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[École Normale d’Instituteurs d’Alger-Bouzaréah].

Voyage

dans la grande Kabylie.

1898-99.

Manuscrit in-folio de 166 ff.

rédigés recto-verso illustrés de 86 photos originales ; demi-toile verte

(

reliure de l’époque

).

L’École Normale d’Instituteurs d’Alger Bouzaréah fut créée par

décret impérial en mars 1865. Et pendant près de cent ans, elle

fournit la majorité des enseignants du primaire en Algérie.

Dans le cadre de leur formation, les apprentis enseignants devaient

entreprendre chaque année un voyage d’étude en Kabylie afin de

mieux connaître leur futur environnement de travail. Ce voyage

durait environ une dizaine de jours en mai.

«

A leur retour à la section (...), les sectionnaires sont chargés de présenter,

dans un compte-rendu, l’ensemble de leurs impressions sur la tournée

qu’ils viennent d’exécuter.

 »

Ce recueil manuscrit donne le compte-rendu de la quinzaine d’élève

de la promotion 1898-99 dont chacun s’étend sur cinq à dix pages

et est agrémenté de vues photographiques prises par les voyageurs

(paysages, populations, excursions...etc).

Le recueil débute par un

Avant-Propos

qui présente les objectifs du

voyage, son organisation et son déroulement - jusqu’à l’ordre de

marche à dos de mulet : «

M. Le Directeur de l’Ecole normale prend la

tête de la colonie et ne permet à personne de le dépasser

 ».

Viennent ensuite les comptes-rendus signés de chaque sectionnaire.

On y apprend le nom de Monsieur Redon, directeur de la promotion,

de celui de Monsieur Bernard, Directeur de l’Ecole Normale et

rédacteur de l’

Avant-Propos

, et de Si Saïd, le professeur de kabyle.

Les futurs instituteurs y décrivent avec plus ou moins de détails les

paysages qu’ils traversent, le mode de vie kabyle, l’agriculture et les

visites faites dans les écoles où bientôt ils enseigneront. L’un décrit les

petits kabyles comme «

des élèves à la mine éveillée, assez propres, ayant

l’air content de venir à l’école

 ».

L’excitation liée au départ est unanime : « 

Et maintenant, songeurs,

attentifs, nous roulons vers l’inconnu, curieux, avides de connaître et de

voir du nouveau

. » Mais le sens critique que chacun exprime donne

des visions parfois très divergentes sur la colonisation. Emile Louast

pense lui que : « 

Le Kabyle est très misérable et atténuer cette affreuse

misère doit être pour la France son seul programme de colonisation

(...) Le Kabyle a l’amour des institutions républicaines. Il semble

connaître aussi bien que nous la devise républicaine : liberté, égalité,

fraternité

. » De son côté, Dupont juge que : « 

La constitution kabyle

était essentiellement démocratique et nous avons peut être commis une

faute en la désorganisant.

 »

Des photographies, souvent jaunies, illustrent fidèlement les

comptes-rendus. Tandis que certaines manquent (8), d’autres sont

reprises plusieurs fois. Un déjeuner, un village kabyle perché sur

une crête, Fort-National, marche à dos de mulet, le groupe posant

avec les élèves d’une école et leurs instituteurs, intérieur de la grotte

de Tiroual, une invasion de sauterelles, la colonne d’Ichriden en

l’honneur des français morts en 1857-71.

Précieux document qui témoigne de la vision pendant la IIIème

République de la Kabylie où les futurs enseignants vont devoir

exercer leur métier, dans des conditions inattendues et souvent

difficiles.

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