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les collections aristophil

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GUSTAVE COURBET (1819-1877)

Lettre autographe signée

Besançon, 9 décembre 1837

3 p. sur 1 double f. in-8 (13 x 18,2 cm)

4 000 / 5 000 €

Lettre autographe signée à ses parents.

Alors interne au collège royal de

Besançon où il suit les cours de dessin de

Charles-Antoine Flajoulot (ancien élève de

Jacques-Louis David), Courbet annonce à

ses parents qu’il est résolu à quitter ses

classes : « On m’a rebuté en me mettant au

collège et maintenant je suis trop prévenu

pour pouvoir y faire quelque chose. Je

quitte mes classes à regret, n’ayant plus

qu’un an surtout, et je sais bien que je

m’en repentirai plus tard, mais n’importe,

je ne pourrais pas les finir ici. »

Dans cette lettre, le jeune Courbet exprime

sa révolte : « puis qu’on s’est montré dune

tel opignatreté a mon egard, cela ma

degouté totalement », « je deserte, voici

déjà assez longtemps quon me fait perdre

mon temps. » Ainsi, l’artiste manifeste

l’insubordination de son caractère, rétif à

l’autorité et au système : « on a voulu me

forcer, et toute ma vie je nai jamais rien

fait de force. »

Petits manques et déchirures marginaux

sans atteinte au texte, trace de pli

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GUSTAVE COURBET (1819-1877)

Lettre autographe signée à ses

parents

Paris, 15 juillet [1870]

4 p. sur 1 double f. in-8 (20,9 x 13,5 cm)

8 000 / 10 000 €

Importante lettre autographe signée

de Courbet à ses parents au début de

la guerre franco-prussienne de 1870.

La mobilisation générale vient d’être

approuvée par la Chambre et la déclaration

de guerre ne va plus tarder : « La guerre

est déclarée, les paysans qui ont voté oui

vont la payer cher. Tout en débutant on

va tuer cinq cent mille hommes, et ça

n’est pas fini […] » Morbide présage de la

série de défaites que la France s’apprête

à subir.

Mais curieusement, c’est une autre affaire

qui occupe le peintre, son refus de la

Légion d’honneur. Maurice Richard, alors

ministre des Beaux-Arts avait proposé

Courbet pour l’attribution de cette

décoration, sans en prévenir le peintre.

Par décret du 18 juin 1870, il est nommé

chevalier de la Légion d’honneur.

Après l’annonce de la nouvelle, Courbet

publie une tribune, le 23 juin suivant, dans la

revue

Le Siècle

pour refuser la distinction.

Dans la présente lettre, Courbet rapporte

à ses parents les différentes réactions que

son geste a suscité : «. J’ai reçu trois cents

lettres de compliments comme jamais de

la vie homme au monde n’a rien reçu.

De l’avis de tout ce monde je suis le

premier homme de France. M. Thiers

m’a fait venir chez lui pour me faire

ses compliments, je reçois jusqu’à des

princesses pour le même but, et une m’a

donné un dîner de 80 ou 100 personnes

pour me féliciter. C’était toute la presse de

Paris et les savants. Il faut que je tienne

mon chapeau dans la main comme les

curés le long des rues. »

Courbet n’a pas attendu la Commune

pour défendre ses positions politiques, en

art comme dans la vie.

Provenance :

- Ancienne collection Fumey (timbre

humide "Fumey, avoué à Besançon")

Petits trous sans gêne pour la lecture du

texte, restaurations le long des pliures,

timbre humide et 1 chiffre au stylo bleu au

1

er

f. sur le texte

Manuscrits du XVII

e

au XIX

e

siècle

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