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BILLAUD-VARENNE Jacques-Nicolas
(1756-1819) conventionnel, membre
du Comité de Salut public, condamné
en 1795 à la déportation.
ENSEMBLE de plus de 30 documents
autographes, signés ou à lui adressés,
La Rochelle, Cayenne, Haïti 1795-1819.
Intéressant ensemble sur la vie en déporta-
tion et en exil de Billaud-Varenne à Cayenne
puis en Haïti
.
Arrêté le 2 avril 1795, Billaud-Varenne est
déporté à Cayenne et passe quatre ans dans
le terrible camp de Sinnamary. Il refuse la
grâce de Bonaparte après le 18 Brumaire,
mais, libre, retourne à Cayenne et s’installe
dans la ferme de l’émigrée d’Orvilliers, qu’il
doit quitter en 1802 pour l’Hermitage, où il vit
modestement de ses cultures, secondé par
son ancienne esclave guadeloupéenne qu’il
appelle Virginie. Sa femme Angélique a obtenu
le divorce pour cause d’absence du conjoint.
En 1816, après le retour des Bourbons, Billaud
doit quitter la Guyane et s’installe à Port-au-
Prince (Haïti), où il bénéficie d’une petite
pension que lui verse le président Alexandre
Pétion. Il meurt, oublié de tous, en juin 1819.
Outre le legs de ses biens français (dont
le manuscrit de ses mémoires) à son frère
Benjamin, il légua à sa très fidèle compagne
d’exil Virginie, « négresse libre », tout ce
qu’il possédait en Haïti, « pour m’acquitter
envers elle des immenses services qu’elle m’a
rendus depuis plus de dix-huit ans [...] et de
son inviolable attachement, en consentant à
me suivre, quelque part que j’aille ». C’est de
Virginie que provient ce précieux ensemble
de documents. En voici un rapide aperçu.
* Cocarde tricolore de Billaud-Varenne
(Ø 6,5 cm).
* Notes manuscrites sur la presse anglaise
et américaine, 1795 (plus de 30 p. formats
divers, en cahiers ou ff. volants) : tendances
politiques, interventions à la Convention,
mouvements d’ambassadeurs, violences des
chouans, illusions des émigrés, plan d’une
nouvelle constitution, combats…
* 5 l.a.s. de son père, Nicolas-Simon Billaud (et
post-scriptum de sa mère ou son frère cadet
Benjamin), à lui adressées à Cayenne, de
La Rochelle 1797-1802 (11 p. in-4, la plupart
avec adresse). Le père eût voulu lui expédier
une malle et d’autres effets envoyés par sa
belle-fille et rapportés par un capitaine de
navire insurgent, Cayenne se trouvant bloqué
par les Anglais; « la seule satisfaction que
nous puissions avoir c’est celle d’une paix
generale »… La mère ajoute : « Je dezire ainsi
que ton perre de tambrace avan de mourir »
(29 fructidor V/15 sept. 1797)… L’espoir de
nouvelles de son fils que lui avait donné « le
citoyen Huge [Hugue] commissaire du gou-
vernement envoyé en cette colonnie » étant
vain, il a chargé leur parent, « le petit Rogé
Andenas », qui part sur une frégate, d’en
ramener (30 brumaire IX/21 nov. 1800)…
Il voudrait des procurations. « Je ne dissi-
muleray pas que le parti que vous avez pris
de resider à Cayenne ma affecté infiniment
d’autant qua mon age je nay plus despoir
de vous revoir » (3 frimaire X/24 nov. 1801).
Il l’entretient d’une relation à Cayenne, de
M. Carré de Candé, et donne des nouvelles
de son fils Henri, juge de paix à Plaisance
(Haïti), et malade : « vu mon age je suis privé
de lespoir de vous voir » (20 prairial X/9 juin
1802)… Mère et frère l’exhortent à revenir :
« Abandonnez cette vilaine zone torride qui
vous dévore » (22 prairial X/11 juin 1802)…
* L.a.s. de son frère Benjamin Billaud, à lui
adressée, La Rochelle 30 brumaire X (21
novembre 1801) (3 p. in-4). Il s’afflige de
sa décision de « couler vos jours dans des
déserts et parmi des barbares », et convaincu
du désir de réconciliation d’Angélique, se dit
« navré des injustes soupçons que de faux
rapports et des calomnies ont fait naître dans
votre esprit »…
* 2 L.A. (minutes), de Billaud-Varenne à son
père, et 2 à M. Richard, 1806 et s.d. (5 p. in-
4, mauvais état, fentes et trous par corrosion
d’encre, et 1 p. obl. in-8). Correspondance
avec M. Richard au sujet de la succession
maternelle (plus l’extrait d’une l. à Richard
de M
e
Macaye, à La Rochelle). À son père
il déplore d’être privé de ses lettres depuis
plus de quatre ans, et évoque la naissance
de l’enfant de Benjamin : « Songez que c’est
le seul de toute votre famille qui en perpétue
la race du moins sans mélange »… Lui-même
regrette de s’être marié…
* P.S. et P.A. (minute), Cayenne 8 mars 1807
et s.d. Promesse de régler 4000 francs dans
deux ans « pour la demi du cout de six es-
claves qui m’ont été adjugés à l’encan de la
cargaison de la goelette la Sagesse Capitaine
Fonteneau venant du Sénégal ». Brouillon de
reçu de la somme de 17 000 francs, « prix de
huit esclaves » vendus à Mme veuve Tretter.
* 11 lettres ou pièces à lui adressées, Cayenne
1812-1813, par le
desambargador
intendant
général Marie, Manuel Marques, Michaud,
etc., concernant notamment des esclaves :
un arrivage de Namibie qui devrait satisfaire
Billaud-Varenne, des forces pour procéder
à l’arrestation de nègres et de déserteurs,
la vente d’un nègre de Billaud-Varenne, un
échange de nègres qui n’a pas donné satis-
faction à Billaud-Varenne, des conditions de
vente, un reçu…
* 7 L.A. ou P.A., Port-au-Prince 1818 et s.d.
Modèle de quittance et lettres à M. Roquet,
capitaine, relatives à la succession de ses
parents. Brouillon de contrat de vente de son
domaine de l’Hermitage. Projet d’adresse
au nom de la Chambre des communes aux
républicains d’Haïti, après la mort du pré-
sident Pétion.
* Reçu à Mme Brousse, signé par Berdery,
pour « douze gourdes de M
lle
Virginie pour
solde de loyer d’une chambre qu’elle occupait
chez moi », Port-au-Prince 1
er
juillet 1819.
* 6 planches d’assignats (et 2 assignats); 3
lettres ou reçus concernant des fournitures à
Billaud-Varenne, Port-au-Prince et la Gabrielle
1807-1808.
2 000 - 2 500 €
TB
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