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VILLON, François.

Les Œuvres

de maistre Francoys Villon. Le monologue du franc archier de Baignollet.

Le Dyalogue des seigneurs de Mallepaye & Baillevent.

Paris, Galliot Du Pré, 20 juillet 1532.

Petit in-8 de (148) ff., les deux derniers blancs : maroquin rouge, dos à nerfs orné, encadrement

formé de palmettes et rosaces dorées entourées de filets à froid sur les plats,

doublures de maroquin bleu

ornées d’un riche décor doré, coupes filetées or, tranches dorées sur marbrures

(Trautz-Bauzonnet)

.

Première et précieuse édition en lettres rondes des œuvres de François Villon,

l’une des deux dernières à offrir le texte authentique.

Elle précède de quelques mois le recueil contenant le texte remanié par Clément Marot qui,

en dépit des corrections et altérations introduites par celui-ci, devint l’édition de référence.

Elle s’inscrit dans la première collection littéraire parue en France à l’initiative

du libraire-éditeur parisien Galliot Du Pré.

Ce dernier avait opté pour la mode naissante du caractère romain, ou

lettre ronde

, en passe de

supplanter la gothique bâtarde, pour imprimer une anthologie de la poésie et des romans français

du Moyen Âge. Cette dizaine de volumes au format de poche a paru entre 1528 et 1533 : on y trouve

les œuvres d’Alain Chartier, Guillaume Coquillart, Martin Franc, Guillaume de Lorris, Meschinot,

Maistre Pathelin, Octavien de Saint-Gelais (traduction des

Épîtres

d’Ovide) et François Villon.

L’auteur de la

Ballade des pendus

est le seul à avoir été imprimé à deux reprises, en 1532 et 1533,

témoignant d’un succès éditorial marqué. On relève même une contrefaçon donnée en 1532 par

Antoine Bonnemère. A propos de cette dernière, Jean-Marc Chatelain note : “Les éditions anciennes

de Villon se partagent, du point de vue de leur tradition textuelle, en deux grands groupes séparés

par l’année 1533 ; celles qui sont antérieures à cette date présentent le texte dans un état de langue

qui est celui de Villon lui-même tandis que les suivantes adoptent la version révisée par Clément

Marot, publiée en 1533 par le libraire Galliot Du Pré. Aussi l’édition parue en 1532 à l’adresse

d’Antoine Bonnemère occupe-t-elle une position privilégiée dans cette tradition : bien qu’assez

corrompue d’un point de vue philologique, elle est l’ultime témoin connu de la version authentique

de la poésie de Villon avant que Marot ne contribue autant à la faire oublier qu’à la faire connaître.

Dernière trace d’une œuvre originale saisie au moment même où elle allait s’effacer pour près d’un

siècle et demi, l’édition Bonnemère est par ailleurs l’une des deux premières éditions de Villon à être

imprimées en lettres rondes et non plus en caractères gothiques : c’est là une innovation introduite

juste avant par l’édition Galliot Du Pré, achevée d’imprimer le 20 juillet 1532, qui utilisait un élégant

caractère cicéro de l’imprimeur Antoine Augereau. Bonnemère a copié cette édition, comme il copia

la même année les deux éditions des œuvres de Guillaume Coquillart et de la

Farce de Maître Pathelin

également publiées par Du Pré, avec les mêmes caractères romains d’Augereau.”

Exemplaire parfait, impeccablement relié en maroquin doublé par Trautz avec,

sur les doublures, un remarquable décor doré à petits fers.

Hauteur : 119 mm.

Provenance :

Bocher.- Édouard Rahir

, avec ex-libris (V, 1937, nº 1625 : “De la bibliothèque de

MM. Bocher.”)

Tchemerzine V, p. 974 : “Édition fort rare et extrêmement recherchée.”-

Livres du cabinet de Pierre Berès

, Paris, 2003, p. 19, n° 2,

à propos de la seconde édition en lettres rondes ; notice de Jean-Marc Chatelain.

30 000 / 50 000 €