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JOYCE, James.

Ulysse.

Traduit de l'anglais par M. Auguste Morel assisté de M. Stuart Gilbert. Traduction

entièrement revue par M. Valery Larbaud avec la collaboration de l'auteur.

Paris, La Maison des amis des

livres, Adrienne Monnier, 1929.

In-4 : broché, couvertures rempliées, non coupé.

Première édition française.

Le roman avait d'abord paru en anglais, à Paris, en 1922 ; c'est l'amie et consœur d'Adrienne

Monnier, l'Américaine Sylvia Beach, qui le publia à l'enseigne de sa librairie Shakespeare and

Company. La traduction française d'Auguste Morel, avec l'aide de Stuart Gilbert, fut entièrement

revue par Valery Larbaud et James Joyce lui-même.

Un des 100 exemplaires numérotés sur vélin d'Arches (nº 96), deuxième papier après 25 sur papier

de Hollande.

Exemplaire du poète Antonin Artaud.

Le feuillet de justification porte cette mention de la main de l'éditeur :

Donné par Adrienne Monnier

pour Antonin Artaud

L'ex-dono organise la rencontre indirecte de deux des écrivains majeurs du XX

e

siècle. Rencontre

manquée ? Sans doute ; l'exemplaire est non coupé. Paris, 1929 : l'heure n'était pas aux mondanités.

Après avoir revu la traduction d'

Ulysse

, Joyce peinait sur la composition de

Finnegans Wake

, assisté de

son secrétaire, Samuel Beckett. De son côté, Artaud, animateur avec Roger Vitrac du Théâtre Alfred

Jarry, était occupé à démolir la scène classique, se fâcher avec Paulhan, se mettre à dos les surréalistes,

écrire des scénarios…

Pour Artaud, qui avait connu Adrienne Monnier lors des lectures données dans la célèbre Maison

des amis des livres qu’elle animait rue de l’Odéon, le grand processus créatif et paranoïaque était

enclenché ; il devait trouver son point culminant dans le voyage au Mexique (1936), puis dans

l’escapade irlandaise (1937) qui s’acheva par le premier internement.

De toutes ces péripéties, Adrienne Monnier fut un témoin privilégié, Artaud l'ayant choisie comme

un des premiers destinataires de ses missives désespérées.

“Je ne suis plus Antonin Artaud parce que je n’en ai plus le moi, ni la conscience, ni l’être bien que je

sois dans le même corps que lui et que civilement et légalement je porte le même nom que lui et que

cette lettre-ci soit signée de ce nom-là parce que sur cette terre-ci je ne puis en avoir d’autres” (lettre

adressée à Adrienne Monnier de Rodez, le 25 avril 1944).

6 000 / 8 000 €