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CHARLES X.

Instructions pour Monsieur le Commandant

en Chef de l’Expédition d’Afrique.

Fait à Paris, le 18 avril 1830.

Manuscrit de 17 pp. in-folio protégé dans une chemise en demi-veau

sous emboitage de papier glacé vert foncé portant une étiquette de

maroquin rouge sur le plat supérieur.

Manuscrit original des instructions rédigé à Paris à l’intention

du général de Bourmont, Commandant en Chef de l’expédition

d’Algérie, avant son départ pour Toulon. Signées par le Roi Charles

X et le Prince de Polignac, Président du Conseil des Ministres, elles

portent, intact, le très beau cachet royal fleurdelisé blanc et bleu.

Dirigé par le Prince de Polignac, le gouvernement ultra qui

connaissait alors une grande impopularité, est à l’origine de

l’Expédition d’Afrique. Craignant la victoire de l’opposition, c’est

au cours de la séance d’ouverture de la Chambre, le 2 mars 1830,

que le Roi Charles X annonça la décision de son gouvernement. De

cette déclaration résulta un grand mouvement de l’opposition contre

une expédition qui,

à des fins de politique intérieure, permettait au

régime de sortir « 

des voies de la légalité

 » et n’était qu’un prétexte,

dont le but véritable était le renforcement du pouvoir. On dénonça

cette expédition « 

liberticide

 ». On s’en prit aux hommes qui devaient

en assumer le commandement, surtout à Bourmont alors Ministre

de la Guerre, qu’on jugea avec raison, principal responsable et à qui,

en effet, échut la direction des opérations.

Les instructions débutent par l’ordre au Général de Bourmont de

se faire : « 

rendre compte, à son arrivée à Toulon, des mesures qui

auront été prises pour l’approvisionnement de l’Armée… Il s’assurera des

dispositions faites par la Marine pour l’embarquement et le transport

des troupes, des chevaux et du matériel. Il se concertera avec Mr. le

Commandant en Chef des forces navales pour que l’embarquement

s’opère le plus promptement possible, avec ordre et sans encombrement ».

Le corps expéditionnaire, fort de plus de 37.000 hommes avec 4.000

chevaux, de l’artillerie lourde et légère et un matériel considérable

s’embarqua à Toulon sur 645 bâtiments

.

Si le commandement de l’expédition fut confié au général de

Bourmont, c’est le Vice Amiral Duperré, qui, en raison de la

renommée que ses brillants services lui avaient value, et bien que

connu pour ses opinions libérales, fut nommé commandant en chef

des forces navales de l’expédition. Ces deux chefs, très différents

aussi bien moralement que politiquement, étaient peu faits pour

s’accorder et c’est pour éviter tout différend entre eux que le Roi leur

imposa l’entente.

[Le commandant en chef] «

… s’attachera dès l’ouverture et pendant

toute la durée de la campagne, à établir et à maintenir la plus parfaite

harmonie entre l’armée de terre et l’armée de mer, afin de pouvoir

compter en toute circonstance, sur leur mutuel concours pour le succès

de l’Expédition. Le zèle et le dévouement de la Marine pour le service

du Roi ne permettent pas d’ailleurs de douter qu’elle n’en donne de

nouvelles preuves dans une entreprise dont elle doit partager les dangers

et la gloire

 ».

Etablies dans un ordre rigoureux une trentaine d’instructions

suivent :

«

Monsieur le Commandant en Chef …

- … lorsqu’il sera près des côtes d’Alger fera explorer et reconnaître…de

concert avec Mr. Le Vice Amiral Commandant en chef l’Armée navale,

les points les plus favorables au débarquement…

- …de faire établir fortement les troupes au fur et à mesure qu’elles

débarqueront de manière à les mettre entièrement à l’abri…

- …employera tous les moyens qui sont à sa disposition pour bien

connaître l’état de défense d’Alger et des environs…

- …un des moyens auquel il pourra avoir recours pour agir sur la

population, sera la publication de proclamations…

- …la population [de la Régence d’Alger] est composée de Maures et

d’Arabes et ne supporte qu’avec impatience la domination violente et

arbitraire de quelques milliers de Turcs…

- …engagera les naturels à rester paisiblement dans leurs habitations où

ils ne seront pas inquiétés sous aucun rapport…

- …cherchera à lier des communications et à attirer à lui les chefs des

tribus arabes…[leur] promettra de les délivrer de l’oppression de la milice

turque, mais évitera de prononcer la promesse de l’indépendance…

- …d’éviter avec soin dans les proclamations…de rien faire ou dire qui

ne puisse préjuger sur nos intentions ultérieures à l’égard d’Alger, ou

gêner plus tard la liberté d’action que la France doit se réserver pour

l’organisation et la disposition définitive de ce pays…

- … s’avancera vers Alger pour s’emparer de vive force de la place…

- …les opérations de la guerre seront conduites à la fois avec vigueur et

prudence dans un pays et contre un ennemi peu connus…

- …donnera asyle aux sujets Européens qui pourraient venir dans son

camp réclamer sa protection…

- …s’il pénètre de force dans Alger, il n’écoutera aucune proposition

de la part du Dey, et ne contractera à son égard, d’autre engagement

que celui de lui laisser la vie sauve et de lui accorder, s’il le désire, une

retraite en France…

-… si après le débarquement des ouvertures sont faites par la Régence,

Ordre de marche pour l’expédition d’Algérie

Manuscrit original

L’exemplaire du général de Bourmont, commandant en chef de l’expédition.