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La métropole met le poète à rude épreuve.

Es wäre schade, wenn sie in der Stadt wohnen müßten.

Was in der Stadt wohnen heißt : wir fühlen es jetzt. Und Paris gehört nicht zu den Städten, die es

einem leicht machen. Es ist ein Abgrund von Rücksichtslosigkeit, Leichtsinn und Unnatur. Mir ist

es eine große Last, mit seinem Lärm und mit seiner ganzen ...= fröhlichen Art.

Aber so wird man von alledem tiefer in die Arbeit hineingedrückt als anderswo... Hier ist Arbeit

der einzige Ausweg.

O, was hab ich die erste Zeit gelitten unter dieser Stadt, unter allem was ich sah, unter allem was

sich mir verbarg. Und Clara Westhoff geht es ebenso.... Aber was hilft es. Hier ist doch ..., was sonst

nirgends ist : Großes. Darum muß man sich halten. Die Gioconda ist hier, Notre Dame und Rodin.

Das sind die drei Ewigkeiten in dem tausend... Vergehen und Verwerfen dieser großen Stadt...

[“Ce serait dommage si vous deviez habiter en ville.

Ce que signifie la vie en ville : nous l’éprouvons actuellement. Et Paris ne fait pas partie des

villes qui vous rendent la vie facile. C’est un abîme d’absence d’attention, de frivolité, tout y est

contre nature. Elle me pèse énormément, avec son bruit et toute sa manière ... frivole.

Mais tout cela nous enfonce dans notre travail plus qu’ailleurs... Ici le travail est la seule issue.

Oh, que m’a-t-elle fait endurer à mon arrivée, cette ville, tout ce que j’ai pu voir, tout ce qui se

dissimulait à mes yeux. Et Clara Westhoff vit la même chose... Mais à quoi bon. Ici se trouve ... ce

qui ne se trouve nulle part ailleurs : des choses magnifiques. Cela fait tenir. La Joconde est ici, Notre

Dame et Rodin. Ce sont les trois éternités dans les mille futilités et rejets de cette grande ville...”]

Le peintre Oscar Zwintscher (1870-1916), originaire de Leipzig, devait adhérer dès ses débuts

au Deutscher Künstlerbund, la ligue des artistes allemands créée en 1903 afin de défendre

l’indépendance de la création. Il se lia d’amitié avec Rainer Maria et Clara Rilke lorsque ceux-

ci s’installèrent dans le petit village saxon de Westerwede, près de Brême, et peignit plusieurs

portraits du couple.

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RILKE (Rainer Maria).

Lettre adressée à un éditeur.

Paris, 15. November 1909.

Lettre autographe signée “Rainer Maria Rilke”, en allemand : 2 pages in-8.

Lettre probablement adressée à son éditeur Anton Kippenberg, directeur de l’Insel-Verlag.

Rilke lui transmet quelques feuilles manuscrites à publier

in extenso

 : le poète se trouvait, en

cette fin d’année 1909, en pleine rédaction des

Cahiers de Malte Laurids Brigge

.

Nun übersende ich Ihnen die beifolgenden Blätter : falls Sie sie publizieren mögen, so ist meine

Bedingung, dass dies ohne jede Kürzung oder Streichung geschähe ; anderenfalls bitte ich um

Rückgabe meines Beitrags.

Das Manuscript ist sehr deutlich geschrieben ; immerhin empfände ich es sehr angenehm, eine

Correctur lesen zu dürfen, wenn die Zeit dafür ausreicht.

[“Je vous adresse les feuilles ci-jointes : si vous souhaitiez les publier, ce sera à condition que vous ne

faites ni abréviation ni coupure ; dans le cas contraire je vous prie de me rendre ma contribution.

Le manuscrit est d’une écriture très lisible ; il me serait tout de même agréable d’en relire les

épreuves si nous ne manquons pas de temps.”]

La lettre a été écrite depuis l’hôtel Biron, actuel musée Rodin, qui fut de 1905 à 1911 le lieu

de résidence de nombreux artistes parmi lesquels Jean Cocteau, Henri Matisse ou la danseuse

Isadora Duncan. Rodin découvrit le domaine par l’entremise de son ancien secrétaire Rilke,

qui s’y était installé à la fin de l’été 1908. Le sculpteur ne tarda pas à y élire domicile. C’est sur

l’insistance de ce dernier que le bâtiment fut transformé en musée après qu’il ait fait don de

l’intégralité de son œuvre à l’État français.

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