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«
Il est... peu probable que j'attende...
pour mettre à exécution mes sombres projets !...
»
1. –
S.l., [date de réception du 27 juillet 1903] : «
Cher ami oublieux (mais pas encore oublié), vous
me ferez d'autant plus de plaisir en me faisant signe un de ces soirs comme vous voulez bien me le
proposer, que j'ai depuis plusieurs jours des commissions à vous faire de Bernstein
[le dramaturge
Henry Bernstein, probablement pour Louisa de Mornand]
.
V
OILÀ
QUE
QUELQU
'
UN
(
MAIS
CETTE
FOIS
CE
N
'
EST
PLUS
UN
HOMME
MAIS
UNE
FEMME
)
M
'
A
ENCORE
BROUILLÉ
AVEC
B
ERTRAND
[
DE
F
ÉNELON
]
.
Bien que cela ne me fasse plus du tout la même chose qu'autrefois et que je n'y pense même pas, tout de
même, par besoin de justice
J
'
AI DES
INTENTIONS
ASSEZ
VINDICATIVES
.
Et peut-être pourrez-vous m'aider,
mais il est pourtant peu probable que j'attende de vous avoir vu pour
METTRE À
EXÉCUTION MES
SOMBRES
PROJETS
!
(lesquels sont tombeau, naturellement)
[Marcel Proust et ses amis appelaient « tombeau »
un secret devant demeurer inviolable jusqu'à la mort]
.
Le soir où vous me donnerez rendez-vous, je ne pourrai sans doute pas
dîner
avec vous, parce qu'en ce
moment les jours où je me lève (ce n'est pas tous les jours), je sors (nouveau système) vers six heures,
ayant pris q
[uel]
q
[ue]
chose déjà et je ne dîne pas. Mais je pourrai vous voir où vous voudrez. Et si
cela tombait un jour où je ne pourrais sortir, je m'arrangerai... à pouvoir alors vous recevoir chez moi.
J'espère que votre amie va bien
[Louisa de Mornand]
. Mettez-moi à ses pieds et croyez-moi, mon
cher ami, bien affectueusement à vous... Lauris
[l'écrivain et critique Georges de Lauris, qui prêta
quelques-uns de ses traits à Robert de Saint-Loup dans la
Recherche
]
vous aime beaucoup et est
touché de vos gentilles cartes.
»
2. –
S.l., [date de réception du 1
er
août 1903] : «
Cher ami, c'est encore moi qui viens vous embêter.
J'
AI PENSÉ QUE LA MANIÈRE VOILÉE ET
INSINUANTE DE PARLER À
B
ERTRAND AVAIT PEUT
-
ÊTRE L
'
INCONVÉNIENT
SUIVANT
: si par hasard Antoine
[Bibesco]
(que je crois trop délicat pour l'avoir fait, du reste) lui avait
raconté que j'étais venu le solliciter pour un de mes amis, Bertrand pourrait reconstituer que c'est
vous, ce qui ne serait pas bien grave. Mais alors il verrait que je lui mens en lui disant "que je ne sais
pas pourquoi vous êtes ennuyé, que je ne sais pas si c'est pour une affaire d'argent, etc." – puisqu'il
comprendrait que quelques jours avant j'ai demandé carrément la chose à Antoine. Le mieux serait
peut-être de dire à Bertrand : "Je
sais
qu'Albu est ennuyé, et
pourquoi
(sans dire de chiffres). S'il
ne t'en parle pas, c'est évidemment par délicatesse, pour ne pas te gêner. Avec moi, il n'a pas le même
scrupule à avoir puisqu'il sait que je n'ai pas comme toi une grand' nièce, des oncles, des parents
fort riches, et que personnellement je n'ai rien" (ceci pour qu'il ne soit pas froissé que je sois dans la
confidence et lui pas).
Et alors, je dirais ceci : "Ennuyé de le voir dans les difficultés, je viens te demander, mon petit Bertrand
si, le cas échéant, tu pourrais faire q
[uel]
q
[ue]
chose pour lui, et ce que tu pourrais faire. Si ta réponse
est que tu peux faire quelque-chose, j'irai lui dire que je veux absolument qu'il t'en parle et qu'il
s'adresse à toi. Si au contraire tu ne peux rien faire, il est inutile que je le fasse sortir de la réserve que
lui dicte sa délicatesse et d'où il ne sortira certainement pas de lui-même"; en tous cas ne vous fatiguez
pas à me répondre.
Il n'est d'ailleurs pas certain que je le voie aujourd'hui, je lui ai fait demander par Lauris qui me dit
que les médecins y vont aujourd'hui, quand il pourrait me recevoir. Et comme cela ne presse pas...,
j'attendrai peut-être de vous avoir revu et de m'être concerté avec vous pour rien faire. En tous cas,
cependant, je compte dimanche amorcer les choses. Si vous préfériez que ce fût plus tôt, je suis à vos
ordres et au premier signe de vous. Si vous n'avez pas de préférences, ne me répondez pas... Je suis
toujours indécis sur la forme à donner à la chose. Je vais peut-être écrire un mot à Bertrand... En tous
cas je ne ferai rien avant ce soir 5 heures, pour vous laisser le temps de me dire de ne rien faire si vous
changez d'avis.
»