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Envoi autographe signé :

à Paul Valéry,

en hommage

René Crevel

Pour un poète que le jeune Crevel a si passionnément aimé, ce simple “hommage” paraît

un peu court… Mais le 22 janvier 1931 Valéry avait commis un impair que le surréaliste et

communiste Crevel ne pouvait lui pardonner : la réception de Philippe Pétain à l'Académie

française.

Le poète exquis et rigoureux de

La Jeune Parque

, celui qui avait écrit cette phrase souvent citée

par Crevel –

L’espoir n’est que la méfiance de l’être à l’égard des prévisions de son esprit

–, gravait sa prose

sur le fronton de la culture d'État ! La riposte à cette alliance “du sabre et du porte-plume”

fut cinglante. Et Crevel de rappeler : “On n'a pas oublié la grande parade académique du

printemps dernier, lorsque M. Paul Valéry reçut (et comment !) le maréchal Pétain. La Société

des gens de lettres, la dame de l'hôtel Massa, a massé de son mieux M. le général Weygand”,

ce “scrogneugneux à feuille de chêne”. Puis il s'en prit au maréchal Lyautey, “cette vieille

coquine et moustachue de Lyautey (...), vieillard obscène. Et maintenant que vous n'avez plus

le Maroc, l'Exposition coloniale où puiser pour la satisfaction de désirs que vous croyez ceux

d'un grand capitaine romain, de quelle pissotière officielle la Troisième République va-t-elle

vous faire cadeau ?”

Un ultime “hommage”, donc, par fidélité aux passions anciennes, mais non dénué de

perfidie, car inscrit sur un livre-molotov jeté contre l'obscurantisme.

Élégante reliure janséniste moderne de Thomas Boichot.

Habiles restaurations aux couvertures dont les rabats ont été retirés.

Fanès, “Dali, l'homme invisible”, in

René Crevel ou l'Esprit contre la raison

, Mélusine, n° 22, 2002, p. 189 et suivantes.

8 000 / 12 000 €