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172

les collections aristophil

+

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CONDORCET JEAN-ANTOINE-

NICOLAS CARITAT,

MARQUIS DE (1741-1794)

MANUSCRIT autographe,

Questions principales auxquelles

peuvent se réduire les discussions

sur la Constitution

, [1792];

16 pages in-4 sur 4 bifoliums chiffrés

1 à 5 (manque le 4).

4 000 / 5 000 €

Importantes questions préalables pour la

préparation de la Constitution de l’an III,

reposant sur l’égalité, et sur la question du

respect de la souveraineté du peuple par

ses représentants

.

Élu à la Convention, Condorcet a été nommé

membre du Comité de constitution le 11

octobre 1792. Il pose ici 24 questions; puis,

après un manque, il livre des réflexions sur

l’élection. Ce manuscrit présente de nom-

breuses ratures et corrections, avec des

additions dans la marge de gauche.

« 1

ère

L’égalité de droits entre les hommes qui

ont l’usage entier de leur raison ne permet

pas d’établir pour admettre à l’exercice

des droits des citoyens aucune condition

dépendante de la possession de propriétés

foncières, de la richesse &c. mais seule-

ment les conditions nécessaires pour que ce

droit puisse être exercé avec ordre. Il s’agit

donc de déterminer 1° à quel âge on pourra

exercer le droit de Citoyen 2° comment on

reconnaîtra qu’un individu doit être Citoyen

dans la république et non dans un autre état,

qu’il doit exercer son droit dans telle portion

du territoire français et non dans telle autre.

2

e

La république française étant trop étendue

pour que les Citoyens puissent se réunir

dans une seule assemblée, ils ne peuvent

donc exercer immédiatement leurs droits

qu’en se partageant dans un grand nombre

d’assemblées»; il faut définir les limites de

ces assemblées

primaires

« 3

e

Une assemblée qui ne renferme qu’une

portion des membres de la république ne

peut émettre un veu que pour réclamer la

réparation d’un grief, la révocation d’une loi

injuste, l’adoption d’une loi necessaire […]

4

e

Des assemblées qui délibèrent séparé-

ment ne peuvent émettre un veu commun

qu’en répondant

oui

ou

non

sur une question

proposée à toutes dans les même termes.

Dans quel cas est-il utile de consulter sous

cette forme l’universalité des assemblées

primaires et dans tout autre cas que celui de

l’acceptation

ou du refus d’une

Constitution

qui sera chargée de poser les questions ?

5

e

Le veu national étant évidemment pro-

noncé pour une Constitution représentative,

où toute l’autorité nationale réside dans une

assemblée de députés élus pour un tems

où ce corps législatif soit un, où ses actes

ne soient soumis à aucune ratification, où ils

aient force de loi par eux-mêmes; à quelles

formes peut-il être utile d’assujettir ces actes

pour prévenir les dangers de la précpitation

ou du défaut d’examen [...]

6

e

Toute hérédité étant proscrite, et même

l’institution d’une place à vie ne pouvant

être proposée sans blesser l’esprit général

de la nation, la fonction de procurer et de

surveiller l’exécution des loix, d’administrer et

de diriger les moyens de défense extérieure,

d’agir au nom de la nation dans les relations

avec les puissances étrangères, ne peut être

confié qu’à un corps d’hommes choisis pour

un tems, Quel sera le nombre de ces agens,

pour combien de temps seront-ils élus […]

8

e

Le territoire français étant trop étendu pour

qu’il n’y ait pas plusiers ordres de divisions,

combien en admettra t’on ? […]

18 Lorsque le peuple a conféré une fonction

pour un tems déterminé par la loi, doit-il

conserver le droit de révoquer le pouvoir

qu’il a donné ? […]

20 N’est-il pas utile d’établir des jurés pour

les procès civils, et d’instituer un arbitrage

forcé qui amène un jugement d’équité après

lequel on pourrait seulement réclamer devant

un tribunal l’application sévère de la loi ? […]

23. Y aura-t-il un juri national pour les crimes

contre la liberté et la sureté de l’état»… Etc.

Sur le feuillet 5, Condorcet réfléchit au sys-

tème électoral, qui ne doit pas être « exposé

à l’influence de la corruption et de l’intrigue»,

afin d’obtenir ce « degré de tranquilité inté-

rieure, et par conséquent d’ordre public et

d’obéissance aux loix sans lequel une société

ne peut exister longtems, sans lequel une

nation tomberait necessairement dans la

faiblesse et la misère et marcherait à grand

pas vers sa destruction»… Etc.