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VERLAINE (Paul)

Dans les limbes.

Paris, Léon Vanier, 1894.

In-12, demi-veau rose glacé à coins

à la bradel, dos lisse orné d’une guirlande

florale, d’un vase et d’une lyre, couverture

et dos conservés, tranche de tête dorée

(Reliure E. Carayon).

Edition originale dont a été tirée 20 exem-

plaires sur Japon, celui-ci le n°20 signée

par Léon Vanier.

Rare exemplaire enrichi du manuscrit auto-

graphe signé de la pièce V du recueil, au verso

d’une feuille de soins de l’assistance publique

et de deux portraits gravés de Verlaine, l’un

par Lazard, sur Watman, daté 1888, l’autre

d’après David Estoppey, gravé sur bois par

Maurice B[aud], tiré sur papier de Chine.

Alors qu’il était à l’hôpital Broussais, Ver-

laine eut l’idée d’un nouveau recueil poétique

amoureux mais cette fois très chaste : Dans

les limbes dont il précisait « Les limbes, c’est

l’hôpital avec une visiteuse. ». La visiteuse en

question était Philomène Boudin, dite Esther,

une prostituée de 33 ans que Verlaine avait

rencontré en 1890, pour qui le poète conçut sa

dernière passion. Cet amour fait de ruptures et

de réconciliations fut humilié, jaloux, orageux

mais sincère. Le poème autographe joint à

cet exemplaire offre un tableau saisissant de

ce que fut leur relation : « Tu m’as donné, non

point à tort, Mais certes avec juste raison, Ce

surnom d’Infernal, c’est fort Bien : n’as-tu pas

toujours raison ? En effet, malgré la sincère,

Plus pur sincère, entière amour, Que je te voue

et tout entière, Sincère que soit cette amour,

Mon caractère diabolique Parfois ne sait pas

abaisser Un orgueil vraiment babélique Qui,

lui, ne veut pas s’abaisser. Ah ! courbe-le, mon

caractère, Piétine-le donc sous le tien : Mon

cœur, t’est là pour partenaire. Mon âme est

là pour ton soutien. Mon cœur qui t’a donné

ma vie, Mon âme dont tu tiens les sceaux !

Pardon pour mes péchés d’envie, De colère, et

tous crimes sots. D’ailleurs je les expie assez

Toutes ces mes infractions Loin de toi, sauf

en laps pressés, Par de telles privations ! ».

Très bel exemplaire sur japon, superbement

relié par Emile Carayon (1843-1909). Ce grand

relieur au travail impeccable était surtout

réputé pour son emploi des matières écono-

miques comme la percaline. Il livre ici une très

fine reliure en veau glacé d’une délicatesse

exquise.

Provenance

Ex-libris Pierre Duché; ex-libris EAP.

4 000 - 5 000 €

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Livres & Manuscrits

20 février 2020