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PAISIELLO Giovanni (1740-1816).

L.A.S., Napoli 30 décembre 1808, à GRÉGOIRE, secrétaire de

la direction de la musique de la Chapelle impériale; 3 pages in-4,

adresse avec marque postale et cachet de cire rouge à son chiffre

(petite déchirure par bris de cachet); en italien.

Rare et longue lettre

, réclamant le paiement de sa pension et se plai-

gnant du retard porté à son versement; il parle également de l’achat d’un

tableau de Rondenoer (?) qu’il prie de lui envoyer par Marseille, etc. Il

remercie PAËR d’avoir bien voulu donner à S.M. l’Empereur la primeur

des

Pittagorici

(dernier opéra de Paisiello, créé au San Carlo de Naples

le 19 mars) et remis la partition à l’Académie des Enfants d’Apollon…

700 - 800 €

TB

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PICABIA FRANCIS (1879-1953).

MANUSCRIT autographe signé,

Anus Ennazus

, 7 août 1946; cahier

petit in-4 (22 x 17,5 cm) de 25 feuillets, sous couverture cartonnée

rouge avec titre autographe.

Première version du poème Ennazus.

Écrit à l’encre noire au recto de

feuillets d’un cahier de papier qua- drillé à petits carreaux, ce manus-

crit est signé et daté en fin: «Francis Picabia/Rubingen 7 août 1946».

Picabia a composé ce recueil de poèmes, longtemps resté inédit,

pendant des vacances en Suisse, à Rubingen, dans la famille de sa

femme Olga; ces textes sont le reflet des relations amoureuses tumul-

tueuses de Picabia avec sa maîtresse Suzanne Romain (Ennazus est

le renversement de Suzanne) [sur cette liaison, voir Carole Boulbès,

Picabia avec Nietzsche. Lettres d’amour à Suzanne Romain (1944-

1948), Les Presses du réel, 2010]. Picabia en a établi un dactylogramme

fautif, intitulé Ennazus, adressé en novembre 1946 à Christine Bou-

meester, et qui fut publié en annexe des Lettres à Christine (Gérard

Lebovici, 1988, p. 201-246), avant d’être recueilli dans les Écrits critiques

(Mémoire du Livre, 2005, p. 625-671). Ce manuscrit en donne une

version antérieure, avec d’importantes variantes. [1] Titre: «FRAN-

CIS PICABIA /-/ANUS/ÉNNAZUS/-/PRÉFACE/DU/POÈTE IGNORÉ/=/

POÈMES».[2-3] Préface, signée en fin: «Le poëte ignoré», dans une

version différente du texte publié: «Francis Picabia est toujours resté

lui- même au milieu des écrivains et des peintres - Tout ce qui touche

à son coeur, à son indépendance se heurte, depuis son enfance avec

les hommes, il est en conflit en lutte avec le monde - Ses adversaires

ne désarment pas; chacun d’eux épiant ses faiblesses. Et pourtant

c’est son chemin depuis des années qui nous conduit à l’affranchis-

sement»... Citons encore la conclusion: «Le problème qui se pose

maintenant est celui-ci: à supposer que Francis Picabia ne causât pas

le moindre préjudice à personne, je devrais néanmoins déployer tout

mon zèle à le combattre./Pourquoi?/Parce que je suis plein d’absurde

moralité, et que je dois m’opposer à tout ce qui peut la blesser».

[4-24] Prose poétique, sans titre, que vient interrompre à sept re-

prises un refrain de cinq vers: «Au fond du jardin une grille ouverte

des traces de papillons sans laisser de traces montent vers le ciel».

Cette prose correspond, avec d’importantes variantes, au poème

Derniers jours et à la première moitié d’Adieu (Écrits critiques, p. 629-

662); le texte sera alors découpé et présenté en vers libres. Citons

le début (avec quelques fautes d’orthographe): «Toi, qui a plongée

tes yeux jusqu’au fond de mon coeur, tu pourras dire comment ton si

grand amour, qui était, notre vérité, t’est devenu inutil. Ce sacrifice de

l’amante lorsqu’elle abandonne père et mère, brave tout et sup- porte

tout, les privations les plus dures pour atteindre son but, te sont deve-

nues étrangères, et cela parce que tous tes efforts ont été uniquement

pour toi. Égoïsme épanoui, borné, tes passions jusqu’au jour où tu m’as

rencontré ont été mesquines, misérables, unilatéral./Celle qui vit pour un

grand amour, pour une mission sublime, ne doit se laisser effleurer par

aucune médiocrité, elle doit se dépouiller de tout intérêt matériel»... Le

texte s’achève ainsi: «À moins qu’on ne puisse se figurer que le sujet de

son amour ne soit qu’un rêve, une illusion. Il nous est permis de juger,

mais il faut juger avec amour, car il fait le fond de nos pensées et de

notre idéal./[Refrain, avec le vers final modifié:] descendent vers le ciel:/

pour voir le cercle magique de celui et de celle qui ont compris qu’il

n’y a jamais ni commencement ni fin». Suivent la signature et la date.

[25] Deux aphorismes terminent le cahier. «Je suis un mauvais gar-

nement comme la règle et la loi de toute doctrine chrétienne, dans

l’histoire du monde. C’est moi qui incarne maintenant la divinité de

l’homme sans salu./-/ Le meilleur chanteur du monde n’a pas de bouche:

c’est ce que j’ai de plus moderne à vous présenter».

Provenance

Francis Picabia. Une collection (Ader, 13 décembre 2012, n° 65).

10 000 - 12 000 €

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