Surprenante reconnaissance de dette de la part de l'écrivain catholique – le peintre impitoyable du
mal, de l'imposture et de la grâce – envers l'auteur de
Corydon
, conspué par les gardiens du Temple
de l'époque.
Georges Bernanos (1888-1948) ne devait jamais cacher cette manière d'attirance-répulsion qui
marqua ses rapports avec André Gide (1869-1951) : “
Je défie qu'on trouve dans tous mes livres une ligne à sa
louange. Il est vrai que je ne saurais partager la conviction un peu trop sommaire de Paul Claudel ou de Henri Massis, qui
le croient possédé du diable, mais, loin d'être tenté de trop d'indulgence envers lui, j'avoue que je dois faire un effort pour
rester juste à l'égard d'un grand écrivain – l'un des plus grands de notre littérature – et qui honore notre langue.
”
Bernanos ne cessera d'interpeller son aîné sans le nommer dans tous ses livres, jusqu'à l'ultime
Monsieur Ouine
(1943), portrait de l'intellectuel en décomposition dont Gide fut, de l'aveu de son
auteur, la principale source d'inspiration. Il fut même le seul à prendre sa défense lorsque Gide
se vit attaqué par Aragon dans les
Lettres françaises
en novembre 1944.
Et Bernanos de regretter à sa mort de ne jamais l'avoir rencontré.
Quant à André Gide, il fut enthousiasmé par ce premier roman de Georges Bernanos, pourtant
encore proche de l'Action française à l'époque.
Couvertures légèrement usées.
10 000 / 15 000 €