L'abondance de signatures fantaisistes cache le faible nombre de collaborateurs. Si la rédaction
n'énonce pas de choix parmi les courants littéraires (…), elle se place sous le signe de ce ‘triomphant
éclectisme du Beau’ que proclame l'exergue de Paul Verlaine, inscrite sur la couverture” (J. Picon).
Les cinq éphémères fascicules ont été analysés par Jean-Yves Tadié dans sa biographie de Proust :
“Dans sa ‘Causerie d'art dramatique’ du numéro 2, Proust commente une représentation d'
Horace
:
après avoir cru à la couleur locale, romaine, de la pièce, il y voit l'âme de Corneille,
à la fois sublime
et subtile, faite d'héroïsme et de raisonnement, âme de soldat patriote et d'avocat patient
. (…) La deuxième causerie
porte sur Gautier vu par Brunetière et fait l'éloge du
Capitaine Fracasse
, livre cher à Proust par sa
résurrection du passé et son art de peintre. Contre Brunetière qui, à la suite de Faguet, déplore
le manque d'idées chez Gautier, il y voit un trait précurseur de la décadence moderne, proche de
France :
Si je fondais jamais une république à la manière de Platon, je la fonderais en pleine décadence ; les Idées en
seraient bannies, les citoyens regarderaient le ciel et songeraient
. Marcel, qui s'affirme, suivant la mode la plus
récente, ‘décadent’, reviendra vite sur cette affiliation.”