soirées de Médan

en 1879. Doit-on rappeler qu’avec Goncourt, il inspirera le fameux

Manifeste des Cinq

contre

Zola ? Ils se réconcilièrent rapidement aux funérailles de Flaubert le 8 mai 1879. Zola lui dédia 76 pages des

Romanciers naturalistes et fut l’unique personne à prononcer un discours aux obsèques de Daudet en décembre 1897.

Cette lettre constitue une curieuse exception : toute la correspondance reçue par Zola est en effet, on le sait, déposée à la

Bibliothèque nationale.

Petite fente restaurée.

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