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La jeunesse de Rimbe

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[RIMBAUD]. DELAHAYE (Ernest).

Lettre adressée à Paul Verlaine.

Paris, le 7 décembre 1887.

Lettre autographe signée “Delahaye” ; 4 pages in-12.

Document capital : il s’agit de la première ébauche de biographie de Rimbaud par son plus vieil

ami, Ernest Delahaye, adressée à Verlaine. Il fournit des renseignements de première main sur

l’enfance et la jeunesse de Rimbaud.

Le 29 novembre, Verlaine avait demandé à Delahaye “des renseignes Rimbesques” pour une préface à une

édition des

Œuvres complètes

qu’il projetait – livre qui ne devait paraître qu’en 1895, chez Léon Vanier.

Écrite “en style rigolo, sans trop penser à la grammaire”, comme Delahaye l’avoua plus tard, c’est-à-dire dans la

veine habituelle entre les deux amis, la lettre fut publiée dans les

Entretiens politiques et littéraires

de décembre

1891 sans que son auteur en ait été averti. La version imprimée est très proche de l’autographe – sauf quelques

mots signalés par une seule intiale :

I…

pour Izambard,

v…

et

c…

pour

vache

et

cochon

. Surtout, comme le

souligne Jean-Jacques Lefrère, “l’intérêt de ce texte est que la bonne foi du témoignage est pour une fois hors de

discussion : lorsque le futur auteur de

Rimbaud, l’artiste et l’être moral

écrivait ces lignes à Verlaine, il n’était pas

encore préoccupé de défendre la mémoire de son ami d’enfance, au demeurant encore bien vivant. De surcroît,

il s’adressait à un correspondant qui avait très bien connu Rimbaud et auquel il n’aurait pu conter des fadaises”

(in Rimbaud,

Correspondance,

p. 556).

Delahaye adressa une seconde lettre à Verlaine, complétant sa biographie : l’autographe en est perdu et le texte

n’en est connu que de seconde main par la publication de 1891.

Mon cher ami,

Voici les qq remembrances et rens

ts

que je puis fournir sur Rimbe :

Né en 1855

[sic] à

Charleville. Elève au collège de cette ville jusqu’en 1870 – Etait en 5

e

Commence études

classiques de bonne heure. Etait en 5

e

, vers 1866, quand premières manifestations de précocité intellectuelle.

Fait alors un résumé d’ histoire ancienne qui étonne son professeur.

[En marge :

à cette époque très religieux,

toujours premier en instruction religieuse, intolérant, fanatique.

]

Mais en 4

e

, classe de grammaire, plaît peu à son

professeur, qui signale en lui esprit singulièrement révolté et qui, au Principal lui faisant l’éloge des dispositions

du sujet, répond : « Tout ce que vous voudrez, M. le Pr., intelligent, c’est possible, mais pour moi, finira mal.

[»]