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[MANUSCRIT]. [THÉÂTRE]. [SILVESTRE (Israël)].
Les Plaisirs de l’Isle Enchantée. Course de Bague; collation
ornée de Machines. Comedie, meslée de Danse et de Musique.
Ballet du Palais d’Alcine; Feu d’Artifice : & autres Festes galantes
& magnifiques faites par le Roy à Versailles le vin.
May 1664 & continuées plusieurs autres Jours
.
A Paris,
De l’Imprimerie Royale, 1673
En français, manuscrit et imprimé, avec 9 gravures (I. Silvestre),
une gravure au titre manuscrit, un bandeau gravé (F. Chauveau)
France (?), seconde moitié du XVIII
e
siècle [après 1743]
In-folio, 1 f., 92 pp., écriture cursive et à l’encre brune sur papier en
français, 9 planches gravées. Reliure d’époque de pleine basane brune,
dos à huit nerfs cloisonné et fleuronné, pièce de titre de cuir rouge,
mention sur le plat supérieur à l’encre noire « Dessiné et gravé par Israel
Silvestre » (fortes épidermures, griffures et manque de matière
sur les plats, coiffes arasées, coins émoussés, mors fendus).
Dimensions : 420 x 280 mm.
Provenance
1. Ex-libris d’
Albert-Philippe-Charles vicomte van Vaernewyck d’Angest
(1762-1841), à ses armes
de sable à trois lions d’argent posés 2 et
1
et à sa devise « laet vaeren nydt », signé F. Heÿlbrouck, Belgique.
Son nom est également rapporté en haut à gauche de la contregarde.
2. Ex-libris de la famille
de Rubempré
originaire de Wallonie et installée
dans la Somme en Picardie à leurs armes :
d’argent à trois jumelles
de gueules.
La famille s’est éteinte avec Philippe de Rubempré (1650-
1707), dernier du nom, prince de Rubempré et d’Everberghe, comte
de Vert, Vertain et Vertigneul, seigneur de Winnezeele et autres lieux,
grand veneur et maître d’hôtel du roi, chevalier de la Toison d’or, ont
été repris par son beau-fils Philippe-François de Mérode-Montfort
(1669-1742), marié avec Louise de Rubempré en 1704, qui transmit
son titre à sa descendance.
Manuscrit des
Plaisirs de l’Isle enchantée
. Copie de l’édition de 1673
(Paris, Sébastien Marbre Cramoisy), avec des différences. Bel état des
neuf gravures d’Israël Silvestre, illustrant la fête.
Une longue note, contrecollée au recto de la première garde, est
calligraphiée en lettres romaines : « Avec neuf planches. Cet ouvrage
représente un des 23 tablaux qui sont dans le cabinet du roi de france.
Ce recueil se compose de volume d’estampes executés par ordre de
Louis XIV et publiés d’abord separement en differens formats avec
des explications imprimées au commencement du dernier siecle il
n’etoit pas aussi complet qu’il l’a été depuis il paroit meme que ce ne
fut qu’en 1727 qu’on songea a les reunir en un seul corps d’ouvrage
a cette epoque on commenca a faire tirer toutes les planches sur du
papier grand aigle afin que tous les volumes a l’exception de celui des
batailles d’Alexandre se trouvassent de la meme grandeur. Cependant
comme les explications imprimées sur plus petit papier ne pouvoient
cadrer avec les gravures on les supprima et pour les remplacer on fit
imprimer un catalogue indiquant les planches contenues dans chaque
volume en 1743. Ce catalogue petit in folio fut reimprimé avec quelques
changemens ». Cette note est très certainement de la main de van
Vaernewyck (voir Provenance ci-dessus).
Récit de la spectaculaire fête qui se déroula durant sept jours, du
7 au 13 mai 1664, dans les nouveaux jardins de Versailles, offrant
comédies, ballets, festins, feux d’artifice, courses et autres divertisse-
ments. Officiellement en l’honneur des reines Marie-Thérèse et Anne
d’Autriche, officieusement pour la duchesse de La Vallière, sur le thème
du Roland furieux, elle fut placée par Louis XIV sous la direction du
duc de Saint-Aignan. Les meilleurs artisans de Versailles, architectes,
jardiniers, musiciens, graveurs y contribuèrent par leur talent et par
leur imagination.
Molière fut chargé du théâtre. Il y joua pour la première fois le 8 mai, lors
de la deuxième journée, sa nouvelle comédie,
La Princesse d’Elide
, dont
il tint avec Mlle Molière et Mlle Béjart le premier rôle masculin (Moron)
comme l’atteste la liste des acteurs, sur la musique de Lully. Le 12 mai,
il donne pour la première fois les trois premiers actes du
Tartuffe
: « une
comédie [...] que le sieur de Molliére avoit faite, contre les Hypocrites »
(p. 90, avec la réaction du roi). Le texte de cette représentation nous
reste inconnu, vraisemblablement plus ironique encore que celui pour
lequel il reçoit enfin la permission royale cinq ans plus tard. Lully fut
chargé de la musique, Carlo Vigarani des décors.
En tête de recueil sont montées 9 grandes planches doubles dessinées
et gravées par Israël Silvestre (1621-1691). La 7
e
montre l’installation
en plein air de la scène de Molière, l’orchestre, et les spectateurs dont
Louis XIV au centre du premier rang. Les gravures furent publiées pour
la première fois chez Ballard en 1664.
Un premier récit fut publié sous le titre
Les Plaisirs de l’isle enchantée,
course de bague faite par le Roy, à Versailles, le 6 may 1664
(Paris
R. Ballard, 1664). Le présent manuscrit augmenté des gravures de
Silvestre suit le récit réimprimé à Paris en 1673 par Sébastien Mabre
Cramoisy :
Les Plaisirs de l’isle enchantée... festes galantes... faites
par le Roy à Versailles le VII may M. DC. LXIV...
A Paris : Imprimerie
royale, 1673 [colophon reproduit ici sous forme manuscrite : « A Paris,
de l’imprimerie royale par les soins de Sebastien Marbre Cramoisy
directeur de laditte imprimerie. MDCLXXIV »]. Toutefois, il est à noter
que la marque au titre gravée est différente, ainsi que le bandeau gravé.
On connait deux manuscrits l’un royal (paris, BnF, MS. fr. 7834) et l’autre
pour le duc de Coislin (Paris, BnF, MS. fr. 16635). Sur les illustrations
de ces manuscrits, voir Alfred Marie, « Les fêtes des Plaisirs de l’isle
enchantée, Versailles, 1664 », dans
Bulletin de la société de l’histoire
de l’art français
, 1941-44, Paris, Armand Colin, 1947, p. 118 sqq.
On consultera avec profit l’article de M. Roussillon, « La visibilité du
pouvoir dans les Plaisirs de l’île enchantée (1664) : spectacle, textes
et images », in
Papers on French Seventeenth Century Literature, Les
stratégies de la représentation et les arts du pouvoir
, 41 (80), pp. 103-
117, Gunter Narr Verlag, 2014.
2 500 - 3 500 €
AA
87
Livres & Manuscrits
20 février 2020