168
[COCTEAU, Jean.]
Le Livre blanc.
Précédé d'un frontispice et accompagné de 17 dessins de Jean Cocteau.
Paris, Éditions du Signe, 1930.
In-4 : broché, couverture imprimée rempliée, sous étui-chemise de l'éditeur.
Première édition illustrée : elle est ornée de 18 compositions à pleine page de Jean Cocteau, dont
le frontispice, mises en couleurs par le peintre M.B. Armington. À la fin, fac-similé d'une note
manuscrite de Jean Cocteau. Tirage limité à 450 exemplaires.
Un des 24 exemplaires sur Japon impérial.
Cet exemplaire, un des 6 hors commerce, a été imprimé spécialement “pour le vicomte et la
vicomtesse de Noailles”.
“Au plus loin que je remonte et même à l'âge où l'esprit n'influence pas encore les sens, je trouve des traces de mon amour
des garçons. J'ai toujours aimé le sexe fort, que je trouve légitime d'appeler le beau sexe.”
L'édition originale de cette superbe confession parut anonymement en 1928.
Jean Cocteau n'est indiqué ici que comme auteur des dessins, tant le texte publié sous le manteau
en 1928 avait fait scandale. C'était aussi une manière, élégante et indirecte, d'endosser la paternité
de l'ouvrage, ce que suggère le commentaire de l'auteur reproduit en fac-similé à la fin : “
Mais
quel que soit le bien que je pense de ce livre – serait-il de moi – je ne voudrais pas le signer parce qu'il prendrait
forme d'autobiographie et que je me réserve d'écrire la mienne, beaucoup plus singulière encore. Je me contente donc
d'approuver par l'image cet effort anonyme vers le défrichement d'un terrain resté trop inculte.
”
Bel envoi autographe signé sur le faux titre agrémenté du dessin original
d'un profil de jeune homme :
à Charles et à Marie Laure
dont l'amitié compose un chef d'œuvre de toutes les minutes
Jean
dernier jour de prises de vues du film
3 juillet 1930
Le film auquel Cocteau fait allusion est
Le Sang d'un poète
, produit par Charles et Marie-Laure de Noailles.
On a monté en tête un grand dessin original à l'encre, signé “Jean”, rehaussé, ayant servi
à l'illustration.
Généreux mécène des surréalistes, le vicomte de Noailles possédait, dit Cocteau, “le génie sous sa
forme la plus rare, je veux dire le génie du cœur”.
“C'est dans sa propriété d'Hyères, en janvier 1930, de façon inattendue, qu'il met Cocteau au défi
de réaliser au cinéma les artifices que le simple théâtre lui avait interdits dans
Orphée
– par exemple,
cette traversée du miroir qui est aujourd'hui son emblème. Pour ce film parlant (une nouveauté)
qui sera sa propriété exclusive, le vicomte alloue un budget d'un million de francs” (Pierre Bergé,
Album Cocteau
, Bibliothèque de la Pléiade, 2006, pp. 190-193).
En dépit de nombreux incidents de tournage, le film fut achevé durant l'été 1930.
6 000 / 8 000 €