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les collections aristophil
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ALEMBERT Jean Le Rond d’
(1717-1783) philosophe et
mathématicien, un des directeurs de l’
Encyclopédie
[AF
1754, 25
e
f].
L.A., Paris 19 octobre [1753], à la marquise
DU DEFFAND
au
château de Nanteau par Nemours ; 3 pages in-4, adresse
(lettre déchirée par le milieu et bien recollée, petit manque
par bris de cachet).
2 000 / 2 500 €
Très belle lettre sur l’
Encyclopédie
.
Il était inquiet de sa correspondante dont la dernière lettre était triste
et noire. Il parle alors de son article
Chronologique
dans l’
Encyclo-
pédie
: « Je crois bien que le P. HENAULT ne m’en remerciera pas. Il le
devroit pourtant ; car je dis que nous avons en notre langue plusieurs
bons ouvrages en ce genre, le sien, celui d’un nommé Macquer (qui
vaut mieux quoique je ne le dise pas) et celui de deux Benedictins
(qui vaut mieux que les deux precedens, mais que je me contente
de nommer). Il fera sur l’academie tout ce qui lui plaira. Ma conduite
prouve que je ne desire point d’en être, et en vérité je le serois sans
lui si j’en avois bien envie, mais le plaisir de dire la verité librement,
quand on n’outrage ni n’attaque personne, vaut mieux que toutes les
academies du monde »...
À propos de
l’Encyclopédie
, « ouvrage important sur lequel la nation
a les yeux », plusieurs critiques ont été faites, notamment par « des
gens qui se disent mes amis, comme CONDILLAC & GRIMM »...
Il ira à Fontainebleau et verra QUESNAY... « Je jouis actuellement d’une
tranquillité qui me rend fort heureux. Je mène une vie fort retirée, et
je m’en trouve à merveille ». Quant à sa mentalité de quaker, « plus on
est quaker avec les gens qu’on meprise, plus on est sensible a l’amitié
des personnes qu’on aime et qu’on estime »... Il annonce que Mme
d’Aumont et le vicomte de Chabot sont morts de la petite vérole...
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ALEMBERT Jean Le Rond d’
(1717-1783) philosophe et
mathématicien, un des directeurs de l’
Encyclopédie
[AF
1754, 25
e
f].
L.A., Paris 23 juin [1758], à l’abbé MORELLET à Rome ;
3 pages in-4, adresse avec reste de cachet de cire rouge
(petite déchir. par bris de cachet).
1 500 / 2 000 €
Belle lettre sur les nouvelles du temps, avant son voyage en Italie
.
Il se prépare à partir pour son voyage en Italie et à Rome, en pas-
sant « huit à dix jours à Lyon » ; il est très impatient de voir les Alpes,
« sauf à culbuter comme votre chaise. Ce que vous me dites de
la vie de Rome ne me fait point peur, je saurai bien me mettre à
mon aise et mener la vie qui m’y conviendra ». Il est furieux contre
l’abbé de Cussé qui a emporté son itinéraire… Il va s’acquitter des
commissions de Morellet auprès de Turgot, de Mme Geoffrin, de
Watelet, de DIDEROT qu’il voit dans quelques jours... Il cite une
lettre du roi FRÉDÉRIC II de Prusse au marquis d’Argens à propos
d’Olmutz, et ajoute : « J’ai fait des vers pour mettre au bas de son
portrait [...] qui sont à sa gloire sans etre à la honte de personne »...
Il annonce que le Prince de BRUNSWICK a passé le Rhin et « nous
a poussés jusqu’à Nuys vis à vis Dusseldorf. On attend une bataille
[...] Les anglois ont fait une descente à S
t
Malo, brulé 80 vaisseaux,
toutes nos corderies, & fait plusieurs millions de dommage. On craint
fort qu’ils n’aillent à Brest »...
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