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les collections aristophil
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RENOIR AUGUSTE (1841 - 1919)
L.A.S., Cagnes 25 février 1912, à Jeannie GOBILLARD
[Mme Paul VALÉRY]; 2 pages in-8.
1 300 / 1 500 €
« Les Gangnat qui sont ici m’ont donné de vos nouvelles et je vois
que cette bonne Paule est toujours souffrante. C’est bien désolant, et
surtout long, espérons que la déveine lâchera un peu votre maison ».
Ils ont été « tous grippés et pas en train », ce qui explique le retard
de cette lettre: « j’écris peu mais ne vous oublie pas ni les unes ni les
autres. Faites bien mes amitiés à Julie et à Paule. Je serre la main de
votre mari [Paul VALÉRY]. Nous sommes à l’heure actuelle tous remis
à fond et nous avons un temps du mois d’août, pas assez d’eau, les
petits pois végètent »...
[En 1907, Renoir s’était définitivement installé au domaine des Col-
lettes, à Cagnes-sur-Mer, mais était resté très attaché à ses amies
parisiennes Jeannie et Paule GOBILLARD, les nièces de Berthe
Morisot, et leur cousine Julie MANET, auxquelles il avait donné des
leçons de peinture.]
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RODIN AUGUSTE (1840 - 1917)
AGENDA autographe avec notes et dessins,
Agenda
pour 1904. Au Bon Marché, Paris
; agenda in-16,
10 x 6,5 cm, environ 120 pages écrites ou dessinées
principalement au crayon (le reste vierge),
reliure de cuir brun à décor estampé et titre doré.
10 000 / 15 000 €
Précieux agenda rempli de notations et pensées, et d’une trentaine
de dessins ou croquis
.
Ce sont tantôt des réflexions sur l’art, des notations sur des monu-
ments, des pensées intimes, des choses vues, etc. L’agenda n’a pas
été utilisé comme tel, mais plutôt comme un carnet de poche, en
particulier lors d’un voyage (ou des voyages) à Blois et en Touraine.
Nous ne pouvons en donner ici que quelques extraits.
« Mesure innée d’art dans le modeste modèle pour nous sculpter »
(garde). « Tout le bonheur passé me revient face Église Clamart »
(3 janvier). « Trois allées de tilleuils, c’est absolument les nefs de
cathédrales gothiques ». « Je ne vais ni en Italie mais dans le ciel
paysage céleste l’amour gagne la terre » (15 janvier). « Les moulures
gothiques sont quelque fois inspirées de la tempête » (18 janvier). « Le
pendentif de ces petites tourelles est un cul de lampe se terminant
par un chapiteau renaissance mais
avec
la courbe qui est restée
dans les pilastres et qui est celle de la fin du ciel » (22 janvier). « Elle
me rappelait ma sœur qui embeaume ma pensée ma mémoire. Ah
chère jeunesse » (29 janvier). « Le plan incliné permet de voir les
moulures de ¾ ce qui les rend plus douces et accentue le trait de
force » (8 février). « Vous êtes du pays de Loire où l’amour fin est
conservé et donnez votre suffrage comme autrefois » (12 février).
« Les nuances de l’amour aux mille couleurs enveloppent le monde
et mon cœur »… (13 février). « Les moulures gothiques sont comme
la mer – les ressauts comme les lignes colorées » (16 février). « Cette
fois je n’ai pas vu des cathéd. mais le ciel même qui verse le bonheur
bleu. Comme des feuilles d’achante les nuages garnissent la droite
quelle transposition d’avoir mis aux astres ce qui est ici » (23 février).
« Journées glorieuses de toute la largeur de la Loire
d’acier
moiré,
les nuages s’élancent par bonds, s’élancent partout légers […] seul le
vent tyranise et tire » (10-11 mars). « Arcs trapus portés par colonnes
trapues entrées souvent basses. Nous entrons dans le vaisseau aux
élégantes colonnes nervées »… (14 mars). « La croix et la bannière les
contreforts sont comme des volées d’encensoirs. […] Est-ce que la belle
France va mourir par les conseillers municipaux » (22-23 mars). « En
montant ces degrés j’entends la cloche comme la voix du passé qui
paraît avoir tort malgré ses touchants regrets » (1
er
avril). « En France
la modestie modèle toutes les femmes en France et leur donne le
charme insurpassable et pénétrant. Ne changez pas leur éducation le
chef d’œuvre serait dorénavant mal éclairé. Il faut l’église et toute cette
architecture, il lui faut la musique, il lui faut l’artiste qui a contemplé
et médité la beauté des Samothraces pour comprendre cette beauté
qui porte le bonheur divin et qui est pour le sculpteur qui l’apperçoit
l’inspiratrice » (13 avril). « Ai-je pris un peu de ce mystère (ombre) pour
mes sculptures sans cela trop banales » (17 juin). « La décoration de
ces églises a été faite par les siècles comme leur musique anonyme
et dont la grandeur peut attendre la mort des modes pour replacer le
goût dans son trône éternel. Les pissotières ne remplaceront jamais
les églises. […] Les sons de l’orgue on dirait ont modelé cette église »
(13-14 décembre). « Est-ce Chambord est-ce la Loire cette église
romane en a la même lumière douce et graduée la lumière est prise
dans un cercle et s’élargit vers la nef, où elle blanchit jusqu’à la porte
ouverte » (16 décembre). Etc.
Dessins
au crayon (2 à la plume): chapiteau gothique, profil de mou-
lure, clef de voûte, porches romans, corniches, moulures, clocher,
porche de Beaugency, gargouilles de Blois, chœur d’église, ange,
base de colonne, etc.
provenance
Bibliothèque du Docteur Lucien-Graux
(VIII, 11-12 décembre 1958,
partie du n° 280).