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Les hommes sont des brutes féroces et vaniteuses

270

SAND (George).

Lettre adressée à Gustave Flaubert.

Nohant, 26, VII

[1870].

Lettre autographe signée “Ton troubadour, G. Sand” ;

3 pages grand in-8.

Rageuse lettre adressée à Gustave Flaubert dans laquelle George Sand dénonce les

méfaits de “cette guerre infâme”.

Je trouve cette guerre infâme, cette Marseillaise autorisée un sacrilège. Les hommes sont des brûtes

féroces et vaniteuses. Nous sommes dans le deux fois moins de Pascal quand viendra le plus que

jamais

 ?

Nous avons ici des 40 et 45 degrés de chaleur

à l’ombre

, on incendie les forêts : autre stupidité

barbare. Les loups viennent se promener dans notre cours où nous les chassons la nuit, Maurice

avec un revolver, moi avec une lanterne. Les arbres quittent leurs feuilles et peut-être la vie. L’eau à

boire va nous manquer, les récoltes sont à peu près nulles, mais nous avons la guerre, quelle chance !

L’agriculture périt, la famine menace, la misère couve en attendant qu’elle se change en Jacquerie.

Mais nous battrons les prussiens. Malbrough s’en va-t en guerre !

Le désordre ambiant n’est guère favorable à l’écriture.

Tu disais avec raison que pour travailler il fallait une certaine allégresse. Où la trouver par ce

tems maudit ?

[…]

Quand je vois Maurice et Lina agir, Aurore et Gabrielle jouer, je n’ose pas me

plaindre de crainte de perdre tout.

Je t’aime, mon cher vieux

[…]

Ton troubadour

G Sand.

Flaubert mentionna quelques jours plus tard à sa nièce Caroline cette lettre de George Sand

qui l’avait alarmé : “J’ai reçu une lettre lamentable de Mme Sand. Il y a une telle misère dans

son pays, qu’elle redoute une jacquerie. Les loups viennent la nuit jusque sous ses fenêtres,

poussés par la soif.”

Provenance : collection

Alfred Dupont.

(Flaubert,

Correspondance

, folio, 1998, p. 564 : “La correspondance croisée de Flaubert avec

George Sand touche au document d’archives, indispensable à l’historien.”- Graham,

Passages

d’encre,

nº 19.)

2 000 / 3 000

271

SARTRE (Jean-Paul).

La Nausée.

Roman.

Paris, Gallimard, 1938.

In-12 [146 x 115 mm] de 223 pp. : maroquin janséniste anthracite, titre au palladium sur dos

lisse, bordures intérieures de maroquin ornées d’un double filet au palladium, non rognés,

tranches argentées sur témoins, couverture et dos conservés, étui

(Semet et Plumelle).

Édition originale. Elle est dédiée “au Castor”.

Un des 23 premiers exemplaires sur vélin pur fil (nº 11).

Premier roman de Jean-Paul Sartre,

La Nausée

ouvrait la voie à une littérature de l’absurde et

valut à son auteur une notoriété immédiate.

(

En français dans le texte,

n° 278).

Bel exemplaire.

Des bibliothèques

Robert Desprechins,

avec ex-libris dessiné par Jean Cocteau, et

Louis de

Sadeleer,

avec ex-libris. Dos passé.

2 000 / 3 000