[FRANÇOIS I
er
].
[
Rondeaux, épîtres et autres pièces en vers
].
Sans lieu ni date
[vers 1535].
Manuscrit calligraphié sur peau de vélin, in-4 de (181) ff. dont 22 blancs, réglés : maroquin rouge
à grain long, plats encadrés de filets et pointillés avec fers d’angle, dos lisse orné de frises
et de compartiments enserrant fleurons, filets au pointillé et petites étoiles, titre doré portant
“Rondeaux du 15.me siècle” [sic], dentelle intérieure, tranches dorées
(reliure de la fin du XVIII
e
siècle)
.
Superbe manuscrit poétique rédigé à la Cour du roi François I
er
.
Remarquablement calligraphié et ornementé avec goût, l’ouvrage rassemble 156 pièces non signées,
soit : 99 rondeaux, 12 chansons, 2 épitaphes, 11 épîtres en vers, 16 lettres en prose et 16 compositions
diverses en vers ou en prose (poésies religieuses, traductions, ballades, etc.).
La plupart de ces pièces – près de 150 – ont été composées à la cour de François I
er
par le roi
lui-même et les dames de sa cour : elles témoignent de la renaissance de la versification française
dans le premier quart du XVI
e
siècle, sous les influences conjuguées de Jean Marot, de son fils
Clément – le poète préféré et le modèle du roi – et de Mellin de Saint-Gelais.
L’ornementation est exquise : deux grandes initiales prolongées par des branchages et peintes à l’or
sur fond de triangles noirs et blancs répétés en miroir ; plusieurs lettrines ornées de branchages sur
fond de bandes obliques noires et blanches alternées ; très nombreuses lettrines et têtes de chapitres
en blanc sur fond noir (ou
vice versa
), avec rehauts d’or.
Le renouveau de la poésie de cour entre Charles d’Orléans et la Pléiade.
En 1847, à l’heure de la redécouverte de Marot et de ses épigones, Aimé Champollion-Figeac se
hasarda le premier à publier un volume de
Poésies du roi François I
er
, de Louise de Savoie, duchesse d’Angoulême,
de Marguerite, reine de Navarre
, d’après trois manuscrits conservés à la Bibliothèque royale, dont deux
peut-être rédigés avec la participation de Clément Marot et de Mellin de Saint-Gelais. Il révéla ainsi
un aspect alors méconnu de la vie quotidienne à la cour de François I
er
: le goût de la poésie et la
pratique de la versification, individuelle et collective.
Le présent manuscrit ne comporte pas les quelques vers qui furent insérés plus tard dans les recueils
de Marot ou de ses pairs, à l’exception de l’
Épitaphe d’Agnès Sorel
(f. 65 v) dont Champollion-Figeac
signale une variante attribuée à Mellin de Saint-Gelais.
En revanche, il contient l’essentiel de l’œuvre poétique du roi François I
er
, y compris les pièces
italianisantes qui témoignent de l’engouement italien à la cour : une version d’après Pétrarque et un
Parangon
traduit par le roi, que l’on ne trouve pas dans l’édition Champollion-Figeac.
Plusieurs rondeaux, une vingtaine environ, ne figurent pas non plus dans l’édition de 1847 – elle en
compte soixante-dix-neuf – sans que l’on puisse déterminer avec certitude s’ils appartiennent ou non
au corpus royal, dont le contenu varie sensiblement d’un manuscrit à l’autre. En outre, Champollion-
Figeac, qui a établi son texte d’après trois manuscrits différents, reproduit des pièces courtes
(quatrains, sizains, huitains et dixains), six compositions à sujet et une
Correspondance intime
du roi qui
ne se trouvent pas dans ce manuscrit.
Dans son édition des
Œuvres poétiques
de François 1
er
, parue en 1984, J.E. Kane attribue avec certitude
au souverain 54 rondeaux, 17 chansons, 10 poèmes écrits de prison, 8 épitaphes, 97 ballades ou pièces
courtes et 20 épitres, soit 206 compositions en vers.
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