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La première représentation de
Columbus
eut lieu le 16 février 1835 au
Stadt-Theater de Magdebourg. L’ouverture fut donnée en concert à
Leipzig le 2 avril puis le 2 mai; l’effet produit par les six trompettes dans
le salon de l’hôtel fut stupéfiant, et remplit les auditeurs d’épouvante.
Wagner en conçut un attachement particulier pour cette œuvre et en
emporta la partition avec lui lorsqu’il partit pour Paris à l’automne 1839;
il la présenta alors au chef d’orchestre Habeneck, à qui il remit «la
partition et les parties d’orchestre», et qui fit exécuter «mon ouverture
de
Christophe Colomb
pendant une répétition de l’orchestre, ce que
je considérai comme une encourageante gracieuseté du vieux musi-
cien, car il ne pouvait être question d’introduire cette œuvre dans un
des célèbres Concerts du Conservatoire. Malheureusement, je dus
me rendre compte que je ne retirerais aucun avantage de cet essai,
car ma composition de jeunesse, écrite à la légère, n’avait réussi à
donner de moi à l’orchestre qu’une opinion confuse». Il la fit rejouer
le 4 février 1841 au concert de Valentino, mais ce fut un échec : «ces
malheureuses trompettes, aux couacs réguliers sur les sons les plus
tendres, causèrent aux auditeurs un mécontentement notoire. […] Je
ne me dissimulai pas que j’avais subi un échec complet et qu’après
cette débâcle Paris n’existait plus pour moi».
La musique de scène de
Columbus
est perdue; seule subsiste l’Ou-
verture (WWV 37). Elle est en mi bémol majeur (Es-Dur). On y relève
(comme Wagner le reconnaîtra plus tard) l’influence marquée de Felix
Mendelssohn-Bartholdy et de sa
Meerestille
und glückliche Fahrt
.
La partition autographe complète de cette œuvre est aujourd’hui
perdue. Elle connut en effet un sort mouvementé. Wagner l’envoya
au chef d’orchestre Louis Antoine Jullien, qui donnait alors des
concerts à Londres. Mais celui-ci la refusa et voulut la renvoyer
au compositeur mais Wagner fut incapable de payer le port. Des
années plus tard, un ami de Wagner essaya de la récupérer, mais
le dernier membre de la compagnie où elle avait été entreposée
venait de mourir. Aperçue en 1889 chez un libraire d’occasion, elle
est restée introuvable.
Le présent manuscrit est l’une des quelques parties instrumentales,
seules à subsister, de l’œuvre. Il présente de notables variantes avec
la version éditée en 1907 par les soins de Felix Mottl, d’après une
copie manuscrite figurant à la Bibliothèque nationale de Berlin (
Vier
Ouvertüren für Orchester
, Leipzig, Breitkopf und Härtel, 1907). C’est
la partie de violoncelle, soigneusement écrite par Wagner lui-même
à l’encre brune sur papier à 16 lignes; la première page est écrite
au verso du titre, et les pages 2 et 3 sur deux feuillets séparés collés
dos à dos à la cire à cacheter; on note une mesure soigneusement
biffée, ainsi que, d’une autre main, quelques signes de liaison ou
d’accentuation au crayon. Les différents mouvements qui se succèdent
sont:
Allegro di molto agitato; Andante; Tempo p
mo
; Andante; Tempo
p
mo
; Andante; Tempo p
mo
(«espressivo e marcato»,
puis
«con tutta
sforza»…); Andante; Tempo p
mo
(«con fuoco»,
puis
«con tutta sforza»);
Andante;
et enfin
Prestissimo.
musique