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«
I
L
PARAÎT QUE
VOUS AVEZ DIT À
P
ARIS QUE
CERTAINES
PERSONNES
(!)
DISAIENT
QUE
JE
"
FLIRTAIS
"
AVEC
L
OUISA
...
»
«
M
ON
PETIT
A
LBU
,
JE
CONTINUE
LES
TOMBEAUX
[Marcel Proust et ses amis
appelaient « tombeau » un secret
devant demeurer inviolable jusqu'à
la mort]
, celui-là je n'ai pas pu le dire
devant Louisa.
I
L
PARAÎT
QUE
VOUS
AVEZ
DIT
À
P
ARIS
QUE
CERTAINES
PERSONNES
(!)
DISAIENT
QUE
JE
"
FLIRTAIS
"
AVEC
L
OUISA
(et ce
n'est pas le verbe que vous auriez
employé). Qu'est-ce que c'est encore
que ça ? Vous avez voulu faire une
plaisanterie mais je vous avoue qu'elle
m'est infiniment désagréable et
multiplie les avantages qu'il y aurait à
nous brouiller.
Q
UANT
À
CE
QUE
VOUS M
'
AVEZ
DIT
HIER
À
PROPOS
DE
B
ERTRAND
[
DE
F
ÉNELON
]
:
"
NE LE VOYEZ PAS ET
IL VOUS REVIENDRA
".
C'
EST
ABSURDE
.
Si je souhaitais que
Bertrand "me revienne", comme vous
dites, si j'étais triste qu'il ne soit,
dans une mesure sur laquelle je crois
d'ailleurs que vous vous méprenez (pas
dans le sens que vous croyez), alors je
n'aurais pu avoir pour vous l'amitié
que j'ai eue, que j'ai, puisque c'est vous qui êtes la seule cause de ce changement (qu'il nierait mais qui
est réel) dans ses sentiments. Loin d'avoir pour vous de l'amitié, j'aurais contre vous une amère rancune.
Or est-ce là ce que je vous ai témoigné. Et ne vous ai-je pas au contraire témoigné toujours une amitié
impuissante mais sincère ? – La question était toute différente.
J
E
NE
DÉSIRE
AUCUN
RAPPROCHEMENT
DE
CŒUR
PLUS
GRAND
AVEC
B
ERTRAND
;
MAIS
PEUT
-
ÊTRE
,
JE
N
'
EN
SAIS
RIEN
,
AURAIS
-
JE
ENVIE
DE
LE
VOIR
TRÈS
SOUVENT
pendant son séjour. Et je disais seulement que je craignais que les complications Bibesco
n'empêchent Bertrand de me voir. Or si je désire le voir, cela me contrariera. Et si cela doit avoir pour
conséquence "qu'il me revienne", cela ne sera nullement une compensation puisque je ne le désire pas.
8
PROUST
(Marcel). Lettre autographe signée
«
Marcel
». S.l., [date de réception du 25 mars
1904].
800/1.000
4 pp. in-8, liseré de deuil ; apostille autographe du destinataire,
«
25 mar. 04, re
[çu]
, rép
[ondu] ».