les collections aristophil
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905
APOLLINAIRE GUILLAUME
1880 1918
L.A.S.,
circa 1913, à Jean-Emile
LABOUREUR; 1 page et demi oblong.
1 500 / 2 000 €
Lettre autographe signée de Guillaume Apol-
linaire au peintre graveur Laboureur, sur un
projet d’exposition d’estampes.
[…] « J’ai été tellement démoli par le déména-
gement, que tout temps m’a manqué, m’a fui
pour ainsi dire. Derain est si veule que je crois
qu’il n’enverra jamais. Cependant Dufy, bien
au contraire, enverrait bien volontiers des
gravures mais voudrait je crois une lettre de
vous d’un acheteur. Mettez-vous en relation
avec lui. C’est un garçon charmant, presque
arrivé, gagnant beaucoup d’argent, débrouil-
lard et plein de talent comme vous savez. »
906
ARAGON LOUIS 1897 1982
L.A.S.,
circa 1923, à Denise LEVY;
2 pages in-4.
700 / 800 €
Très belle lettre de Louis Aragon à l’encre
sur un ton un peu désespéré à Denise Levy
dont il fût très amoureux et qui lui inspira
le personnage de Bérénice pour son roman
Aurélien. Denise Levy cousine de Simone
KAHN, première femme d’André BRETON
épousa en seconde noce Pierre NAVILLE.
« Ce matin par exemple, croyez-vous que je
suis entré dans la chambre de Naville, et qu’il
y avait deux photos de vous, chez lui, deux
photos où vous êtes si douce, grandes les
photos de Man Ray et c’est absurde, et je
ne devrais jamais vous le dire, et j’ai honte :
mais j’étais jaloux à crier, jaloux c’est cela.
Triste aussi triste à mourir. Et cependant,
pardon. Denise pardon […] »
[…] « Oui vraiment vous êtes à moi, comme
la lumière, O ma lumière. Ainsi parle peut-
être un aveugle. Ce matin nous jouions au
« Cyrano » à ce jeu horrible, nous imaginer
chacun avec une infirmité, une mutilation.
Eluard disait que je ferais un bel aveugle.
Le propos me poursuit. Mais je suis déjà
un aveugle ce n’est pas une image, un
aveugle avec un grand brouillard d’amour
dans les yeux. Denise détruisez cette folie,
écrivez-moi, riez, dites-moi que je suis ridi-
cule, riez, riez de Louis A. »