les collections aristophil
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HITCHCOCK ALFRED 1899 1980
Stage Fright (Le Grand Alibi)
storyboard. Circa 1949.
130 feuillets dessinés à la mine de
plomb au verso.
Chemise d’origine de toile noire
estampée à froid.
Etiquette collée sur le premier plat
avec la mention manuscrite
« Stage Fright R.Todd / M. Dietrich /
M. Wilding ». L’ensemble sous
emboîtage titré de papier glace ivoire
collé sur toile.
50 000 / 60 000 €
Découpage dessiné de son film « Stage
Fright ». 340 dessins à la mine de plomb
de sa main dont un rehaussé au crayon
bleu, chaque feuillet comporte trois cases.
46 cadres sont restés vierges et 22 dessins
ont été barrés. Numérotation dans la marge
à la mine de plomb et au crayon rouge.
« Stage Fright » (Le Grand Alibi) tourné en
1950 si situe dans l’œuvre d’Hitchcock entre
les « Amants du Capricorne » et « L’inconnu
du Nord Express ». Comme les Amants…
le film fut tourné à Londres dans une
atmosphère très britannique avec Marlène
Dietrich dans le rôle principal. Jonathan
Cooper (interprété par Richard Todd) est
amoureux d’une actrice. Soupçonné d’avoir
assassiné sa femme, il convainc son amie
Eve (Jane Wyman) de l’aider à prouver son
innocence. On retrouve là un des thèmes
fondamentaux d’Alfred Hitchcock, celui de
l’innocent injustement persécuté.
Le film déconcerta à l’époque par l’emploi
d’un « flashback mensonger », un procédé
que n’avait jamais encore osé un cinéaste.
Hitchcock s’en justifia ainsi : « Dans les films,
nous acceptons très bien qu’un homme
fasse un récit mensonger. Par ailleurs,
nous acceptons très bien aussi lorsqu’un
personnage raconte une histoire passée que
celle-ci soit illustrée en flashback comme
si elle se déroulait au présent. Dans ce cas,
pourquoi ne pourrions-nous pas également
raconter un mensonge à l’intérieur d’un
flashback ? »
Ce découpage dessiné du film est une
parfaite illustration de la méthode d’Alfred
Hitchcock, chaque scène est précisément
écrite, et le film est entièrement dessiné plan
par plan selon l’angle de vue décidé de sorte
que les storyboards d’Hitchcock sont une
préfiguration exacte de ce qui va apparaître
à l’écran. Lorsque le tournage commence,
le réalisateur n’a plus qu’à suivre le canevas
qu’il a minutieusement élaboré, laissant le
moins de place possible à l’improvisation.
On prétend que sur un plateau il ne regardait
jamais lui-même à travers le viseur de la
caméra, tant ils savaient exactement ce qui
allait apparaître à l’écran.
Ayant suivi une formation de dessinateur, le
cinéaste d’un trait stylisé mais vivant, fixe sur
le papier chaque image du film. Ainsi pour
la scène d’ouverture, alors que Jonathan et
Eve fuient la police en voiture, on passe d’un
plan, général du paysage à un gros plan sur
le radiateur de la voiture, puis sur les deux
personnages à l’avant. Le plan suivant montre
ce qu’ils ont dans leur champ de vision, la
voiture fonçant vers la caméra.
A la lecture du storyboard, une tension
s’installe, on est déjà dans l’action.
Rarissime document entièrement réalisé
par le maître du suspense.