Previous Page  87 / 172 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 87 / 172 Next Page
Page Background

°

209

Heures de Pierre Fijan (Fitzjean)

Livre d’heures (usage de Besançon)

En latin et français, manuscrit enluminé sur parchemin

Avec 5 miniatures par le Maître du Missel de Troyes

ou son atelier

France, sans doute Franche-Comté (Besançon ?), vers 1460

97 ff. complet [collation: i + ii (feuillet de vélin avec armoiries de Pierre

Fijan) + I

6

- II

6

+ III

4

+IV

8

- VII

8

+ VIII

6

+ IX

8

- XIII

8

+ XIV

4

], écriture gothique

à l’encre brune, texte sur une seule colonne, sur 16 lignes, réglure à

l’encre rouge pâle (justification, 95 mm x 69 mm), réclames. Manuscrit

grand de marges et peu rogné. Avec 5 grandes miniatures introduisant

les grandes divisions liturgiques (il ne manque pas de miniatures : au

sein des Heures de la Vierge, seules matines sont illustrées, les autres

heures (laudes à complies) sont introduites par des bordures enluminées

aux trois-quarts; en tout 14 feuillets avec bordures enluminées (feuilles

d’acanthe de couleur, motifs floraux, fruits et feuilles de vigne à l’or bruni

sur fonds réservés), 14 grande initiales bleu ou rose foncé avec rehauts

blancs et décor floral de couleur ou décor doré (fol. 91v et fol. 94v)

sur fonds à l’or bruni, nombreuses plus petites initiales à l’or bruni sur

fonds bleu ou rose foncé, bout-de-ligne avec même décor; au feuillet

41v, initiale décorée avec une tête de lion tracée en blanc sur un fond

rouge-vin [on notera que le château de Talmay a appartenu avant son

acquisition par Pierre Fijan à la famille Champlitte-Pontailler dont le

blason est « De gueules au lion d’or »]. Reliure de plein maroquin rouge,

dos à 5 nerfs cloisonné et fleuronné, plats ornés d’un décor à la Duseuil,

avec double encadrement composé de triple filets dorés, fleurons

dorés aux angles de l’encadrement intérieur, armoiries (famille FIJAN

ou FITZJEAN) dorées poussées au centre des plats, traces de fermoirs

(manquants). (Bon état général; quelques tâches; reliure un peu frottée

mais en état correct; petite perte de surface picturale au visage de la

Vierge dans l’Annonciation; effet « nuages » ou perte de peinture au ciel

dans la miniature pour l’Office des morts; décharges de forme circulaire

(i.e. ff. 9, 71, 97) sans doute des traces de pièces et enseignes de

pèlerins un temps cousues). Dimensions: 198 mm x 140 mm.

Les miniatures de ce livre d’heures sont attribuables à l’un des artistes

prolifiques de l’enluminure gothique (ou son atelier), le Maître du Missel

de Troyes, identifié depuis les travaux de François Avril (1993 et 2007).

On attribue au Maitre du Missel de Troyes la décoration d’un magni-

fique missel à l’usage de Troyes copié par le scribe Jean Coquet vers

1460, et conservé aujourd’hui à Paris (Paris, BnF, lat 865A; voir Avril

et Reynaud, 1993, no. 97, pp. 182-183). Il se caractérise notamment

par un traitement des visages lunaires et aux carnations très ombrées,

des ciels étoilés au bleu profond et sombre, éclairés par une lumière

zénithale aux larges rayons. On admire les détails réalistes, le modelé

des chairs et le traitement des arbres et végétation d’un vert vif.

De ce même artiste baptisé Maître du Missel de Troyes, on connait un

petit groupe de manuscrits dont Troyes, Médiathèque, MS 117, Missel

de Saint-Jean-au-Marché; Paris, BnF, lat. 11972-11974, Postilles de

Nicolas de Lyre; Troyes, Médiathèque, MS 3897, Heures à l’usage de

Troyes, acquisition par la Médiathèque de Troyes (Christie’s, 19 novembre

2003, lot 22) (voir Avril et Reynaud, 1993, pp. 181-184, avec une liste

plus développée des manuscrits de la main du Maître du Missel de

Troyes : Paris, BnF, lat 10471, lat 13273; Marseille, BM, MS. 112; Nancy,

BM, MS. 36; Avril, F., M. Hermant, F. Bibolet, 2007, p.78 et pp. 126-134

; voir aussi la liste fournie par Plummer, 1982, p. 60, no. 79).

Si le Maître du Missel de Troyes fut effectivement actif à Troyes en

Champagne, il travaille aussi pour des mécènes et commanditaires

franc-comtois. Il apparait que l’artiste ait effectué des séjours voir

une seconde partie de sa carrière en Franche-Comté (Besançon ?),

où il semble avoir travaillé pour des mécènes comtois tel Charles de

Neuchâtel, archevêque de Besançon (1463-1480) (voir son superbe

Missel, Auckland, Auckland City Librairies, Special Collections, Med.

MSS G. 138-139). On citera un autre livre d’heures conservé à New

York, Pierpont Morgan Library, MS M 28.

Provenance

1. Manuscrit copié en Franche-Comté, sans doute à Besançon sur des

bases stylistiques. Par ailleurs, ceci est confirmé par l’usage liturgique

des Heures de la Vierge, clairement à l’usage de Besançon, avec de

surcroît un calendrier qui compte plusieurs saints bisontins.

2.

Pierre Fijan I (Filsjean, Fitzjean, Fitzjan, Figeon) de Grandes-

Maisons

(Grandmaison), baron de Talmay avec ses armoiries peintes

sur le fol. ii et reportées au centre des deux plats, serties de la devise

“Duce sydere cœlum crux dabit.” Les armoiries se blasonnent comme

suit :

D’azur au chevron d’or accompagné de trois étoiles de même,

au chef d’azur, chargé de trois croix pattées de gueules

. Pierre de

Fijan était maître à la chambre des comptes de Paris. Il acquiert en

1692 le château de Talmay (Côte-d’Or) en Bourgogne, aux confins de

la Franche-Comté aux héritiers de Charles de Dordelu Garnier. Talmay

est équidistant de Dijon et de Besançon.

Une mention au crayon indique “Armoiries de Pierre Fitzjean. 1736” :

les armes sur les plats ont pu être rajoutés à la génération suivante,

par exemple par un de ses fils (Etienne, mort en 1751; André, mort en

1747). Il eut un autre Pierre Fijan de Talmay, conseiller au Parlement

de Bourgogne, né en 1714, conseiller au Parlement de Bourgogne, qui

épousa Françoise de la Toison : elle fit rentrer dans le patrimoine des

Fijan l’Hôtel de la Toison à Dijon.

3. Vignette ex-libris imprimée du XVIII

e

s.: “B. Riambourg, Prêtre.” Il s’agit

sans nul doute de

Bernard Riambourg

(mort en 1838), né à Vitteaux

en 1747 (Chomton (1900), 328). Il fut vicaire de Notre Dame de Dijon.

On conserve un autre ouvrage avec cet ex-libris à la Pierpont Morgan

Library:

Bibliotheca Fayana

(Paris, 1725).

Manuscrits

209

85

Livres & Manuscrits

20 février 2020