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PROUST, Marcel.
Lettre adressée à Jean-Louis Vaudoyer.
Sans lieu ni date
[samedi 12 avril 1913].
Lettre autographe signée “
Marcel Proust
”, 3 pages in-8.
Remarquable lettre d'intérêt éditorial et littéraire,
quelques mois avant la publication de
Du côté de chez Swann
.
Proust s'inquiète de la forme du livre à paraître dont il aimerait le texte encadré ; il ne l'est pas
sur le spécimen adressé par Grasset qui ne lui convient décidément pas.
Cher ami,
Excusez la brièveté d'un mot écrit au milieu d'une cruelle crise d'asthme. Vous seriez tout à fait gentil
de m'envoyer un pneumatique pour me dire si vous trouvez qu'un petit cadre autour des pages
(comme dans le Voyage à Florence d'André Maurel, mais plutôt rouge) n'est pas bien pour mon livre.
Dans le spécimen que m'a envoyé Grasset il n'y en a pas, mais je crois que cela permet de faire des marges
un peu plus petites et par conséquent les caractères un peu plus gros. Mais du reste c'est bien plus simple,
je vous envoie le spécimen en vous priant de me le renvoyer d'urgence. Vous me direz ce que vous en pensez.
Je trouve le papier trop glacé. Je vous envoie une page d'André Maurel non comme modèle
(je la trouve très mal) mais pour vous soumettre l'idée de l'encadrement, noir ou rouge.
Affectueusement à vous.
Marcel Proust
Puis il s'enquiert de détails techniques :
Qu'est-ce qu'ils appellent l'exemplaire justificatif. Dans le traité il est dit que j'ai une certaine somme
(la seconde) à verser à l'exemplaire justificatif. Est-ce ce spécimen justificatif que j'ai reçu.
Ou bien est-ce le volume entier ?
Enfin, Proust soumet une idée pour le titre général de son roman :
Aimeriez-vous comme titre
Les Intermittences du Passé
Premier volume Le Temps Perdu
Deuxième volume Le Temps Retrouvé
.
Marcel Proust prévoit alors un roman de huit à neuf cents pages divisé en deux tomes. Il a
longuement hésité sur le titre général : en 1912, il proposa en vain à Eugène Fasquelle, puis aux
éditions de la NRF, une dactylographie partielle d'un ouvrage intitulé :
Les Intermittences du cœur. Le
Temps perdu, première partie
.
Écrivain et critique d'art, Jean-Louis Vaudoyer (1883-1963) occupe une place singulière dans
l'œuvre de Marcel Proust. Ils se fréquentaient depuis les Ballets russes et Proust appréciait les
œuvres de son cadet, commentant longuement ses publications, depuis ses articles (dont celui
sur les Ballets russes en 1910 dans
La Revue de Paris
) jusqu'à ses
Poésies
publiées en 1913. Leur
correspondance se poursuivit par la suite.
“Les
Intermittences
du Passé.”
À la
recherche
d'un titre :
ultimes
hésitations
avant
publication
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