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MARGUERITE DE NAVARRE
(1492-1549)
L’Heptaméron des Nouvelles de très
illustre et très excellente princesse Mar-
guerite de Valois, Royne de Navarre,
remis en son ordre, confus au paravant
en sa première impression
Paris, Gilles Robinot, 1559.
7 000 / 9 000 €
In-4, 6 ff. n. ch. (titre, dédicace de Gru-
jet à Jeanne de Foix, table des nouvelles,
sonnet de J. Passerat, sonnet de J. Vezon ;
l’errata et le prologue.), 212 ff. ch. et 2 ff.
(privilège et achevé d’imprimer), [collation :
à4 ; è2 ; a-z4 ; A-Z4 ; Aa-Gg4].
Reliure de plein vélin à recouvrement,
gardes renouvelées, double filet doré en
encadrement sur les plats orné d’un semis
de fleurs de lys dorées, dos lisse à cais-
sons dorés orné de fleurs de lys, tranches
dorées et ciselées de motifs floraux, at-
taches (manque une attache, gardes re-
nouvelées ; exemplaire court de marge en
tête ; quelques ff. restaurés sans atteinte au
texte). Dimensions : 217 x 155 mm.
Edition originale très joliment imprimée
et ornée de grandes lettrines historiées.
Très bel exemplaire de l’édition originale de
l’Heptaméron, pendant fran
ç
ais du Déca-
méron de Boccace. Un premier recueil de
contes de Marguerite de Navarre avait paru
en 1558 sous le titre
Histoire des amants
fortunés
. Mais il contenait 67 nouvelles seu-
lement, au lieu de 72, et n’était pas divisé
en journées. Le privilège indique clairement
que cette édition doit encore être considé-
rée comme originale : « Depuis, par même
peine et labeur dudit suppliant [le livre] se-
rait accru et augmenté de plusieurs contes
de même invention de ladite dame, qu’il
voudrait de nouveau imprimer avec ladite
augmentation, et en plus bel ordre et dis-
position que fait et observé n’a été en la
première impression dudit œuvre, intitulé à
présent « Les Nouvelles de la Reine de Na-
varre.
»
C’est donc cette édition qui consti-
tue la vraie originale de l’Heptaméron, telle
qu’elle a toujours été réimprimé depuis. Elle
a été partagée entre trois libraires parisiens :
Robinot, Sertenas et Caveiller.
Surnommée « la dixième des muses »,
Marguerite de Navarre, sœur de
François I
er
et grand-mère du futur Henri IV,
est considérée comme l’une des premières
femmes de lettres fran
ç
aises. Rabelais lui
dédia le Tiers Livre, la qualifiant d’ « esprit
extatique
»
. C’est L’Heptaméron qui lui valut
de passer à la postérité. L’ouvrage doit son
titre au fait qu’il se divise en sept journées.
S’inspirant de la construction du Décamé-
ron de Boccace, Marguerite de Navarre
imagine que dix personnages, cinq
hommes et cinq femmes, sont coupés du
monde dans une abbaye en raison d’un
fort orage. Pour passer le temps, ils se ra-
content des histoires dont le thème prin-
cipal est l’amour. Ces contes mettent en
scène des personnages animés par la lu-
bricité, les hommes se plaignant des tours
que leur jouent les femmes et ces celles-ci
des infidélités de leurs maris. Les histoires
tragiques succèdent aux contes humoris-
tiques, la farce la plus pure (un Gascon ait
fait passer un sabot pour un jambon en
croûte) à l’analyse psychologique la plus
fine. Les récits de meurtres ou de suicide
y côtoient les histoires d’adultère. L’en-
semble forme un ensemble extrêmement
varié, qui constitue l’une des sources les
plus fécondes de contes de la littérature
fran
ç
aise. Le caractère très leste de cer-
taines nouvelles a fait parfois douter que
la reine de Navarre en soit l’auteur et cer-
tains historiens de la littérature ont avancé
que Bonaventure des Périers y aurait mis
la main. Pourtant, derrière la grivoiserie, on
décèle la sensibilité néo-platonicienne et
évangéliste qui caractérisait la reine de Na-
varre, ainsi qu’un grand souci de défendre
les femmes.
références :
Tchermezine IV-377. – Brunet III, 1416.
Catalogue
En Fran
ç
ais dans le texte
, n
°
56.
167
origine(s)




